26/12/2015 – 07H45 France (Breizh-info.com) – Choisir par Internet son candidat à l’élection présidentielle 2017 ou devenir soi-même candidat ? C’est le principe de Laprimaire.org, un site participatif qui se veut être « une primaire ouverte, organisée pour permettre aux français de choisir librement, de manière transparente et démocratique, les candidats qu’ils souhaitent voir se présenter à l’élection présidentielle de 2017 » . Pour ce faire, un processus d’inscription et de sélection a été mis en place. Par ailleurs, l’association iniatrice de l’évènement, Démocratech, publie l’intégralité de son activité sur son site Internet – comptabilité comprise – pour une transparence totale. Il s’agit clairement là de réconcilier les citoyens – qui sont de plus en plus nombreux et de plus en plus actifs sur Internet – avec la vie politique, la vie de la cité.
Initiateur de LaPrimaire.org et avocat à la cour d’appel de Paris, David Guez nous a présenté le concept dont il espère qu’il permettra d’aboutir, en 2017, à l’émergence d’un candidat issu de la société civile, et non pas installé dans un parti politique.
Pour découvrir le site plus en détail, soutenir financièrement l’initiative ou même vous inscrire en tant que candidat, c’est ici.
Breizh-info.com : Quelques jours du terme après élections régionales, vous lancez LaPrimaire.org. Quel est le but de l’initiative ? Est-ce possible selon vous que demain, un candidat émerge grâce à votre plateforme ?
David Guez : Avant tout, nous souhaitons préciser que notre initiative ne date pas des élections régionales. Nous y travaillons depuis début 2015 et avons lancé officiellement l’initiative le 15 octobre dernier, à Paris.
L’objectif de LaPrimaire.org est de répondre à la frustration électorale des citoyens français. Les Français cultivent, en effet, un goût prononcé pour le débat politique, mais, dans le même temps, ils sont de plus en plus nombreux à s’abstenir, à voter blanc ou contraints de voter davantage par dépit que par adhésion au moment des rendez-vous électoraux. En février dernier, le baromètre de confiance du CEVIPOF nous apprenait d’ailleurs que 9 /10 français exprimaient leur défiance vis à vis des partis politiques. Cette distorsion entre l’appétence pour la politique et le rejet d’une grande partie des politiques actuels crée cette frustration électorale.
L’objectif de LaPrimaire.org est donc de ré-impliquer les citoyens français dans la vie politique, de favoriser l’émergence de nouveaux talents et de permettre aux Français de choisir réellement les candidats qu’ils souhaitent voir se présenter aux élections. Nous sommes convaincus qu’un(e) candidat(e) émergera de notre plateforme. L’attente est réelle.
Breizh-info.com : Votre projet apporte un brin de fraicheur sur la vie politique (au sens vie de la cité) actuelle. Quelles ont été les premières retombées ? Cela suscite t-il déjà le buzz ?
David Guez : Les premières retombées sont tout simplement les nombreux inscrits (plus de 5.500 à ce jour) et les centaines de messages de soutiens et d’encouragement que nous recevons chaque jour de la part des personnes qui se sont inscrites sur LaPrimaire.org. Par ailleurs, depuis le lancement, de nombreux média nationaux et locaux ont relayé notre initiative et nous avons déjà réalisé plusieurs interviews. Nous ne pensons pas que notre initiative suscite le buzz, dans le sens où il ne s’agit pas d’une initiative éphémère cherchant uniquement à faire du bruit : nous adressons un vrai sujet de fond, sérieux, même si nous nous n’interdisons pas de le traiter parfois avec humour, comme lorsque nous avons distribué le démocratol, notre remède à la frustration électorale, à la sortie des bureaux de vote.
Breizh-info.com : N’y a t-il pas le risque que tout cela soit fait “pour rien”, un peu comme le vote blanc qui n’est pas comptabilisé ? A la fin, pourquoi ne choisir qu’un seul candidat ? Cela ne risque-t-il pas d’être difficile vu que chacun pourra présenter des programmes politiques et des projets totalement contraires les uns aux autres ?
