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Europe. Les nouvelles voies de l’invasion

17/09/2015 – 09H00 Budapest (Breizh- info.com) – Bien que la Hongrie ait achevé sa clôture avec la Serbie, le flot des migrants – dont plusieurs dizaines de milliers se concentrent en Serbie, Macédoine et Grèce – n’a pas fini de déferler sur l’UE. D’autres points d’entrée sont en effet disponibles et vont être utilisés. Le point sur ces nouvelles voies de l’invasion.

Deux informations arrivées ces dernières heures retiennent l’attention. La première, c’est que la Hongrie a décidé de ne pas se limiter à sa clôture sur la frontière serbe et d’en faire une autre à la frontière roumaine (500 km). La frontière serbo-roumaine est en effet une passoire et la Roumanie un pays profondément corrompu, jusqu’aux plus hauts cercles  du pouvoir – ce qui lui vaut de rester  hors de l’espace Schengen.

Ensuite, une partie des migrants qui s’accumulent en Serbie et ne peuvent plus passer en Hongrie ont été convoyés à Sid, le seul poste frontière avec la Croatie, dont ils ont passé la frontière. Au soir du 16 septembre, au moins 892 migrants ont posé le pied dans ce pays, annoncent les médias locaux. Et des milliers d’autres se massent à la frontière serbe. Inutile de compter sur ce pays pour les arrêter : la Serbie n’a ni les moyens ni l’envie de construire des infrastructures pour héberger les 20.000 (au moins) clandestins qui s’y trouvent, et elle se souvient parfaitement qui l’a démembrée, a laisser son peuple se faire tuer au Kosovo, en Croatie et en Bosnie, et a bombardé ses villes.

La Croatie est hors de l’espace Schengen. Mais les migrants pourront continuer vers la frontière croato-hongroise, pas encore clôturée, ou vers la petite Slovénie qui va devoir rapidement fermer ses frontières  sous peine d’être submergée. Sans espoir d’être aidée par Bruxelles : la Hongrie, qui a dépensé 106 millions d’€ pour sa clôture avec la Serbie (175 km), n’a reçu de l’UE  que 7 millions d’euros de subvention…

Espace Schengen suspendu : l’UE au milieu du gué

A ce jour, plusieurs Etats européens ont suspendu Schengen et rétabli des contrôles à leurs frontières. Dans ce groupe, on peut retrouver… la France, qui procède à des contrôles systématiques à sa frontière avec l’Italie. Même s’ils sont assez symboliques, puisque les illégaux ne sont pas renvoyés en Italie, mais se voient délivrer des attestations les enjoignant à quitter le territoire (OQTF) et sont relâchés dans la nature ensuite. C’est ce que révélait du moins fin juin un article de Rue89 Lyon, supprimé il y a quelques jours (le consulter dans le cache Google   ). Trop gênant ?

Du côté des pays qui passent réellement à l’action, il y a l’Allemagne – dont la chancelière a capitulé devant la réalité et rétabli les contrôles à la frontière autrichienne, l’Autriche – qui a fait de même à la frontière hongroise, la Slovaquie – qui a déployé les douaniers sur deux frontières, celles de l’Autriche et de la Hongrie et la République Tchèque – qui surveille sa frontière avec l’Autriche. La Pologne a annoncé sa volonté de rétablir les contrôles sur ses frontières avec la République tchèque et la Slovaquie au besoin. Mais la frontière entre la Hongrie et la Croatie reste ouverte. Tout comme celles de la Slovénie qui, elle, est dans Schengen. La Grèce – qui est aussi dans Schengen – est tellement submergée qu’elle ne peut empêcher des milliers de migrants de quitter le pays en direction de la Macédoine et de la Serbie.

eu-frontières

La corruption et le désordre à l’Est sont le talon d’Achille de l’UE

Ces mesures suffiront-elles ? Non bien sûr, car les points d’entrée terrestres en UE ne manquent pas. L’Union européenne s’est tellement élargie, confondant intégration et mise au service des la volonté américaine de contenir l’influence de la Russie, qu’elle a inclus des pays dont le contrôle des frontières est très aléatoire, notamment en raison du poids de la corruption ou de particularités géographiques.

