Rennes. La sidérante condamnation d’un supporteur du PSG. [tribune libre]

23-01-2014 – 09H00 Rennes (Breizh-info.com) –Décision sidérante, hier, au tribunal correctionnel de Rennes. Paul-Lou, supporteur du Paris Saint Germain de longue date a été condamné à 400€ d’amende et à un an d’interdiction d’assister aux matchs du PSG. Ces soirs-là, il aura obligation de pointer au commissariat.

Le motif : il aurait enfreint l’arrêté préfectoral interdisant l’accès aux abords du stade de la route de Lorient aux supporteurs parisiens (avec des signes distinctifs), lors du match Rennes-PSG du 14 décembre dernier.

Le signe distinctif “identifié”, qui lui a valu, outre sa lourde condamnation, 17h de garde à vue au commissariat de Rennes, alors qu’il était simplement venu assister au match avec sa compagne et un ami, n’est ni une écharpe, ni un maillot. Il s’agit simplement d’un geste du bras afin d’exprimer son contentement lors d’une action de jeu au début du match, en faveur du PSG.

Paul-Lou n’avait à son actif aucune condamnation. Il n’était pas identifié comme étant un “mauvais garçon du football”. Il avait pour seul tort, selon la justice, d’avoir appartenu à un groupe de supporteurs du PSG aujourd’hui dissout. C’est d’ailleurs le cas de la plupart de ceux existant avant le règne sans pitié des milliardaires Qataris dans le club de la capitale.

 Manuel Valls a récemment déclaré vouloir accentuer la répression à l’encontre des supporteurs de football. On peut désormais se demander jusqu’où ira cette répression, unique en son genre, qui fait du statut de supporteur de football une cible potentielle et légitime pour n’importe quelle autorité policière ou judiciaire.

Interdiction des déplacements,  prix des billets exorbitant, arrêtés préfectoraux interdisant ne serait-ce que la présence de supporteurs visiteurs dans une commune,  massive interdiction de stade  – avec toutes les conséquences sur la vie sociale et professionnelle que peuvent entraîner les obligations de pointage au commissariat les soirs de match -, le gouvernement et les représentants du football français semblent décidés à éradiquer définitivement les derniers partisans du football populaire. Cela va détruire l’ambiance dans les stades de football. Cela  se constate à chaque journée de championnat, avec de moins en moins de chants, de drapeaux, d’animations pyrotechniques en tribune.

Dos au mur, les supporteurs de football, amoureux du ballon rond et souvent opposés aux valeurs très mercantiles du football moderne, ne  trouvent écho ni auprès des politiques, ni auprès des associations qui luttent traditionnellement contre les discriminations à l’encontre d’une catégorie définie.
Comme s’ ils étaient la seule catégorie de la République à devoir subir  cette discrimination, avec interpellations arbitraires, condamnations démesurées, sans que personne ne s’en offusque …

Le supporteur de football serait-il devenu le damné de la République ? Dans le même temps, l’agresseur du Blosne, à Rennes, qui était jugé mardi pour violences volontaires avec armes, a vu son procès reporté en février, par le même tribunal correctionnel de Rennes , “afin de pouvoir préparer sa défense” …

Joël Courtois

Crédit photo : Tagaz (cc)

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