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Trafic de drogue à l’hôpital Saint-Jacques de Nantes : la police fait une descente et ne trouve rien

28/12/2017 – 5h30 Nantes (Breizh-info.com) –Fin septembre 2017 les soignants de l’Hôpital Saint-Jacques à Nantes tiraient la sonnette d’alarme alors que depuis des années des dealers s’introduisaient dans les lieux – jusque et y compris dans les chambres – pour vendre cannabis et Subutex aux patients de l’hôpital psychiatrique.

La police a donc fait une grosse descente le 21 décembre dernier, descente qui n’a récolté que des critiques, faute d’avoir trouvé de la drogue. D’autant que l’opération aurait pu échouer à cause de complicités internes, les dealers ayant été prévenus à temps.

Ainsi, ce sont 24 fonctionnaires, deux chiens spécialisés dans la détection de drogue qui ont été inspectée deux unités psychiatriques pendant une heure ; les parties communes de trois bâtiments et les chambres de plusieurs patients ont été inspectées… sur réquisition de la direction du CHU, du juge des libertés et de la détention et du procureur de la République. Tout ça pour rien ou presque puisque seuls 7 grammes de résine de cannabis ont été retrouvés dans une chambre – une quantité qui ne vaudra pas de condamnation lourde à son propriétaire, un patient âgé de 42 ans qui n’a pas été arrêté non plus, seulement convoqué à l’hôtel de police.

Certes, la direction de l’hôpital a exclu certains patients – avec l’accord des médecins – et de certains visiteurs fortement suspectés de faire profit de leurs incursions pour livrer des patients en drogue. Mais force est de constater que l’opération policière à Saint-Jacques ce 21 décembre ressemble au gros coup de com’ de l’opération anti-dealers du 14 novembre à Commerce, lorsque la logique « action-réaction » et « tolérance zéro » ne consiste qu’à se payer de mots, en étalant de gros dispositifs policiers à la face de l’opinion pour des résultats opérationnels nuls ou presque. Le contribuable appréciera.

Des critiques violentes sur les réseaux sociaux

Cette disproportion entre les moyens alloués et les résultats ont fait l’objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Tandis que la décision de perquisitionner les chambres des patients sans leur consentement a fortement ému, selon nos informations, parmi les soignants; l’acteur français Matthieu Kassovitz, quant à lui, s’est permis d’insulter les policiers sur Twitter, qu’il a traité de « bande de bâtards » et de « belle bande de bons à rien ».

La CFDT dénonce un trafic qui dure depuis une décennie

. « Le trafic de drogues à l’hôpital Saint-Jacques dure depuis une décennie, et ça fait cinq ans que nous demandons qu’un protocole entre le CHU et la police soit mis en place pour y mettre fin », nous expliquait un représentant du syndicat, fin septembre dernier, alors qu’un CHSCT exceptionnel devait avoir lieu le 27 septembre sur ce sujet.

« Ce qui se passe, c’est que la police refuse d’intervenir dans les murs du CHU et notre équipe d’agents de sécurité-sûreté, qui assure à la fois la sécurité des bâtiments (incendie…) et de la surveillance, n’est pas habilitée pour contrôler l’identité ou retenir les dealers le temps qu’ils soient remis à la police. Il faut un protocole pour permettre cela, comme cela a été fait au CHU de Bordeaux ». Maintenant que la police est intervenue au CHU, en pure perte, il faudra probablement trouver d’autres solutions.

Le syndicat dénonçait alors la sous-évaluation systématique des problèmes de sécurité par la direction du CHU : « entre les mains courantes que font les agents de sécurité-sûreté et ce qui se trouve dans les chiffres que nous communique la direction chaque année, tout n’y est pas. Certaines agressions ne sont pas traitées comme telles, soit que le patient est atteint d’une pathologie psychiatrique lourde et que l’on considère que ça fait partie de sa pathologie, soit qu’il y ait d’autres paramètres ».