David Guez : Le succès de notre initiative dépend avant tout du nombre d’inscrits sur la plateforme. Nous estimons en effet que pour la viabilité du processus de désignation, au-moins 100.000 citoyens devront être inscrits au moment du vote. Dans l’idéal, nous espérons même 500.000 citoyens, soit bien plus que l’ensemble des adhérents de tous les partis politiques français réunis.
Le candidat issu de notre plateforme serait ainsi bien plus représentatif que les candidats désignés par les partis politiques. Si le quorum de 100.000 n’est pas atteint, le risque de manipulation ou d’un résultat biaisé étant présent, la Primaire n’aura pas lieue. Toutefois, dans tous les cas, il ressortira nécessairement du positif de cette initiative : soit une expérimentation, soit un renouveau de la classe politique française. Seuls les citoyens ont le pouvoir de décider si LaPrimaire.org sera un succès.
Concernant le candidat, nous avons décidé de n’en faire émerger qu’un seul, notamment pour des contraintes techniques (parrainages que nous lui apporterons) mais aussi parce que le processus de sélection est réfléchi de telle sorte que le candidat qui émergera sera nécessairement celui qui aura un programme complet, crédible, une équipe, et qui transcendera les clivages idéologiques habituels qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. Et puis, rien n’empêche les candidats arrivés deuxième ou troisième, par exemple, de se présenter également. De notre côté, nous accompagnerons le / la candidat(e) vainqueur.
Breizh-info.com : Avez vous déjà des contacts avec des élus ? Imaginez vous déjà la même chose à l’occasion des législatives ?
David Guez : Nous sommes effectivement contacts avec des élus, tant pour échanger concernant notre initiative que pour recueillir des promesses de parrainages. Si la traction est réelle et importante pour l’élection présidentielle (plus de 100.000 citoyens inscrits), nous envisageons bien entendu de décliner l’initiative pour les élections législatives.
Breizh-info.com : Que pensez-vous du système électoral Suisse, que beaucoup considèrent comme un modèle de démocratie en Europe, impliquant énormément les citoyens ?
David Guez : Nous n’avons pas d’avis spécifique sur le système électoral suisse qui reste complexe puisque mélangeant différents types de scrutin selon que le vote concerne le niveau fédéral, cantonal ou communal. En outre, la situation est totalement différente de la France puisque les oppositions politiques sont moins marquées.
En revanche, il est vrai que la Suisse a introduit par petites touches des outils de démocratie directe (notamment référendum obligatoire pour toute modification de la constitution, référendum facultatif relativement à tout projet de loi ou encore initiative populaire constitutionnelle) qui marquent une réelle avancée dans l’implication des citoyens et impacte favorablement la relation citoyen/représentant.
Breizh-info.com : Etes vous favorable à la généralisation du vote par Internet ? Est-ce techniquement possible aujourd’hui ?
David Guez : Le vote par internet est clairement une grande avancée : simple, efficace et bien moins coûteux que l’ouverture de milliers bureaux de vote, sans compter les millions d’enveloppes et bulletins de vote à imprimer… D’un point de vue technique, cela est tout à fait possible. Les points clés étant bien entendu d’assurer la parfaite fiabilité du vote et son anonymat.
Nous pensons également que les données finales doivent être mises à disposition de tous pour contrôle et vérification. D’autres pays, comme l’Estonie se sont déjà lancés dans cette voie et ont même crée le statut de e-résident. Concernant la France, il est probable qu’il ne sera pas possible de passer immédiatement au vote généralisé par internet. Sans doute, faut-il y aller progressivement.
Breizh-info.com : Comment changer la vie démocratique, demain en France ? Le système n’est-il pas cadenassé par les tenants de la Vème République ?
David Guez : Le système actuel (mode de scrutin et modalités de financement) est extrêmement favorable aux partis politiques en place et limite grandement l’émergence des entrants, notamment les initiatives telles que la notre qui a pour objectif de renouveler l’offre politique.
Pour autant, les règles actuelles, si elles rendent notre tâche plutôt compliquée, ne nous empêchent pas d’avancer et nous souhaitons donc faire émerger de nouveaux talents, dans le cadre des règles actuelles, avec la volonté que ces personnes, une fois élues, implémentent des éléments de démocratie participative pour une république davantage vertueuse.
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