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Roumanie, la mémoire européenne. Un randonneur raconte

Mathieu Bouchard s’est lancé il y a quelques semaines dans une longue randonnée en Roumanie, afin de découvrir un pays souvent méconnu en France, et ne souffrant parfois pas d’une bonne publicité malgré la richesse géographique, historique et humaine dont ce pays regorge.

Il nous raconte son périple, photos à l’appui (ci-dessous) :

En me rendant en Roumanie en ce mois de septembre, je n’imaginais pas partir à la rencontre d’un peuple aussi fier et enraciné.
Arrivé dans ce pays par avion, j’atterris à Cluj-Napoca au milieu de la nuit. Je prends un taxi qui me mène à l’endroit où je dois passer le reste de la nuit. Il me dépose et je remonte une petite rue piétonne, je passe alors devant un petit troquet. Je décide de m’arrêter boire une bière. Il est deux heures du matin, je pousse la porte du bistrot, en fait, il s’agit d’un garage avec un vieux comptoir en bois et une vieille sono qui crache une musique électronique trop forte.

Derrière le comptoir, une jeune femme me demande ce que je veux boire. En guise de piliers de bar, deux jeunes hommes visiblement éméchés engagent la conversation. Malgré la barrière de la langue, nous réussissons à nous comprendre. Alors que je sirote ma bière, l’un des deux gaillards sort de sa poche une bouteille en plastique et me dit dans un anglais approximatif : «Goutes, alcool local traditionnel.». Je prends la bouteille et goûte son breuvage. Il s’agit d’une țuică, eau de vie de prune, qui doit avoisiner les 70°. Je les remercie, finis ma bière et vais me coucher.

Après cet interlude urbain, dès le lendemain, je ne serai que dans des endroits très ruraux.
Le long de la route qui me mène dans les Monts Apuseni, je me rends compte de la fierté d’appartenance du peuple roumain à son pays. Des drapeaux roumains flottent dans le moindre petit village, sur les maisons, les devantures des petites boutiques, les pylônes électriques.
Quelques heures de route plus tard, j’arrive à Albac dans la vallée de l’Aries. C’est jour de fête dans le petit bourg, je m’approche de la foule et entre dans la salle des fêtes du village.

Je découvre alors un buffet de nourriture impressionnant où tout le monde peut se servir gratuitement. J’apprécie les spécialités locales, le tout arrosé de bière, elle aussi gratuite. Un groupe de musique traditionnelle accompagne ce repas salvateur.
La nuit tombe dans cette chaude ambiance. La musique traditionnelle résonne dans le village et tout le monde danse. Les enfants, les parents, les grands-parents s’amusent ensemble. Beaucoup sont habillés en costume traditionnel et sur le coup des vingt-trois heures, un énorme feu est allumé sur la place du village. Les flammes de quinze mètres de haut nous réchauffent. Je salue quelques personnes et vais me coucher.

Le lendemain, je pars pour quatre jours de randonnée sur les Monts Apuseni. Des alpages peuplés de chevaux et de vaches, des forêts peuplées de loups et d’ours et des hameaux où les Hommes vivent en autarcie. Ils se déplacent à cheval, coupent le foin à la faux avant de le faire sécher autour d’un grand mât en sapin, élèvent leurs bêtes, cultivent leurs légumes et leurs fruits.

Le seul bémol à ces endroits idylliques est la propreté, des détritus partout sur les chemins. Ce qui m’amène à dire que l’écologie est une préoccupation de pays riches.

Au détour d’un chemin, je rencontre un ancien qui m’invite à visiter la petite église orthodoxe de son hameau. Elle est richement décorée et semble beaucoup trop belle pour ce tout petit village perdu. Le vieux, après la visite, me propose à la vente ses confitures de myrtilles. Je cède et repars avec mon pot de confiture et une franche poignée de main.
Ces quatre jours de randonnée, dans ce pays qui a su garder ses traditions, ont été très dépaysants.

Après les Monts Apuseni, je prends la direction des Maramures et du parc national des Monts Rodnei. La région des Maramures est, elle aussi, très belle et très rurale. Dans chaque village, des églises orthodoxes en bois aux clochers surdimensionnés.
Quand au parc national des Monts Rodnei, il s’agit d’une chaîne de montagnes qui fait partie des Carpates orientales. Son point culminant est le Pietrosul Rodnei qui culmine à 2303 mètres d’altitude. Je profite de ce beau terrain de jeu pour faire une randonnée qui me mènera pratiquement à deux milles mètres d’altitude.

Après dix jours passés dans ce fabuleux pays, il est temps de rentrer en France. La Roumanie est entrain de prendre son envol mais comme un arbre, pour pousser correctement, il a besoin de racines solides. Et ça, contrairement à la France, la Roumanie ne l’a pas oublié.

Mathieu Bouchard

Photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Roumanie, la mémoire européenne. Un randonneur raconte”

  1. Claude Karnoouh dit :

    C’est très joli pour touristes analphabète ce qu’il raconte sans je pense parler la langue… Le pays est en ruine, les paysage ruraux comme au Maramures on été ravagé par le béton et l’anarchie architecturale des paysans partis en Occidenet et revenu avec de l’argent, des parc nationaux voient le splendides forêts taillées en pièce, des rivière de montagne sont asséchées par des conduites forcées qui alimente de micro centrale électrique pour revendre le produit à Veolia ou Enel, des communes accueillent les ordures hospitalières des hôpitaux allemands et Hollandais. Le patrimoine urbain est souvent en ruine, le Sud du pays est une décharge généralisée… etc…
    Faites appel à des bons et honnêtes spéciaalistes pour parler de pays qu’ils connaissent depuis des années….

    • Laurent Lesage dit :

      Din pacate Domnul Karnooh…aveti dreptate…Ar mai fi de comentat.

    • pa tex dit :

      C’est formidable d’afficher autant d ‘assurance sur sa propre connaissance de la Roumanie ! Ce pays , que je connais un peu aussi , mérite autre chose que la caricature que vous en faîtes monsieur le spécialiste .

  2. Ludovic Lagrogne dit :

    Cela me rappelle la campagne française au temps de mon grand-père. Peu de mécanisation, le dur labeur physique, mais une tranquillité favorisant la réflexion, une facilité des contacts humains, d’ échanges, qui ont disparus de nos jours. La fête au bourg d’ Albac me rappelle les fêtes locales, appelées les “frairies” en Poitou-Charentes dans les années 50, même simplicité et chaleur humaine.
    Tant mieux si la musique traditionnelle parvient à raisonner à albac alors qu’ elle ne faisait résonner dans nos rues ;), votre récit invite au voyage tant il réveille de nostalgie.

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