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L’art de la diplomatie, Histoire de la Moselle, les grands capitaines : la sélection littéraire de la semaine

L’art de la diplomatie, Histoire de la Moselle, Les grands capitaines, mais aussi un Plaidoyer pour nos communautés, L’Accord secret de Baden-Baden, voici la sélection littéraire de la semaine que nous vous proposons.

L’art de la Diplomatie, Nicolas Machiavel

Présenté et traduit par Jean-Yves Boriaud

Dépêché à cinq reprises à la cour de France par la Signoria, le « gouvernement » de Florence, et deux fois auprès de l’empereur d’Allemagne Maximilien de Habsbourg, Machiavel, jeune et sagace diplomate, s’attache à décrypter les arcanes de ces deux grands États. Rompant avec la tradition diplomatique ancienne, il se fait l’œil de Florence en terres étrangères et rend scrupuleusement compte à la Signoria de ses observations, dans des billets voués à demeurer confidentiels.
Ces notes analysent, sans fioritures ni états d’âme, les lignes de force de ces États aussi bien que la « psychologie » de leurs habitants : les Français, par nature, sont « changeants et légers, […] d’une grande humilité dans le malheur, et insolents quand tout va bien ». Les Allemands, eux, sont riches parce qu’ils « vivent comme des pauvres, ils ne bâtissent rien, ne s’habillent pas et n’ont chez eux aucun meuble ; il leur suffit d’avoir en abondance pain et viande, ainsi qu’un poêle où fuir le froid ».
Dans ces textes savoureux, joints à deux billets destinés à instruire de jeunes confrères ambassadeurs, Machiavel expose méticuleusement les secrets, tels qu’il les conçoit, de l’art de la diplomatie.

Avec Le Prince et l’Art de la guerre, l’Art de la diplomatie constitue un livre essentiel, et toujours d’actualité, à lire, à relire, à méditer.

Jean-Yves Boriaud traduit et présente ces documents, leur rendant leur exceptionnelle modernité. Professeur émérite de langue et littérature latines, il est déjà le traducteur de textes essentiels de Machiavel, L’Art de la guerre et Le Prince.

L’art de la diplomatie, Nicolas Machiavel, Perrin, 13€

Les grands capitaines, d’Alexandre le Grand à Giàp, Arnaud Blin

Jusqu’à une époque récente, l’histoire fut associée à la guerre, la guerre fut associée aux grandes batailles, et les grandes batailles furent associées aux « grands capitaines », selon l’expression consacrée. Que le capitaine reste au milieu de ses troupes, épée à la main, qu’il soit à quelques centaines de mètres du front à donner des ordres à ses chefs de corps ou à des dizaines de kilomètres à réordonnancer la marche de milliers de chars et de dizaines de milliers d’hommes, il reste celui par qui se joue le sort de la bataille. Mais si le grand capitaine, pour Arnaud Blin, est bien celui qui dirige les armées et élabore ses stratégies, il est surtout celui dont le rare talent le place dans une catégorie à part parmi les chefs militaires.

En fin de compte, seule une poignée de personnalités d’exception peut se targuer de faire partie de cette élite.
Dès lors, et si l’on considère que la guerre est un art, les quinze hommes dont ce livre dresse le portrait ont porté celui-ci à son apogée, chacun usant de moyens et de techniques propres à son environnement culturel, avec un style et une touche personnels qui font toute la singularité de leur talent individuel. De l’âge classique – Alexandre le Grand, Hannibal, César – au monde contemporain – Napoléon, Joukov, Giap – en passant par le Moyen Age et l’époque moderne – Saladin, Gengis Khan, Tamerlan, Turenne… –, ce sont ainsi quinze styles de commandement et de génie militaires qui se trouvent ici brillamment analysés et racontés.

Les passionnés d’histoire en auront pour leur argent et leur soif de connaissance avec cette ouvrage qui dresse l’épopée de grands capitaines à travers les siècles. C’est un voyage dans le temps, dans l’histoire et dans différentes civilisations que propose l’auteur, qui maîtrise parfaitement son sujet.

Stratégiste, spécialiste de l’histoire de la guerre, Arnaud Blin est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués dont Iéna. Octobre 1806, 1648. La paix de Westphalie et Les batailles qui ont changé l’Histoire. Il a également publié, avec Gérard Chaliand, un Dictionnaire de stratégie.

Les grands capitaines, d’Alexandre le Grand à Giàp, Arnaud Blin, Perrin, 24€

Plaidoyer pour nos communautés, d’Yvon Ollivier

2018 : la France est en pleine régression souverainiste. Emmanuel Macron avait suscité des espoirs, vite déçus, il est clair qu’il renforce l’état jacobin. Les Corses lui ont tendu la main : fin de non-recevoir. Pire, il soutient la politique de Madrid contre les Catalans : des élus en prison ou en exil pour délits d’opinion, droit de vote bafoué etc. Ce repli sur soi de la France rogne des pans entiers de la démocratie.

