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Noël : en Belgique, pas de messe de minuit et 15 fidèles maximum dans les églises

Grâce aux fidèles nantais et à ceux qui se sont bougés partout en France, les catholiques français l’ont échappé belle. Ils ont des messes depuis fin novembre, et auront de nombreuses messes de Noël, les diocèses ayant mis le paquet pour dédoubler les messes du soir (18, 19, 21h) et organiser bien plus de messes de minuit qu’à l’accoutumée. En Belgique pendant ce temps, le désert spirituel est aussi religieux : les fidèles et les prêtres n’ont pas de messe de minuit, et sont limités à 15 lors des messes.

Le Conseil d’État belge rejette trois recours le 22 décembre

Le recours introduit au conseil d’état belge par le prêtre de la basilique de Koekelberg – une commune bilingue à la sortie de Bruxelles, sur la route de Gand – et six autres prêtres a été rejeté le 22 décembre dernier.

 Le Conseil d’État a en fait rejeté trois recours, explique le blog Belgicatho : «Il y avait trois recours en lice. Le nôtre (porté par le même groupe de jeunes [catholiques] complété de 3 prêtres catholiques et 3 prêtres orthodoxes roumains), un recours porté par une asbl et un prêtre de la fraternité St Pie X, et enfin un recours porté par un laïc et un prêtre catholique, un orthodoxe et un musulman. Notre recours était porté en langue néerlandaise, les deux autres en langue française ».

Le groupe de jeunes catholiques qui a déposé le recours déplore l’arrêt du Conseil d’Etat belge : « Nous sommes doublement déçus de cet arrêt. Tout d’abord de ne pouvoir jouir de notre droit constitutionnel à la liberté de culte, en particulier pour la fête de Noël. Alors qu’une chaîne de grands magasins peut accueillir plus de 2000 personnes en ses murs pour les courses de Noël, la basilique de Koekelberg – un des plus grands édifices religieux du monde [10.000 m² de surface]– ne pourra en accueillir qu’une quinzaine pour célébrer la naissance du Christ. Par son arrêt, le Conseil d’État consacre ainsi douloureusement la transformation de Noël en une fête consumériste, dont le (bon) sens a disparu.

Ensuite, en tant que citoyens, nous ne pouvons qu’être inquiets du peu de cas que fait le pouvoir exécutif des libertés constitutionnelles, en particulier de la liberté de culte. Le gouvernement ne peut contourner ces droits en décrétant une mesure aussi vexatoire et ridicule que la limite de 15 personnes, qui équivaut à une interdiction de fait du culte et s’applique en dépit de tout bon sens à nos chapelles comme à nos vastes cathédrales ».

Des évêques et des fidèles à plat ventre devant les dictateurs sanitaires

Timide début de résistance qui arrive bien tard, alors qu’en Belgique curés, évêques et fidèles ont continué à se soumettre passivement à la dictature sanitaire, encore moins efficace qu’en France puisque la Belgique détient le record de décès du coronavirus aux 100.000 habitant.

Pis, les belges ont un couvre-feu plus restrictif qu’en France : s’il est suspendu dans la nuit du 24 au 25, notamment pour permettre l’accès aux messes de minuit et le retour des fidèles, en France, les Belges sont sous couvre-feu à minuit dans tout le pays et à 22 h à Bruxelles.

Du reste, le gouvernement a tort de se gêner. Après qu’il ait annoncé le 29 novembre maintenir jusqu’au 15 janvier la suspension des messes jusqu’au 15 janvier, la conférence des évêques belges a sorti l’eau tiède pour exprimer sa colère. Elle a décrit ces mesures inutilement liberticides comme une « limitation au vécu de la foi » des fidèles. On aura connu plus énergique, même parmi des évêques comme Mgr Wintzer (Poitiers) qui n’ont pas hésité à brocarder les fidèles énervés par la suspension des cultes en France.

