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Vers une nouvelle guerre de Sécession aux États-Unis ? [Tribune libre]

Les bobos new-yorkais ou californiens défendront-ils le droit d’employer clandestinement une femme de ménage mexicaine avec l’énergie que mirent les fermiers du Sud à défendre l’esclavage voici un siècle et demi ?

Aux États-Unis, l’élection d’un président républicain mal aimé suscite des manifestations hostiles. Le peuple s’agite : « Il n’est pas mon président », proclament les mécontents. Physiquement, déjà, l’homme est contesté pour son aspect physique un peu étrange, largement caricaturé. Ses idées bouleversent de vieilles habitudes de la politique américaine. Son électorat est mal réparti. Certains États lui ont fait un triomphe. D’autres l’ont massivement rejeté. Les États-Unis s’enfoncent dans une crise politique et morale qui finira très mal. Nous sommes en… 1860.

La comparaison entre Abraham Lincoln et Donald Trump est tentante. Les deux présidents républicains ont ont prêté serment sur le même exemplaire de la Bible. Tous deux mettent en avant une politique visant à priver leur pays d’une main-d’œuvre docile et peu coûteuse, les esclaves noirs pour l’un, les latinos illégaux pour l’autre. Ils ont tous deux insisté dans leur discours inaugural sur le dialogue et la compréhension entre Américains.

En paroles, cependant, Donald Trump s’est montré plus radical que son prédécesseur. « Aujourd’hui, nous ne transférons pas seulement le pouvoir d’un gouvernement à un autre, ou d’un parti à un autre », a-t-il déclaré. « Nous transférons le pouvoir de Washington D.C. pour vous le rendre, à vous, le Peuple américain » Lincoln s’était affiché beaucoup plus conservateur. « Je n’ai aucune intention, directement ou indirectement, de m’en prendre à l’institution de l’esclavage dans les États où elle existe », avait-il assuré. « Je considère que ne n’en ai aucunement le droit et je n’ai aucune envie de le faire. »

Malgré cette modération affichée, l’élection d’Abraham Lincoln a été suivie d’un « Americanexit » : sept États du Sud décidèrent de quitter les États-Unis pour former une Confédération. Le rétablissement forcé de l’Union au terme de la Guerre de Sécession tua plus d’Américains (entre 600.000 et 750.000) que les deux guerres mondiales réunies.

La « sécession morale » des Américains qui défilent aujourd’hui en clamant « Not my President » pourrait-elle avoir des conséquences aussi tragiques ? Les bobos new-yorkais ou californiens défendront-ils le droit d’employer clandestinement une femme de ménage mexicaine avec l’énergie que mirent les fermiers du Sud à défendre l’esclavage voici un siècle et demi ? L’Amérique d’aujourd’hui n’est plus celle de l’époque. Cependant, dans un pays où les armes sont plus nombreuses que les habitants, un dérapage est vite arrivé.

Erwan Floc’h

Photo d’Abraham Lincoln par Henry F. Warren, domaine public, Wikimedia Commons
Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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7 réponses à “Vers une nouvelle guerre de Sécession aux États-Unis ? [Tribune libre]”

  1. Tite dit :

    Erwan Floc’h, j’ai du mal à vous suivre. Vous sous-entendez que Lincoln était prêt à se passer de la main d’œuvre pas chère qu’étaient les esclaves du Sud. Puis, vous dites que les bobos actuels sont près de se battre pour garder les latinos dans des conditions similaires…

    Breizh Info ne nous avait pas habitués à de telles incohérences et erreurs historiques.

    Tout d’abord, sachez que les états du Sud ont voulu faire sécession parce que les états du Nord voulaient faire main basse sur leurs richesses et leur indépendance. Ensuite, Lincoln se fichait pas mal du sort des esclaves noirs. C’est parce qu’il était entrain de perdre cette guerre et parce qu’il n’avait plus d’argent pour la continuer qu’il a trouvé ce prétexte, est allé en Angleterre pleurer à la Chambre majoritairement abolitionniste pour avoir des financements… qui lui permirent de gagner.

