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Sortie du nucléaire. Plusieurs points de vue écologistes.

06/12/2016 –05H00 Rennes (Breizh-info.com) – Alors que la sortie du nucléaire commence à se dessiner dans l’esprit de plus en plus d’Européennes et d’Européens, plusieurs points de vue se sont exprimés, apportant de la complexité au problème. Ainsi, quelques jours après le referendum Suisse décidant d’une sortie du nucléaire progressive plutôt qu’anticipée, le journaliste et politique Nicolas Hulot table sur une sortie par l’énergie Solaire : les arguments sont connus, c’est une énergie quotidienne, éternelle, avec un rendement correct, disponible partout.

Mais surtout « on voit bien aujourd’hui que la solution (…), ce sont les énergies renouvelables et notamment le solaire dont le coût a été divisé par quatre en 10 ans. C’est cela l’avenir et les Chinois l’ont compris (…), qui font le pari de développer massivement l’énergie solaire » a affirmé sur RTL l’ex-présentateur de “Ushuaïa”.

Sur un plan comptable, les coûts de l’énergie solaire ont effectivement connu une chute rapide et continue. C’est évidemment le cas pour le prix des panneaux photovoltaïques, avec une baisse de -70 % de 2010 à 2015. L’Agence Internationale très conservatrice pourtant de l’Energie (AIE) compte sur une nouvelle diminution du prix de 25 % d’ici à 2021.

La Chine parie elle sur cette énergie. Elle prévoit dans son plan quinquennal d’ajouter de 150 à 200 GW de capacité solaire aux 43,5 GW installées fin d’année 2015. En France, les appels d’offres public en cours pour la construction de centrales photovoltaïques doublent de 400 à 800 mégawatts (MW). Une bonne surprise due au prix auquel les professionnels proposent de vendre leur électricité. L’électricité photovoltaïque n’a jamais été à un coût aussi bas : pour les grandes centrales au sol, il s’élève en moyenne à 87 euros le mégawatt heure, un prix calqué sur celui de l’éolien terrestre. « Et de nombreux projets proposent un tarif plus proche de 70 euros “, répond Arnaud Mine, président de la branche solaire du SER, interrogé sur le site de Les Echos.

Il existe un paramètre autre que le prix qui peut contraindre le développement de l’énergie solaire : l’espace. Dans une France rurale, peu encline à transférer des surfaces agricoles vers des productions énergétiques, le remplacement des centrales nucléaires par des fermes solaires ou éoliennes supposerait de couvrir des surfaces gigantesques pour atteindre la production nucléaire par le seul photovoltaïque. La société française n’est visiblement pas prête. Il reste cependant la possibilité d’une production éclatée en des milliers de petites centrales urbaines ou périurbaines. Cette solution reste dépendante des volontés politiques à l’échelle de milliers de mairies françaises. Ce n’est pas gagné.

Autre énergie : le bois. Jusqu’à 65% de la production européenne des énergies renouvelables provient aujourd’hui de la bioénergie, c’est-à-dire des combustibles comme les granulés, les copeaux de bois et le bois en vrac ou bûches. Dans son livre noir sur la bioénergie , l’organisation BirdLife, que représente en France la Ligue de Protection des Oiseaux, montre du doigt l’impact de la politique européenne sur l’état des forêts et de la faune forestière. De nombreux écarts sont décrits en Slovaquie, Allemagne, Italie, France et Pologne. Pourtant le bois destiné à l’énergie doit être cultivé durablement. Or il existe bien des abus, et de véritables forêts protégées sont dans le viseur de plusieurs acteurs économiques dans plusieurs pays Européens. De quoi s’inquiéter comme le prouvent les différents travaux de BirdLife : http://www.birdlife.org/campaign/burning-issue-when-bioenergy-goes-bad .

Aujourd’hui, on le voit, sortir de l’électricité nucléaire en prenant la voie du tout renouvelable est tentant. Cependant, la gestion des espaces destinés à l’énergétique nécessitera à l’échelle de l’Europe une politique des espaces et des paysages qui est encore immature.

Maelys Lecor

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Sortie du nucléaire. Plusieurs points de vue écologistes.”

  1. d'André dit :

    L’autre grand inconvénient de l’énergie solaire est que cela ne fonctionne pas la nuit et que même le jour son rendement est considérablement affaibli par temps couvert. Donc, comme pour le nucléaire, le solaire doit être couplé avec de l’énergie thermique, et une énergie thermique qui ne sera plus utilisée seulement pour absorber les pics de consommation, mais en plus pour compenser les creux de production. Bref, bien loin de diminuer, le recours à l’énergie thermique va augmenter dans des proportions considérable !

  2. YannBreizh dit :

    Panneaux voltaïques dites-vous ? et quand dans 20 ANS il faudra les enlever??? pleins de métaux lourds, avez vous pensé au coût, et où les mettre non évidemment… En revanche une grande usine MAREE MOTRICE dans la baie du Mont St Michel de st Malo à Granville, il y en aurait pour des centaines d ‘années et elle produirait 40 TERA WATTS le 1/10 ème de la production française 2013, évidemment pendant les gros travaux ( qui donneraient de nombreux emplois), il y aurait 3 bigorneaux et 4 hippocampes qui disparaîtraient… ( ceci est le projet de Cacquot ingénieur polytechnicien auteur du barrage de la Rance )

  3. Bobby dit :

    Pour le solaire, vous occultez complètement la dimension “déchet”; Un panneau solaire a une durée de vie très limitée, et il faut le recycler. A l’instar des bio-carburants, c’est renouvelables, mais pas nécessairement propre.
    Quant à la question de l’occupation du terrain, il est plus pertinent (surtout du point de vue breton), de se questionner sur l’apport des EMR.

  4. Paul Scout dit :

    Pour récupérer le carbone de fabrication des panneaux solaires il faut 30 ans et 20 ans pour celui des éoliennes (Étude de J.M Jancovici). Autrement dit, au cours de leur durée de vie, ces “engins” n’auront pas pu rendre à Mère Nature l’économie carbone qu’ils sont censés restituer. Et on ne compte pas la déstructuration en fin de vie et on fait l’impasse sur le fait que ces “engins” doivent être couplés au thermique à cause de l’intermittence, d’où cogénération de Co2. C’est une grosse arnaque intellectuelle et… financière. Des chiffres : 7000 éoliennes pour 3,9% d’électricité avec un taux de charge de 20%. Quant aux cellules au silicium c’est 1,4% de la production et un taux de charge de 13%. Pour le prix, actuellement le solaire est à 360 € le MW/h en moyenne contre 17€ pour l’hydraulique et 45 € MW/h pour le nucléaire. Si encore les Français n’étaient pas escroqués par ces multinationales qui s’empiffrent avec notre pognon, la bénédiction de l’état et des ripoux de Bruxelles !
    Conclusion : il n’y a rien de vert là-dedans et ça crache même noir. C’est un enfumage de première. Les politiques et industriels ont compris comment manipuler les masses car “lorsque le mensonge et la crédulité s’accouplent, ils engendrent l’Opinion”. On n’est pas sortis de la M.. avec ces bandes d’escrocs et la béatitude de milliers de naïfs qui vont encore voter “vert” à 50-60 ans parce qu’ils croient toujours au Père Noël.

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