L’aigle de Rome : pour l’Empire et pour Mithra [chronique]

Nous sommes tous quelque part nés en 753 av. J.-C. Dans tout européen, il y a un enfant de Rome, une nostalgie de la ville qui a conquis le monde et imposé un  ordre par ses armes et par ses lois. La fascination de Rome n’est plus à démontrer pas seulement dans l’histoire, mais également au cinéma et dans la littérature.

La réédition  chez « invicta » de l’Aigle de Rome de Wallace Breem est là pour nous le rappeler. Le livre remonte à 1970. Il retrace le moment clé en 406 ap. J.-C. où, par un terrible hiver, le limes  ou ce qu’il en reste a craqué face aux barbares malgré l’héroïsme des légionnaires. Le héros du livre, un certain général Maximus aurait inspiré celui du Gladiator de Russel Crowe, sauf que ce film est lui-même un remake du bien nommé « Chute de l’empire romain » puisque c’est de cela qu’il s’agit.

Ce formidable livre de guerre, où les batailles sont dignes des épopées homériques et des sagas , est aussi un livre de réflexion. On y voit le parcours initiatique d’un romain fidèle à l’empire, malgré sa dérive et sa chute inévitable, mais aussi à l’esprit des « vieux romains », sacrifice et patriotisme. Un parcours initiatique qui se confond également avec celui du culte de Mithra, le dieu des légions qui a résisté si longtemps à la christianisation de la société.  Les mystères de Mithra sont présentés partout dans ce livre qui peut se lire à plusieurs niveaux.

La peinture des « barbares » est saisissante. Ils sont poussés vers Rome par les Huns mais aussi surtout par la nécessité. Ils ne comprennent pas qu’on leur refuse d’entrer. Cela est d’actualité. Ce qu’ils veulent ce n’est pas détruire Rome, ni même y importer leurs coutumes, là est la grande différence. Ils veulent servir l’empire pour pouvoir, en le renforçant et en le défendant, profiter de sa prospérité et de sa sécurité. Ils ne comprennent pas que Rome n’est plus dans Rome, pas plus que Maximus d’ailleurs, et que l’Empire est trop faible pour s’ouvrir à des peuples nouveaux. Il est trop faible aussi pour les repousser. Et pourtant les légionnaires de Maximus feront leur devoir et même au delà.

Un livre foisonnant, un roman militaire de réflexion sur les civilisations avec, à la fin du volume, des notes très bien faites. C’est finalement le dernier combat des meilleurs d’entre les meilleurs d’un Empire qui se sait condamné sans y croire vraiment, mais qui veut mourir le glaive à la main. Un empire christianisé mais défendu par des militaires attachés aux anciens dieux et à Mithra, le dernier d’entre eux.

Maximus incarne les valeurs qui firent Rome : le courage, la loyauté, la discipline. Mais ces valeurs restent valables même si Rome s effondre et si les empereurs ne les respectent plus. Ce n’est pas parce qu’on est vaincu que l’on a eu tort. Et ce qui a été et qui parait condamné à jamais, un jour reviendra car tous les chemins aujourd’hui encore nous mènent à Rome.

« L’aigle de Rome » de Wallace de Breem, Éditions Panini Books Collection Invicta, 350 pages, 20 euros
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