    Enfin, sachez que les esclaves affranchis ou en fuite qui ont rejoint le Nord se sont retrouvés dans les usines de filature dans une situation pire que dans les plantations, parqués comme des bêtes sans nourriture ni chauffage (beaucoup sont morts de froid, de l’influenza, de faim, principalement les enfants), et pour les jeunes hommes, mis en première ligne sur le front pour servir de rempart et de chair à canon.

    La majorité de ceux qui ont survécu sont retournés dans le Sud, dans les plantations où ils étaient nés et s’y sont réinstallés. Certains de ceux qui y étaient restés, se sont battus aux côtés de leurs maîtres et certains ont donné leur vie pour les protéger. Il y a là similarité avec la France révolutionnaire.

    “La case de l’oncle Tom”, ne reflète pas la réalité historique. L’Histoire est plus complexe et n’oubliez pas ceci : l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Il n’y a qu’à voir comment en France, l’école républicaine l’a déformée, tordue à son seul profit, persécutant les historiens et universitaires (tel Reynald Sécher) qui ne suivaient pas la “doxa”. Heureusement, les choses sont entrain de changer. Pour les États-Unis, je ne dis pas que le sort des noirs était idyllique, je dis qu’il faut faire preuve de mesure et de discernement. Et qu’il faut surtout s’informer, lire, analyser et réfléchir avant de publier des tribunes qui seront lues par des personnes qui risquent de les prendre pour argent comptant.

    La situation actuelle n’a de toute façon rien à voir avec celle du XIXè siècle. Et vous oubliez Soros et ses millions distribués aux gauchistes et réfractaires pour déstabiliser le nouveau régime.

    Pour info :

    … John David Smith, enseignant à l’Université de Nord-Caroline et de Charlotte remarque : « Les causes de la guerre civile ne furent pas, comme on le croit maintenant, l’esclavage et le suprématisme blanc, mais le non-respect par l’État fédéral du droit des États fédérés. » Earl Ijames, conservateur du musée de Raleigh, où il est en charge des collections d’histoire locale et afro-américaines, quant à lui, bien qu’il soit Noir, relève qu’il est stupide d’affirmer qu’aucun
    afro-américain ne s’est opposé aux armées de l’Union et il affirme que «du fait d’un rapport particulier entre le sol et ses habitants, le patriotisme sudiste s’était développé y compris chez les esclaves des plantations ». Un autre historien Noir, Roland Young, déclare ne pas être surpris par tout cela. Il explique que « la plupart des Noirs du Sud, sinon tous, ont soutenu leur nation. En faisant cela, ils ont montré qu’il était possible de séparer le refus de l’esclave et l’amour
    de sa patrie. »

    Ed Smith, un universitaire qui a beaucoup travaillé sur le sujet, estime pour sa part qu’il est impossible de juger avec des yeux contemporains de la réalité de la société sudiste dela première moitié du XIXème siècle et de la complexité des liens qui y unissaient les Blancs et les Noirs et qui les rendaient solidaires face
    aux envahisseurs du Nord.

    Cela étant, la négation de la participation de troupes noires aux armées du Sud n’est pas récente. L’historien Ed Bearrs, la date des années 1910. Quant à Erwin Jordan, un autre universitaire spécialisé sur ce sujet, il affirme que la réécriture de l’histoire a commencée dès la défaite des Confédérés et il
    relate « Durant mes recherches, j’ai découvert de nombreux listings de prisonniers Noirs rédigés par des officiers nordistes. On se rend compte que ces afro-américain ont déclaré qu’ils étaient des soldats de la Confédération et que dans un second temps, ces mentions ont été biffées et qu’un scripte les a remplacées par serviteur, domestique, etc. »

    Enréalité, il y eu environ 65.000 noirs qui servirent dans les rangs des Confédérés et 13.000 d’entre eux participèrent à un ou plusieurs combats. Les unités bi-raciales étaient fréquentes et ce n’est qu’à la fin de la guerre que furent organisés des régiments monochromes. L’historien Ervin Jordan remarque d’ailleurs que si le Sud avait gagné la guerre, il aurait alors disposé de la plus importante armée de couleur du monde et que cela aurait sans aucun doute

    totalement changé l’avenir des États-Unis en n’y permettant pas l’apparition de la ségrégation et du racisme contemporain.

