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Pour nous débarrasser de la dette, vendons la nue-propriété des œuvres d’art [Agora]

La dette va bientôt atteindre le montant extravagant de 2 800 milliards d’euros, 124 % du PIB de 2020. Pour l’instant, elle ne pose aucun problème, puisque la France emprunte à des taux négatifs. Nos emprunts deviennent une source de financement de notre budget.

Mais l’équilibre est fragile, nous dansons sur un volcan. Que la confiance des investisseurs se retire, que l’Allemagne se rebiffe et nous reviendrons à des taux proches de 3 %. Or ils seraient insupportables pour nos finances, 3 % sur 2 800 milliards d’euros représentant 84 milliards à sortir chaque année, autant que notre déficit actuel. Nous irions très vite vers le dépôt de bilan. Certains hommes politiques proposent de déposséder nos créanciers, de réduire d’autorité les capitaux prêtés. Mais les exemples du Liban et de l’Argentine montrent à l’envie que la faillite des États se passe toujours très mal, que la population en souffre et que la misère se généralise. Des économistes proposent aussi de faire reprendre la dette par la BCE et de l’annuler purement et simplement, c’est-à-dire d’imprimer autant de billets d’euros que les montants gelés. L’Allemagne n’acceptera jamais une telle manipulation, dangereuse car elle risque de provoquer une hyperinflation et un effondrement de la monnaie, même si l’économie semble en ce moment surtout menacée par la déflation. Certes, si comme, en 1945, l’inflation tutoyait les 170 % en un an, nous serions débarrassés de la dette, mais les Français seraient ruinés, en particulier les épargnants.

Je propose une autre solution radicale et sans risque qui s’appuierait sur l’appétit des spéculateurs. Actuellement, les crypto-monnaies ont le vent en poupe, or elles ne reposent que sur la spéculation à l’état brut, sans aucun fondement économique. On achète du Bitcoin pour 1 million d’euros en espérant le revendre 2 millions le mois prochain. Il en est de même du marché de l’art. N’a-t-on pas vu une banane scotchée au mur évaluée le prix délirant de 120 000 dollars (depuis elle a été mangée) ?

Pourquoi ne pas vendre aux spéculateurs la nue-propriété de toutes les œuvres d’art que possède la France ? Bien entendu, nous garderions l’usufruit, ce qui est l’essentiel. La Joconde restera au Louvre et celui qui achètera sa nue-propriété n’aura absolument aucun droit sur elle. Les spéculateurs qui investissent dans l’art se moquent complètement de ce qu’ils achètent. Ils espèrent juste placer leur argent et éventuellement faire des plus-values. Garder leurs biens leur crée des soucis, ils doivent les mettre dans des coffres-forts bien aérés ou dans une salle disposant d’alarmes sophistiquées. Ils se rueraient sur La Joconde ou La Vénus de Milo qui ne leur causeraient aucun souci de gardiennage.

Vendre la nue-propriété de nos œuvres d’art reviendra à vendre du vent, mais du vent qui suscitera rapidement un vif intérêt. Nous concurrencerons ainsi les crypto-monnaies et les œuvres d’art modernes. Combien cela rapporterait-il ? La Joconde vaudrait 2 milliards d’euros si on se base sur le prix de Salvator Mundi de Léonard de Vinci, vendu 382 millions d’euros en 2015. On peut estimer sa nue-propriété à 700 millions d’euros. Je suis incapable de faire un décompte de toutes les œuvres d’art possédées par la France, mais si on rajoute tous les Châteaux, la tour Eiffel, je suis persuadé que nous atteindrions plusieurs centaines de milliards d’euros voire plus. Il ne s’agirait pas de vendre d’un coup toutes nos peintures et nos sculptures, pour ne pas assécher le marché. Il faudrait introduire prudemment ces produits sur le marché. Il conviendrait également d’instaurer une taxe (modique) de 10 % sur les plus-values réalisées lors de la revente de ces certificats de nue-propriété. Nous obtiendrons ainsi une source miraculeuse de financement de notre budget. La solution que je propose est de dernier recours, si notre pays est asphyxié par la remontée des taux. Une autre forme que pourrait prendre cette méthode de désendettement serait de garantir un prêt à taux bas ou négatif avec la nue-propriété d’œuvres d’art. Nous éviterions une vente directe que certains peuvent percevoir comme dégradante pour l’image de notre pays.

Encore une fois ma solution ne changerait rien, mais absolument rien, pour nos musées et nos bâtiments historiques. Elle n’est qu’un procédé astucieux pour remplir la bourse désargentée de la France en utilisant les travers du capitalisme.

Christian de Moliner

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