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Paris. Premier colloque sur les études druidiques, le 11 novembre [ interview de Fabien Régnier ]

02/11/2015 – 05H00 Paris (Breizh-info.com) – Le mercredi 11 novembre prochain, à l’initiative de la revue Keltia en partenariat avec la Mission Bretonne de Paris, se tiendra le premier colloque sur les études druidiques.  Pour faire le point sur cette journée qui s’annonce exceptionnelle, nous avons interrogé Fabien Régnier, organisateur de la journée et rédacteur en chef de la revue.
Rappel : les inscriptions sont possibles en ligne, sur ce lien.

Breizh-info.com : Pouvez-vous présenter le colloque dieux rites et sanctuaire qui aura lieu le 11 novembre prochain à Paris ?

Fabien Régnier : Ce colloque est le premier du genre. Il répond à plusieurs nécessités.  La première concerne l’incroyable avancée des travaux scientifiques consacrés à la religion druidique, dans de nombreuses disciplines.

Ces dernières années, un bond en avant a été réalisé, sans que le public intéressé par la question n’en soit suffisamment informé. Bon nombre de ces travaux ont en effet été menés -c’est nécessaire quand il s’agit de recherches pointues- de manière très confidentielle et n’ont guère fait l’objet de communications. D’autres ont donné lieu à des publications d’ouvrages mais ceux-ci ont souffert tout à la fois d’être trop ardus, voire rébarbatifs, pour le grand public et, surtout, de n’être pratiquement pas diffusés, même si Keltia s’est efforcé d’en rendre compte. Ces avancées, bien qu’elles soient réalisées souvent sans corrélation entre elles, conduisent à modifier complètement l’état des connaissances que nous pouvons avoir sur la religion celtique. Nous pouvons en effet désormais connaître le teneur de messages que les anciens druides ont voulu transmettre, par-delà les 2000 années qui nous en séparent.

Je m’explique : l’archéologie s’est orientée sous l’impulsion de certains savants, comme le professeur Venceslas Kruta, vers une compréhension des thèmes artistiques dont les objets trouvés servaient de supports et a découvert qu’il s’agissait dans de très nombreux cas d’éléments religieux qu’il est désormais possible de déchiffer et que l’on sait à présent interpréter. Ces témoins sont parfois bouleversants. Une autre science qui a fait des progrès considérables est le comparatisme religieux. Bernard Sergent et Philippe Jouët ont, dans ce domaine, fait avancer l’état des connaissances et le déchiffrage de nombreux éléments, rites et symboles qui étaient jusque là incompris ou minorés.

Plus récemment encore, certains chercheurs sont parvenus à déchiffrer les messages religieux dont certaines monnaies gauloises servaient de support et c’est assez étonnant. Enfin, les études toponymiques, croisées avec la linguistique celtique (qui, elle aussi, a fait un bond en avant formidable), ont fait apparaître un paysage sacré d’une densité insoupçonnée.

Mais, comme je l’ai dit plus haut, ces chercheurs n’avaient pas encore pu trouver leur public et n’avaient pas travaillé ensemble pour tendre vers un objectif commun.

Et c’est la seconde nécessité de ce colloque, car le résultat de cet état de choses, c’est que les gens, intéressés par cette matière religieuse celtique, se retrouvaient non pas en face des interlocuteurs les plus sérieux, mais face à des néo-druides totalement déconnectés de ces messages transmis par ce qu’était le véritable druidisme ancien et qui tendaient à donner le change en camouflant cette ignorance par des rituels hélas trop souvent inventés, soit au XVIIIe siècle, soit plus récemment. Cette spiritualité, d’une profondeur exceptionnelle, mérite évidemment mieux que cela, malgré la sympathie que nous éprouvons pour des démarches sincères.

Forts des 9 dernières années qui ont vu Keltia se développer peu à peu, assurer sa survie et intervenir dans des domaines de plus en plus nombreux pour promouvoir une culture celtique commune à de nombreux peuples, nous avons préparé depuis trois ans ce colloque, afin qu’il atteigne ses objectifs. J’ai souhaité que quelques uns des plus grands scientifiques de France, représentant quatre disciplines différentes (à l’instar des quatre sciences qui constituaient le druidisme originel), fassent bénéficier le public intéressé des résultats de leurs travaux, d’une manière accessible.

C’est ainsi que Venceslas Kruta, Bernard Sergent, Dominique Hollard et Jacques Lacroix, que l’on peut considérer comme les meilleurs spécialistes des domaines qu’ils auront à présenter, vont apporter à toutes les personnes, qui viendront participer à ce colloque, des connaissances mais aussi une manière de mieux comprendre le legs des druides de l’époque de l’Indépendance celtique.