Le tourbillon de la mondialisation, la crise économique et le pessimisme ambiant ont favorisé ce repli identitaire. L’esprit français n’est plus en phase avec la marche du monde. Les politiques, les élites et les médias sont déconnectés des classes populaires. L’intégration ne fonctionne plus. C’est l’état-nation qui se fissure : il s’était construit sur la mort des peuples autochtones, or, aujourd’hui ceux-là se lèvent et s’essuient les genoux.

La France va-t-elle accepter le pluralisme et l’altérité ou restera-elle campée sur une grandeur passée qui la mènera tout droit à sa perte ?
Telles sont les questions que pose Yvon Ollivier.

A l’heure où les « petites nations », dites « patries charnelles » semblent se réveiller, de la Corse à la Catalogne, l’ouvrage d’Yvon Ollivier a le mérite de dresser un constat pertinent et d’ouvrir sur des questions auxquelles il faudra répondre.

Yvon Ollivier est auteur, juriste et porte parole de la coordination des juristes de Bretagne

Plaidoyer pour nos communautés, d’Yvon Ollivier, Yoran Embanner, 10€

Histoire de la Moselle, par François Waag

Il s’agit là d’une histoire atypique. La Moselle est l’un des rares exemples d’un département français qui s’est identifié à une région au cours des 150 dernières années.
Raconter l’histoire de la Moselle c’est se plonger dans l’histoire du Saint Empire romain germanique, des duchés de Lorraine et d’Alsace et du Luxembourg et de la Sarre. Cest aussi l’histoire d’une communauté de destin qui fut scellée en 1871. Cette période nous a légué des institutions judiciaires et religieuses communes avec celles de l’Alsace.
En 1871, quand l’Alsace et la Moselle sont cédées par la France à l’Empire allemand, l’allemand était la langue de la majorité des habitants. Aujourd’hui, suite à une politique d’éradication menée par l’état français, elle est en perte de vitesse. Depuis 2014, noyée dans la méga-région Grand-Est qui comporte 10 départements, la Moselle comme les 2 départements alsaciens, sont les seuls à être bilingues (et donc minoritaires). Quand on connaît la politique du conseil régional de Lorraine , qui n’a jamais rien fait pour promouvoir le bilinguisme, on peut craindre le pire pour l’avenir de la langue et de l’identité mosellane.
Aujourd’hui, la Moselle est de nouveau à la croisée des chemins.

Un livre dans la collection “Le point de vue”, collection toujours aussi intéressante puisqu’elle permet de découvrir l’histoire d’une nation, d’une région, du point de vue historique de ceux qui l’ont forgé.

François Waag, est l’auteur de Histoire d’Alsace, Le Point de Vue Alsacien.
Enseignant, François Waag, mosellan lui même, est passionné par l’histoire de l’Alsace et de la Moselle. Il collabore à plusieurs publications périodiques et a déjà publié deux autres ouvrages dont l’un consacré à la Grande Guerre. Il est membre du Parti des Mosellans.

Histoire de la Moselle, par François Waag, Yoran Embanner, 12€

L’Accord secret de Baden-Baden, par Henri-Christian Giraud

Comment de Gaulle et les Soviétiques ont mis fin à mai 68

« On n’a pas fini d’interpréter mon voyage à Baden-Baden !… », a dit de Gaulle, peu de temps avant sa mort au colonel d’Escrienne, son dernier aide de camp. Pourquoi le chef de l’État a-t-il choisi de partir en secret pour l’étranger, le 29 mai 1968, provoquant la panique dans son entourage, et au risque de se voir accusé par certains d’avoir fui ? De Gaulle ayant affirmé publiquement avoir envisagé « toutes les éventualités sans exception » (le retrait du pouvoir, l’exil, la résistance, la création d’une nouvelle France Libre), cet événement a donné lieu à une série d’hypothèses toutes légitimes, car toutes fondées sur des propos successifs du chef de l’État adaptés à chaque interlocuteur pour obtenir le brouillage maximal d’une opération relevant, en réalité, de sa diplomatie secrète.

Mais Willy Brandt a livré la clé de l’énigme et pour Henri-Christian Giraud l’explication de l’équipée de Baden-Baden n’est à chercher ni dans une défaillance du général de Gaulle ni dans une manoeuvre militaire ou psychologique, mais dans son « duo-duel » avec le Parti communiste et sa « belle et bonne alliance » avec Moscou, renouvelée en 1964 par l’Ostpolitik gaullienne. Sur fond d’intervention soviétique en Tchécoslovaquie. Voici l’histoire d’un chef-d’oeuvre d’intoxication de ce « théoricien de la surprise » qu’était de Gaulle. Une contre-enquête historique qui se lit comme un roman.

Henri-Christian Giraud est journaliste. Ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, il est l’auteur de De Gaulle et les communistes (Albin Michel, 1988 et 1989), T. 1 : L’Alliance (juin 1941-mai 1943), T. 2 : Le Piège (mai 1943- janvier 1946), et de Terres de Mafia, (J.-C. Lattès, 1993). Il a dirigé l’ouvrage collectif Réplique à l’amiral de Gaulle (Le Rocher, 2004) et écrit Une histoire de la révolution hongroise (2016) et 1914-1918 La Grande Guerre du général Giraud (2014) parus aux Éditions du Rocher.

Crédit photo : DR
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