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Il ne faut pas mélanger Frigide Barjot et Christian Troadec [Tribune libre]

Quelques beaux esprits avaient cru bon de pronostiquer l’échec du rassemblement de Carhaix (samedi 30 novembre). Persuadés qu’ils étaient que la croisade des Bonnets rouges ne pouvait que ressembler à celle de la «Manif Pour Tous », donc se terminer en eau de boudin. Le résultat leur a donné tort, pari gagné pour le collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne ».
A vrai dire, la consistance de ces deux opérations n’a rien de commun, essentiellement quant aux deux têtes d’affiche – Frigide Barjot et Christian Troadec – impossible de les mettre dans le même bateau. Car tout oppose un mouvement étal et une coalition à base économique, sociétale et identitaire. Si dans le premier cas, on part en guerre pour défendre une certaine vision de la société, bien malmenée depuis mai 1968, dans le second, c’est le casse-croûte qui est en jeu. La force de l’engagement s’en ressent forcément.
Surtout des divergences et fort peu de points de convergences chez Frigide Barjot et Christian Troadec. La première, tendance show–business, se trouvait en « mission », sélectionnée pour jouer la porte-parole, avec la bénédiction des évêques, car présentant un visage plus avenant pour les médias que les cathos habituels. Donc aspirant, une fois l’aventure terminée, à rentrer chez elle et à vaquer à ses activités professionnelles. D’autant plus que ses « sponsors » ne pouvaient que constater la dure réalité. En premier lieu, tous les sondages montraient que la cause était minoritaire dans le pays. En second, le vote de la loi « mariage pour tous » par les deux chambres du Parlement – à majorité de gauche – relevait de l’évidence. Une fois la partie terminée, il y avait donc lieu de passer à autre chose. Ce que les gens de l’UMP se sont empressés de faire : leur nouveau  dossier s’appelant préparation des élections municipales.
Quant à Frigide Barjot, elle aura perdu beaucoup dans cet épisode activiste : son appartement et, sans doute, quelques contrats pour son groupe de rock. Elle avait oublié que son appartement dépendait d’une municipalité acquise au mariage gay et que son activité professionnelle s’effectuait dans un milieu favorable au même choix de société.
Nous avons donc assisté à un simple échauffement sociétal, capable certes de rassembler à un moment donné des foules importantes, mais pas suffisamment nombreuses pour créer un rapport de force susceptible de faire flancher le gouvernement. Lequel ne connait qu’une seule religion : les sondages. Scénario bien connu puisque déjà d’actualité sous l’ère Sarkozy-Fillon lors des manifestations géantes dirigées contre la réforme des retraites.
Christian Troadec, lui, n’est pas un homme que l’on recrute pour effectuer une « mission ». C’est un meneur d’hommes qui rassemble et fédère, d’autant plus facilement que sa notoriété et sa popularité ne sont plus à démontrer dans son fief de Carhaix. Professionnel de la politique – son beefsteak étant assuré par les indemnités que ses deux mandats (maire et conseiller général) lui procurent -, sa présence sur le front breton se veut permanente. Hier c’était Diwan, aujourd’hui c’est l’écotaxe, demain ce sera autre chose. Christian Troadec creuse son sillon avec régularité.
Pour le gouvernement, le cas Troadec est difficile à gérer. Non seulement son discours n’est pas habituel pour les têtes d’œuf qui sortent de l’ENA, mais encore sa base territoriale, humaine, politique et électorale rendent son élimination difficile à envisager. Avec son noyau dur des Vieilles charrues, il peut compter sur le soutien de  deux mille bénévoles, ce qui lui permettra de prendre d’autres initiatives demain si nécessaire. On peut lui faire confiance pour continuer à mettre des bâtons dans les roues de l’équipe Hollande-Ayrault. C’est le privilège des « divers gauche ».

Claude Redon

Crédit photo : Anfad.fr/Flickr (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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