Je tiens à ce que de cette expérience, si elle s’avère concluante, émerge une symbiose entre la recherche scientifique et le besoin de renouer avec une spiritualité porteuse d’une cohésion culturelle et mémorielle. Je pense que c’est possible et nécessaire. Nous avons forgé les outils pour y parvenir et le moment est venu de franchir le pas.

Breizh-info.com : Le choix de Paris n’est il pas une « hérésie » par rapport à une thématique sur les Celtes ?

Fabien Régnier :  Sûrement pas. L’ancienne cité des Parisii doit aussi prendre conscience de ses origines celtiques. Mais au-delà, il y a d’excellentes raisons pratiques à cela. Nous avons travaillé depuis des années avec la Mission bretonne qui dispose de l’infrastructure et du savoir-faire indispensables pour permettre que ce colloque se réalise dans les meilleures conditions possibles. La Mission est comme un morceau de Bretagne. C’est beaucoup plus qu’une ambassade bretonne, car elle rassemble la communauté bretonne francilienne de manière vivante et active.

D’autre part, les scientifiques concernés travaillent ou résident dans un rayon de 100 km autour de Lutèce. Enfin, nous accueillerons des auditeurs venus de Bretagne, de Normandie, de Bourgogne, d’Auvergne, de Picardie, de Lyon… qui ne se seraient pas déplacés si le colloque avait été plus excentré. Les Celtes couvraient plus de vingt pays européens actuels et ne se limitaient certes pas à un seul terroir. Aussi, sommes-nous d’une certaine façon, partout chez nous en Celtie, même si notre coeur est d’avantage breton.

Breizh-info.com :  Quels seront les principaux intervenants ? Pouvez-vous développer sur le contenu de la journée ?

Fabien Régnier :  Le programme sera le suivant :
“Définir de nouvelles pistes et de nouvelles méthodes pour la connaissance de la religion celtique” par votre serviteur,
“Accueil du colloque” par Françoise Le Goaziou,
“Images et symboles: l’art et la religion des anciens Celtes” par Venceslas Kruta,
“Druides et Brahmanes” par Bernard Sergent,
“Le monnayage celtique, vecteur de messages religieux” par Domininique Hollard,
“Toponymie et géographie sacrées en Gaule. Message par-delà le temps” par Jacques Lacroix.
Un conte celte et un petit concert de musique celtique agrémenteront le tout, ainsi que des stands présentant ouvrages et objets artisanaux liés à la thématique du colloque, en particulier les livres des conférenciers (le dernier livre de Venceslas Kruta, publié aux éditions Yoran Embanner, sera lancé à cette occasion).

Les trois premières interventions auront lieu le matin (à partir de 10h) et les trois dernières dans l’après-midi. Des débats auront lieu après chaque communication.

Breizh-info.com : Il s’agit du premier colloque scientifique consacré aux études druidiques. Comment a été reçue cette annonce ? D’autres sont ils déjà prévu ?

Fabien Régnier :  Le colloque a été reçu au-delà de nos espérances, preuve qu’il répond à un réel besoin. Il faut être pragmatique : du succès -ou non- de celui-ci dépendra ce que nous ferons par la suite. Mais nous publierons un magazine spécial constituant les Actes du colloque, ainsi qu’un DVD que nous espérons lancer lors du Festival Interceltique de l’année prochaine, sur nos stands. Nous avons déjà une dizaine d’autres scientifiques qui se tiennent prêts à prendre la suite car ils ont également beaucoup à apporter au public concerné. Il serait bien que nous puissions mettre en place un colloque par an. Ce sera en même temps une formation pour préparer l’avenir.

Breizh-info.com : Comment se porte votre revue, Keltia, en cette année 2015 ?

Fabien Régnier :  De mieux en mieux. Nous avons eu une période de vaches maigres où notre survie était grandement menacée, voici quelques années, mais c’est à présent derrière nous.

Comme auparavant, nous sommes tous bénévoles, ce qui limite évidemment les dépenses et contribue beaucoup à l’équilibre financier. Mais nous n’avons plus à courir après les auteurs, c’est eux désormais qui souhaitent être publiés dans Keltia, preuve que les choses ont changé. Il y a d’ailleurs de plus en plus d’écrivains, d’artistes et de scientifiques qui voient en Keltia un excellent outil pour être en phase avec le public celte.

Mais nous continuons à être torpillés par certains réseaux de distribution, ce qui nous cause évidemment des difficultés. C’est grâce à une équipe de gens formidables qui s’investissent dans la tenue de nos stands sur des dizaines de festivals celtiques en France, en Belgique, en Italie du Nord, en Suisse… que nous avons les moyens de progresser sans cesse. C’est une expérience collective qui n’a pas d’équivalent.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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