Jusque là, la police prenait parfois, de façon intermittente, en filature certains dealers qui étaient arrêtés hors de l’hôpital. « Mais très vite, le trafic se reconstitue. Nos agents de sûreté ont identifié plusieurs sources : d’anciens patients qui viennent livrer leurs collègues, mais aussi des délinquants des quartiers sensibles proches du Clos Toreau et du Château de Rezé ».

Des complicités internes ont-elles fait échouer l’opération policière ?

Le 22 décembre nous sommes passés à l’hôpital Saint-Jacques. Aucun moyen de sécurité n’est visible aux abords de l’hôpital : entre qui veut, il n’y a pas de contrôle, pas d’obligation de déclarer patte blanche. On peut contourner aisément l’accueil. Aux abords des bâtiments, mais aussi dans le parc, l’odeur des joints se fait persistante par endroits.

Certes, on croise de temps à autre un vigile solitaire, dans les bâtiments. Mais celui-ci ne semble pas là pour contrôler les gens, ni faire un tour dans le parc. « Cet hôpital est un vrai moulin », nous confirme un infirmier. « N’importe qui peut entrer, on trouve des gens dans les services, dans les chambres, qui n’ont rien à y faire et ils ne sont pas perdus, loin de là ».

Pour un policier nantais, « si on n’a rien trouvé, c’est qu’on a été un peu aidés. L’opération a été autorisée par le directeur du CHU, partant de là il y a un tas de gens qui étaient au courant dans l’hôpital, y compris des agents techniques. C’est fort possible qu’il y ait eu des complicités internes qui ont prévenu les dealers, car on est intervenu à une heure où ils sont normalement présents, et à des endroits où on savait qu’il y avait des caches, et il n’y avait rien ».

Habitué des opérations dans les cités, il complète son propos : « Ces complicités peuvent être involontaires, mais c’est terriblement efficace. Dans les cités, en gros on va faire une opération, on sait où on va chercher, on mobilise du monde. La veille ou l’avant-veille il y a des agents techniques du bailleur qui vont passer dans l’immeuble, essayer des passes – il faut bien qu’on puisse se faire ouvrir les parties communes – aller dans les caves où ils ne vont jamais, les greniers, les machineries d’ascenseurs etc. Les dealers ils sont tout le temps là, ils squattent, ils voient. Ils comprennent vite. Et quand nous on arrive ils ont eu le temps de faire le ménage ».

Louis Moulin

Crédit photos : breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Trafic de drogue à l’hôpital Saint-Jacques de Nantes : la police fait une descente et ne trouve rien”

  1. Yvette Prétet dit :

    Les policiers ont trouvé 7g de cannabis..
    c’est peu mais il est fort probable que les dealers avaient été avertis de cette ”descente de police”.. ce n’est tout de même ”pas normal” de trouver, chez les ”patients”, du cannabis…Je suis,de tout cœur, avec nos policiers et je désapprouve le tweet ”haineux” du bobo-gaucho Mathieu Kassovitz:s’il n’approuve pas notre police qu’il RETOURNE en Hongrie que ses parents ont fui en 1956!..

    • Ludo22 dit :

      Non, pas en Hongrie ! Nos descendants auront peut-être besoin de place pour migrer dans ce pays chrétien qui refuse l’ immigration musulmane quand l’ islam imposera la charia en Frankistan.

    • D8 dit :

      Yvette, la critique est facile :
      remettez-vous dans les conditions réelles
      – on a déplacé combien de policiers ?
      – il a été trouvé combien de drogue ?
      – qui a fait que les dealers ont été prévenus ?
      Par contre, il faut quand-même féliciter la police pour son travail, et démonter le système qui a été mis en place pour prévenir les fumiers de dealers !

  2. Christian Le Meur dit :

    Opération de communication, ni plus ni moins, la mise en place d’une surveillance de l’établissement aurait suffit pour interpeller les dealers. On peu aussi s’interroger sur la crédibilité de ces établissements psychiatriques hébergeant des toxicomanes qui continuent de consommer des stupéfiants en service d’addictologie…un patient dans ce type de structure coûte au bas mot 1500€ par jour à la collectivité…

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