C’est finalement… la communauté juive qui a mené le combat juridique en Belgique. La communauté juive d’Anvers a obtenu début décembre au conseil d’état belge une jauge de 15 personnes, enfants de moins de 12 ans non compris. Il y a eu cependant au moins un rassemblement de fidèles catholiques pour la messe, signalé par le blog Belgicatho.be, mi-décembre.

Un marguilier s’en étonnait sur internet : « L’histoire retiendra qu’en Belgique, terre historiquement chrétienne, les Juifs – et non les catholiques -, ont obtenu la reprise des célébrations collectives à l’approche de Noël. Les restrictions à la liberté de culte – dont l’interdiction de la messe en public – étaient donc inconstitutionnelles. C’était l’évidence même … nous étions le seul pays d’Europe à être sous le joug cette interdiction…

[…] Fort heureusement quelques associations de catholiques ont sauvé l’honneur, en saisissant les juridictions civiles parallèlement […] Contrairement à la France, la Conférence épiscopale s’est abstenue de participer à toute action judiciaire en vue d’obtenir la reprise des messes. Elle n’a donné aucune consigne ni encouragé les catholiques à se mobiliser à ce propos. […]Nous avons besoin de pasteurs… et nous avons le sentiment d’être laissé pour compte ».

Des fidèles laissés pour compte, et des évêques qui découragent d’aller à la messe…

Quant aux évêques, leur réaction s’est bornée en réalité à demander qu’on sonne les cloches le jour de Noël à midi dans toute la Belgique. Ils communiquent : « Les Evêques de Belgique : ‘Le message de Noël résonne même en temps de pandémie : Dieu nous est proche dans son humanité, Jésus vient partager notre condition humaine, l’Esprit nous tire de la peur et de l’insécurité et nous pousse à être solidaires des plus pauvres ». Dommage qu’ils n’ont pas lu et qu’ils ont eu peur, comme l’écrasante majorité de ce qui reste de fidèles catholiques belges, de se battre pour avoir un Noël vraiment chrétien.

Le 10 décembre, leur communiqué commun suite à l’instauration d’une jauge de 15 personnes dans les églises annonçait en effet : « Les messes de minuit n’auront pas lieu suite au couvre-feu. En semaine aussi, l’eucharistie pourra être célébrée selon les mêmes règles […] Les Évêques soulignent que ce léger assouplissement du confinement ne doit nullement donner l’impression d’une diminution de la gravité de la pandémie. Une fois de plus, ils expriment leur solidarité avec le Gouvernement, le secteur des soins de santé et tous ceux qui luttent sans relâche contre le virus. Ils méritent tout notre soutien ». Commentaire de Belgicatho : « Pitoyable. Une attitude indigne qui rappelle celle du clergé jureur aux heures les plus sombres de la Révolution, attitude qui semblerait être pilotée par les évêques du nord du pays ».

Et ils ont appelé les fidèles… à ne pas aller aux messes :  « Laissez votre foi s’éteindre à petit feu dans le confort de vos maisons », dresse le bilan Belgicatho, le 10 décembre : « La pratique religieuse ne se remettra sans doute jamais de ces mois de confinement durant lesquels on s’est habitué à ne plus se rendre dans nos églises. Les mesures imposées par l’autorité politique avec l’acquiescement d’évêques dociles et passifs constituent un véritable éteignoir pour la flamme vacillante d’une foi en recul constant dans notre société déchristianisée ».

Avec ses manifestations à répétition – pour la messe, contre la loi sécurité globale, pour la défense de l’école à la maison, ou contre des projets certes créateurs d’emplois, mais destructeurs d’environnement, la France est certes un pays contestataire. Mais vis-à-vis de certains pays européens qui ont attiré des dizaines de milliers d’expatriés ces dernières années, la France apparaît maintenant comme un ilot salvateur de liberté, malgré les masques, malgré l’installation de l’état d’urgence sanitaire dans la durée.

Peut-être parce que ses habitants, quelle que soit la cause qui les mobilise, souhaitent plus qu’ailleurs ne pas être que des contribuables, mais aussi des citoyens, donc des défenseurs des libertés publiques.

Louis Moulin

Crédit photo :DR
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