14/06/2016 – 07H30 Saint-Brieuc (Breizh-info.com) – Le gouvernement étend les interdictions de manifester dans l’espoir d’étouffer le mouvement contre la loi Travail. Malgré le début de l’Euro 2016, celui-ci se maintient en effet, causant d’importantes perturbations dans les transports, mais aussi dans les zones industrielles régulièrement bloquées par des manifestants ou encore pour la collecte des ordures à Paris, Marseille et quelques autres villes.
Le Syndicat des travailleurs bretons, ancré à gauche toute et fort d’une centaine de membres entre Rennes et le centre de la Bretagne, fait savoir qu’un de ses membres a écopé d’une interdiction de manifester. Moins de 48 heures avant la manifestation du 14 juin prévue à Paris – et qui se décline en province par une série d’autres manifestations et rassemblements – les gendarmes se sont présentés à son domicile dans les Côtes d’Armor avec une interdiction de manifester à Rennes et Paris. La notification précise en outre qu’un recours n’est pas suspensif.
Le SLB s’indigne : « Non content de faire reculer la condition salariale aux standards du XIXème siècle, le gouvernement anti-populaire de Manuel Valls se distingue une fois de plus par une marche en avant vers un régime autoritaire. Depuis début mars, des milliers de personnes ont subi des violences policières, nous dénombrons plus de mille blessé.es sur tout le territoire, des centaines de manifestant.es ont été arrêté.es, des dizaines croupissent en prison ». Un rassemblement de soutien est prévu le 15 juin à 18 h 30 devant la sous-préfecture de Guingamp pour protester contre cette décision. De son côté, la Préfecture des Côtes d’Armor se retranche derrière le caractère personnel de la décision qui a été prise, tout en précisant que « cette décision est motivée, et les motivations sont sur la notification ». Par ailleurs quinze personnes résidant en Ille-et-Vilaine ont été interdites de manifester à Rennes et Paris ce 14 juin.
Sur l’ensemble du territoire français, il y avait mi mai 2016 près de 53 interdictions de manifester, dont 41 à Paris, 8 en Loire-Atlantique, 1 en Ille-et-Vilaine et 3 en Haute-Garonne. Leur nombre n’a cessé d’augmenter depuis, pour atteindre 30 interdictions de manifester dans la seule ville de Nantes et ses alentours le 9 juin dernier. Certaines interdictions de manifester ont été délivrées à des heures assez étonnantes, notamment une en pleine nuit avec un dispositif impressionnant pour interdire à un jeune homme de manifester à Paris, après qu’il ait été mis en cause pour avoir renvoyé une grenade lacrymogène à un CRS.
Cependant, la justice a entravé le libre recours à ces mesures, prévues par l’état d’urgence. A Paris, neuf arrêtés sur dix ont été levés par la justice administrative mi-mai. Une autre interdiction de manifester, visant un journaliste photographe indépendant, a aussi été annulée par la justice ; la préfecture avait précisé qu’elle ignorait sa profession quand elle a rédigé son arrêté. Reste à savoir si la préfecture des Côtes d’Armor ignorait elle aussi qu’elle interdisait de manifestation un syndicaliste, ce qui n’est pas anodin non plus.
Cependant, pendant que les interdictions se multiplient, le mouvement se poursuit. Ce matin encore, le trafic ferroviaire était perturbé pour cause de grève, avec 7 TER sur 10 et 6 Intercité sur 10 ; en Loire-Atlantique environ 8 trains sur 10 circulent, avec un trafic normal entre Nantes et Redon ; en Bretagne administrative le service est presque normal, sauf sur les ligne Caen – Rennes, Saint-Brieuc – Rennes (3 TER supprimés), Rennes – Châteaubriant ou encore Plouaret – Lannion. Par ailleurs, depuis ce matin à Nantes les accès de la zone industrielle aéroportuaire (D2A) sont bloqués par des militants CGT Transport, mais aussi de la CGT AGO (aéroports du Grand Ouest, Vinci) et des unions locales CGT de Carquefou et de Rezé. Une grande manifestation est prévue le 14 juin à Paris ; des militants syndicaux rallient aujourd’hui et demain Paris par cars entiers. Le 14 juin toujours sont prévus un rassemblement à 11 h place de la Liberté à Brest – après des barrages filtrants simultanés sur trois ponts différents de la ville dès 6h 30, un autre à 11 h 30 place de Gaulle à Rennes, et à Nantes à 19 h place du Bouffay.
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