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Chronique littéraire. La souciance, par Éric-Louis Henri

La souciance est présentée comme un roman, mais cette qualification est quelque peu fallacieuse. Dans ce livre, il n’y a pas d’histoire, avec un début, une fin, voire éventuellement un suspense qui court tout au long du livre. Il n’y a pas vraiment de plan, à peine distingue-t-on une chronologie en arrière-plan. La souciance est avant tout un produit philosophique, à l’image de son auteur, Éric-Louis Henri qui se décrit comme philosophe de formation, spécialiste du postmodernisme et du mangement participatif. Il parcourt le monde au service des projets d’entreprises.

Dans la souciance dont on ignore la part autobiographique et celle qui est inventée, un couple parcourt le monde. On parle surtout de lui, à peine d’elle. Il a eu une enfance bourgeoise, élevé chez les jésuites. Il décrit sa mère comme une Folcoche à la Hervé Bazin, il l’a fuit à 18 ans pour suivre des études universitaires. Quand il était jeune, avec sa sœur, il s’était lié à la femme de ménage au grand désespoir de sa mère et la servante lui a plus apporté que sa génitrice. Il a déjà eu plusieurs compagnes, mais la dernière semble celle avec qui il va vieillir. Il a l’habitude curieuse d’emmener avec lui des cailloux rencontrés lors de ses pérégrinations. Le couple voyage au gré de ses envies sans avoir de plan bien défini. Il a testé autrefois un séjour organisé dans une contrée paradisiaque, mais ce dernier les a laissés sur leur faim. Ils préfèrent se fier désormais au hasard et le hasard les amène dans un village niché entre la mer et la montagne, probablement dans une île grecque, même si cela est suggéré et pas clairement indiqué. Le village est dépourvu de tout commerce, pour déguster un petit déjeuner, il faut gagner le café d’un hameau voisin. Beaucoup de ses maisons sont inoccupées et en ruine, il ne reste que quelques habitants. Le couple se sent aspiré par ce village, les cailloux d’eux même de la valise, comme pour indiquer que la quête est terminée. On leur offre une clé d’une maison où ils s’installent, ils finiront par l’acheter. Ils y fixent leur domicile principal, même s’ils continuent à s’accorder quelques moments d’escapade dans le vaste monde.

Le temps semble suspendu, ils montent un blog pour partager grâce à Internet leur coup de coeur, ils découvrent une bibliothèque où chacun peut prendre un livre et en déposer un autre, ils font des rencontres, un notaire, un professeur, le maire qui veut dynamiser son agglomération. On retrouve pour ceux qui ont plus de soixante ans, l’ombre de Pierre Bonté qui officiait sur Europe 1 avant de devenir le compère de Jacques Martin. Pierre Bonté avait l’art de présenter des petits villages inconnus et d’en faire savourer toutes les richesses.

La souciance est très bien écrit, dans un style élégant, sa lecture procure du plaisir à ceux qui savent apprécier la richesse de notre langue, ses trésors et sa poésie.

La souciance Éric-Louis Henri, éditions du Panthéon 12,9 € (à commander ici)

Christian de Moliner

Crédit photo : DR
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