    Ce racisme fut d’ailleurstotalement absent des rangs des anciens combattants sudistes, comme en témoignent deux exemples. En 1913, lors de la célébration du 50ème anniversaire de la bataille de Gettysburg, un rassemblement d’anciens combattants de l’Union et de la Confédération fut organisé. Les initiateurs – nordistes – de la cérémonie avaient prévu des tentes pour les soldats noirs de l’Union mais avaient omis d’en dresser pour ceux du Sud. Or de nombreux confédérés de race noire se présentèrent sur les lieux et partagèrent les tentes de leurs frères de combats blancs, alors que les nordistes, de leur côté, pratiquaient dans leur campement la ségrégation raciale… De même, en 1914, quand un monument en l’honneur des soldats sudistes tombés au combat fut élevé dans le cimetière militaire national d’Arlington, son sculpteur prit soin d’y représenter plusieurs soldats noirs confédérés mêlés à leur camarades blancs…

    …Les soldats noirs de la Confédération recevait exactement la même solde que les soldats blancs, soit 11 dollars mensuels. Dans les troupes de l’Union, un soldat afro-américain gagnait 10 dollars par mois, une retenue de 3 dollars était effectuée pour payer son uniforme et son équipement ce qui fait qu’au final il ne touchait de 7 dollars. Les soldats nordistes de souche européenne recevaient quant à eux 13 dollars chaque mois et aucune retenue n’était effectuée sur leur solde.

    De plus, des spécialistes noirs étaient rémunérés à grand frais par l’armée du Sud et ils gagnaient parfois un salaire supérieur à la solde d’un officier sudiste…

    Et ici, d’autres pistes pour comprendre :

    https://www.contrepoints.org/2013/07/23/131816-les-barrieres-douanieres-cause-principale-de-la-guerre-de-secession

    Réinformer sur la Guerre de Sécession – Alain Sanders : https://www.youtube.com/watch?v=oWH3pUvhpj4

    Pardon pour la longueur mais, les mises au point sont parfois nécessaires et salutaires.
    Merci de votre éventuelle bienveillante attention.

    • E.F. dit :

      Merci pour votre mise au point historique détaillée. Bien évidemment, je ne prétendais pas exposer en vingt lignes les causes très complexes de la Guerre de Sécession (que vous avez vous-même tendance à simplifier exagérément, d’ailleurs !). Ma réflexion est purement contemporaine et à lire au second degré. C’est une tribune libre, pas une étude historique.
      Comme vous le dites justement, l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Et ils ont tendance à la simplifier abusivement. J’ai simplement voulu montrer que la caricature qu’on fait de cette période — saint Abraham Lincoln contre les méchants Sudistes — pouvait être décalquée sur les événements d’aujourd’hui. Qui apparaissent alors sous un tout autre jour : ceux qui défilent aujourd’hui contre Trump ont probablement le sentiment d’être les défenseurs de valeurs supérieures, mais ils défendent en réalité des intérêts pas reluisants. Et leur comportement factieux fait courir aux Etats-Unis des risques réels.
      (A propos de l’esclavage, je ne vous suis pas quand vous niez qu’il ait joué un rôle dans la guerre de Sécession. L’interdiction de l’esclavage — en tout cas dans les nouveaux territoires de l’Ouest — avait quand même été un thème majeur de la campagne présidentielle de 1860. Et il n’est guère contestable qu’elle a été l’une des raisons qui ont poussé les Etats sudistes à sortir de l’Union ; pas le Texas, sans doute, mais les autres oui.)

      • Tite dit :

        Merci d’avoir pris le temps de me lire et de me répondre. D’ailleurs, dans votre réponse, vous êtes beaucoup plus clair sur ce que vous avez voulu exprimer dans votre article et je ne suis pas en désaccord avec ceci.

        Je ne nie pas que l’esclavage ait joué un rôle dans la guerre de Sécession. Je dis qu’il a été un faux prétexte et je dénonce que les états du Nord étaient bien plus racistes que ceux du Sud.