En Roumanie par exemple, la corruption fait partie de la vie quotidienne et pèse 31% du PIB du pays. Une corruption telle que le pays est resté hors de l’espace Schengen. Même problème en Bulgarie qui ne fait même pas l’effort de poursuivre les cas les plus criants. En revanche, le sentiment national très fort de nombreux habitants a jusqu’alors protégé la Bulgarie, qui a aussi fait l’effort (comme la Grèce) d’ériger une clôture avec la Turquie. Les Bulgares estiment, explique cet article russe  que « les réfugiés nouvellement arrivés sont comme les Tsiganes, qui sont extrêmement mal perçus en Bulgarie ». De nombreux cas d’attaques de migrants (dont l’écrasante majorité est musulmane) par les Bulgares ont été recensés, et il y a souvent des manifestations. « Les slogans sont toujours les mêmes », poursuit l’article, « la Bulgarie est un pays chrétien pauvre, on ne veut pas de vous ! ». L’Histoire n’arrange rien : l’identité nationale bulgare s’est construite sur le fait que le pays a été 5 siècles durant sous domination turque.

En Pologne, la corruption est moindre, mais présente. Et si l’on peut être tranquille pour les frontières entre l’UE et la Biélorussie – celle-ci est un état où l’ordre règne et les frontières sont très surveillées – celle entre la Pologne et l’Ukraine est une immense passoire. Si bien que des groupes nationalistes polonais ont commencé à patrouiller avec pour objectif principal d’empêcher les mafieux et les groupes armés nationalistes (banderistes) présents dans l’ouest de l’Ukraine de la passer. Bien que cette organisation ait pris pour slogan « si tu vois un banderiste, tues-le »(!), le gouvernement polonais laisse faire. C’est dire qu’il a bien peu de moyens pour contrôler cette frontière.

Aujourd’hui, la Pologne est déjà le point d’entrée en UE de nombreux migrants, notamment issus des pays du Caucase, voire de Chine et du Vietnam (convoyés par des réseaux mafieux à travers l’Asie centrale, la Russie et l’Ukraine), et dont une partie aboutit en France. Si la Hongrie ferme ses frontières, les dizaines de milliers de migrants qui se trouvent actuellement en Serbie, en Macédoine et en Grèce trouveront un autre chemin. D’autant plus qu’ils sont déjà en partie pris en charge par les réseaux organisés de délinquance transfrontalière, notamment tziganes. Ceux-ci habitent depuis des siècles dans toute la région, de la Roumanie aux Balkans en passant par l’ouest de l’Ukraine et la Pologne, et se jouent des frontières.

Une situation idéale pour se reconvertir dans le lucratif métier de passeur, comme l’ont montré les photos prises par un reporter du journal hongrois Alfahir.hu  qui a surpris des passeurs tziganes en train de charger rudement des migrants à la frontière serbo-hongroise. L’article en hongrois précise que les passeurs tziganes, « originaires des régions frontalières du pays » avec la Serbie et la Roumanie, utilisent essentiellement l’autoroute M5 qui relie Budapest à la Serbie et « contrôlent de nombreux trafics de traite humaine dans le pays ». Armés jusqu’aux dents, ils n’hésitent pas à « menacer de mort les populations locales » pour lesquelles « ils sont nettement plus terrifiants que les migrants ». Un autre réseau local, en partie tzigane, a été démantelé après la découverte fin août de 71 migrants syriens morts dans un camion hongrois abandonné en Autriche. Des quatre passeurs, trois étaient bulgares, dont un d’origine libanaise et un dernier afghan ; le chauffeur, de nationalité roumaine, a disparu dans la nature. La police hongroise a saisi des documents syriens qui laissent penser que les réseaux de passeurs locaux dépassent largement les limites des Balkans et ont des connexions bien établies avec les réseaux de passeurs du Proche et du Moyen-Orient. Une réalité qu’il n’est pas inutile de rappeler.

 Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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