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Dominique Raimbourg a des idées formidables !

Dominique Raimbourg veut un candidat unique de la gauche pour la prochaine élection présidentielle. Mais ça ne sera pas suffisant pour être qualifié pour le second tour…

Après avoir été battu aux élections législatives de 2017 – il est contraint de se retirer après un premier tour où il n’arrive qu’en troisième position (16,35%), bien que député sortant (Nantes – Rezé) – Dominique Raimbourg s’est trouvé une nouvelle occupation : premier secrétaire de la fédération de Loire-Atlantique du PS. Cette seconde carrière lui permet d’apparaître de temps en tant dans la presse nantaise. Ainsi, dans un récent entretien, il explique doctement : « Il faut un candidat unique de la gauche, y compris avec les Insoumis, sinon on retombera dans le duel Macron – Le Pen ». Pour ce faire, « la gauche doit élaborer un compromis entre deux cultures : la social-démocratie et la pensée écologique » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 1er octobre 2020).

Reste à dénicher l’homme (ou la femme…) providentiel qui trouvera le point d’équilibre capable de fédérer toutes les familles de la gauche. Actuellement, aucune des célébrités de ce camp ( Mélenchon, Jadot, Royal, Hidalgo) n’est capable de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. C’est ce que montre une batterie de sondages portant sur les intentions de vote (IFOP, JDD, 4 octobre 2020). Si bien que François Hollande, pourtant fort désireux de revenir dans le jeu, botte prudemment en touche : « Je ne suis pas dans une attitude qui serait une espèce d’addiction par rapport au pouvoir. Je pense que mon rôle est de lancer des idées, de faire des propositions, de réfléchir à ce que pourrait être une vision dans une crise particulièrement grave » (Le Grand jury RTL, dimanche 11 octobre 2020). Donc l’Ex ne se place pas dans une logique de candidature présidentielle… Il préfère « lancer des idées »… On ne peut que lui donner raison. Échapper au ridicule s’impose lorsque le sondage IFOP en question vous crédite de 7% des intentions de vote et vous place en cinquième position derrière Marine Le Pen (24%), Macron (23%), Bertrand (16%) et Mélenchon (10%). Il est également vrai que seules 17% des personnes interrogées souhaitent « voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir » à Hollande (Kantar, Le Figaro magazine, 2 octobre 2020). La messe est dite.

Dominique Raimbourg croit avoir trouvé la solution. Établir un « projet qui fait le compromis entre la nécessité d’une certaine croissance et la protection de la planète. Des maires ont déjà fait ce travail-là, comme à Nantes et à Rennes. Johanna Rolland et Nathalie Appéré ont de l’envergure. Et à Paris, Anne Hidalgo a su s’imposer » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 1er octobre 2020).

À coup sûr, Raimbourg oublie une chose importante : l’élection présidentielle et les élections municipales forment des compétitions bien différentes, n’obéissant pas aux mêmes ressorts. Mesdames Appéré, Rolland et Hidalgo réussissent à gagner les élections dans leur ville grâce à une base sociologique bien particulière – les classes populaires sont faiblement représentées. Jérôme Fourquet, qui dirige le département opinion de l’IFOP, rappelle un principe de base : « Marine Le Pen fait un score astronomique chez les ouvriers, Mélenchon en retient un peu, mais la gauche est sociologiquement centrée sur les électeurs de la classe moyenne et de la classe moyenne supérieure. » (Le Monde, samedi 17 octobre 2020).

Le mariage socialo – écolo, ne fera pas de miracle

Donc ce qui est vrai électoralement à l’échelon de Nantes, Rennes ou Paris, ne l’est pas dans le cadre de la République française. Là, les classes populaires représentent, si l’on s’en tient aux catégories professionnelles « ouvriers » et « employés », 53% de la population active selon les chiffres de l’Insee. Au total, plus de 13 millions de salariés : six millions d’ouvriers et sept millions d’employés, auxquels il faut ajouter leurs familles (Libération, 12 décembre 2006). Dans ces conditions, avec un mariage socialo – écolo, on ne fera pas de miracle.

Une nouvelle fois, le sondage IFOP nous remet les pieds sur terre ; en cas de candidature unique de la gauche au premier tour de la présidentielle, Anne Hidalgo se contenterait d’un petit 13% des suffrages et se classerait quatrième derrière Marine Le Pen (26%), Emmanuel Macron (25%) et Xavier Bertrand (18%).

La conclusion revient évidemment à Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Participant à un forum sur la « social-écologie » à Haute-Goulaine (Loire-Atlantique), il avait déclaré : « Je ne suis pas venu apporter la parole d’un parti politique, mais celle d’un camp », celui de la gauche, « un camp politique à un moment charnière, celui de sa possible disparition » (Presse Océan, lundi 18 novembre 2019). Pessimisme excessif puisque les récentes élections municipales montreront que la gauche « socialiste » conserve des fiefs. Des poches de résistance qui permettent au PS de continuer à exister, même s’il doit devenir un parti résiduel comme le PCF.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
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