Face à une consommation massivement dépendante de l’importation, avec 75 % des produits de la mer consommés en France venant de l’étranger selon France 3 Bretagne, la filière halieutique bretonne contre-attaque. Le nouveau label Breizhmer, lancé en 2024 et désormais apposé sur plus de 200 produits, vise à garantir une origine 100 % bretonne, à valoriser les pratiques vertueuses des professionnels de la mer, et à informer clairement les consommateurs.
Le label est porté par l’association Breizhmer, qui rassemble déjà 60 entreprises de la pêche, du mareyage et de la conchyliculture sur l’ensemble des cinq départements de la Bretagne historique. Il représente environ 20 000 tonnes de produits, soit un quart de la production halieutique bretonne.
Présent dans les criées, sur les marchés et bientôt dans les grandes surfaces, le label se repère à son code BZN. À Saint-Quay-Portrieux, Gurvan Rolland, directeur de la criée, a résumé l’esprit de la démarche auprès de France 3 Bretagne le 15 mai : « Autant avoir du poisson local ». Pour de nombreux consommateurs, l’adhésion est instinctive : soutenir l’emploi local, refuser les excès de la pêche industrielle et retrouver de la transparence.
Des critères stricts et des contrôles indépendants
Contrairement à des indications souvent floues comme la simple « zone de pêche », le label Breizhmer repose sur un cahier des charges rigoureux, contrôlé chaque année par un organisme tiers indépendant, comme l’affirmait déjà le journal Le Parisien en septembre 2024.
L’engagement porte sur trois volets : l’origine, les pratiques environnementales et les conditions sociales. Par exemple, Goulven Le Pennec, patron-pêcheur labellisé, a souligné auprès de France 3 Bretagne l’usage de mailles de filet plus larges, évitant les prises juvéniles : « On a changé pour des mailles plus grosses, ce qui nous permet d’être plus sélectifs et d’avoir beaucoup moins de rejets ».
Le label veille aussi au respect des équipages. Isabelle Thomas, secrétaire générale de Breizhmer, explique : « On peut avoir sur la même zone de pêche un bateau d’un pays X, d’ailleurs pas forcément européen, qui va pêcher avec un équipage pour lequel les conditions sociales n’auront rien à voir avec celles des pêcheurs du bateau breton ». Ce point distingue explicitement Breizhmer des produits d’importation, parfois moins regardants sur les droits fondamentaux.

Source : breizhmer.bzh
Une réponse régionale à la perte de souveraineté alimentaire
L’étiquette BZN commence également à trouver sa place dans la restauration collective, notamment dans les cantines scolaires, où la traçabilité est souvent absente.
Le succès du label Breizhmer s’inscrit dans une volonté plus large de réappropriation économique et culturelle. Pour ses initiateurs, il s’agit de défendre une filière souvent mise en difficulté par la standardisation des circuits de distribution et la concurrence étrangère. Laurence Querrien, ostréicultrice et co-présidente de l’association Breizhmer, déclarait auprès du Parisien : « Nous voulons jouer la transparence avec les consommateurs » et ajoutait : « Les gens ne se rendent pas compte par exemple qu’il faut trois ans pour élever une huître ».
En proposant un repère clair, Breizhmer répond à une attente de fond : retrouver du sens dans l’acte d’achat, et soutenir un modèle productif enraciné dans un territoire, au lieu de céder au modèle globalisé. Une façon pour la Bretagne, une fois encore, de faire valoir sa singularité.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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