        Dans les états du Sud, il y avait des afro-américains qui avaient des esclaves noirs, des “petits blancs” protestants, de même sur de modestes plantations (pas les plus tendres), enfin il faut se rappeler que la majorité des grandes plantations étaient détenues par des descendants de grandes familles françaises, CATHOLIQUES, et que cette religion interdit l’esclavage depuis Saint Paul ! C’est pourquoi, malgré les mensonges, on peut quand même savoir que sur leurs propriétés, il y avait infirmerie, soins, baraquements aménagés et salubres, école pour les enfants… Bien sûr, ils n’étaient pas rémunérés mais nourris, logés, respectés la plupart du temps, ne travaillaient pas le dimanche (jour du Seigneur, messe).
        Sinon, comment expliquer qu’ils aient majoritairement pris fait et cause pour leurs maîtres, leur patrie du Sud qui, encore récemment, avant que Napoléon fasse la bêtise de vendre la Louisiane aux américains pour une bouchée de pain, était le royaume de France aux Amériques******* ?!!
        D’ailleurs, Louis XVI avait fait rappeler fermement à Jefferson, en visite en France, que l’esclavage était interdit sur la terre du royaume de France et qu’il ne le recevrait pas tant que les deux esclaves de sa suite ne seraient pas affranchis, ainsi que correctement vêtus et pourvu de gages…

        En 1858 dans un discours, voici ce que déclare Lincoln :

        « Je dirai donc que je ne suis pas ni n’ai jamais été pour l’égalité politique et sociale des noirs et des blancs (…) il y a une différence physique entre la race blanche et la race noire qui interdira pour toujours aux deux races de vivre ensemble dans des conditions d’égalité sociale et politique(…) ».

        ******** 15 états + 4 (pays des Illinois)… 19 états français en tout et singulièrement, concentrés au centre du territoire, là où Trump a gagné son élection !! Étrange n’est-ce pas ?… L’Histoire éclaire beaucoup de choses et repasse souvent les plats.

        Merci pour cet échange.

    • Abrux dit :

      Alors même là ils ont magouillé l’histoire. Ils continuent au 20ième siècle, en occultant totalement l’apartheid des USA jusqu’en 1968. Il faut relire l’expérience de Jesse Owens lors des JO à Berlin, notamment son accueil dans la ville de Berlin.

      Message très intéressant et finalement logique. Au 19ième de l’autre coté de l’Atlantique, il me fait penser au sort de ceux qui n’avaient pas de capital : métayer, bonne, concierge, gouvernant … en europe et aussi en Bretagne. Finalement ces gens n’avaient d’autre espérance que de rester avec leur patron. Leur condition dépendait du domaine et de la qualité du patron.

  2. Bobby dit :

    Le premier dérapage étant de donner aux 65 millions d’électeurs qui ont voté Clinton le visage du bobo réclamant le droit à exploiter de la main d’oeuvre immigrée (et illégale).
    C’est un peu comme si l’on réduisait les 63 millions d’électeurs de Trump à de simples rednecks consanguins et alcooliques.
    Bien évidemment, ce n’est le cas. Cette tribune libre (et prophétique) n’a donc pas vraiment d’intérêt.

    • E.F. dit :

      Une tribune libre est souvent réductrice ! Celle-ci ne prétendait pas analyser la sociologie de l’électorat américain mais seulement mettre en lumière une agaçante ironie de l’histoire : Trump n’est pas l’Antélincoln (de même qu’il y a un Antéchrist), comme il serait bien-pensant de le dire. Un parallèle est possible entre l’opposition qu’il rencontre aujourd’hui et celle à laquelle Lincoln s’est heurté : derrière les grandes valeurs affichées peuvent se cacher des intérêts parfaitement mesquins. Ou plutôt, ceux qui tirent les ficelles des foules pleines de bons sentiments peuvent être mus par des intérêts personnels.
      Il est clair que cette comparaison iconoclaste peut heurter aussi bien les adversaires de Trump que ceux de Lincoln ! Notez cependant qu’elle ne concernait pas les millions d’électeurs Clinton du mois de novembre mais les centaines de milliers de manifestants hostiles à Trump de ces derniers jours. La proportion de bobos parmi eux à New York, Washington ou Los Angeles était sûrement plus grande que dans l’électorat en général.

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