Cancers du poumon : ces cellules mutées qui aggravent la maladie selon une étude anglo-américaine

Une étude publiée le 24 avril 2025 dans le New England Journal of Medicine et repérée par Le Monde vient bouleverser notre compréhension de certains cancers, notamment celui du poumon. Coordonnée par le professeur Charles Swanton, une équipe de chercheurs britanniques et américains met en évidence un facteur insoupçonné de rechute et de mortalité accrue : l’infiltration tumorale par des cellules immunitaires mutées issues du sang.

Des mutations liées au vieillissement déjà connues

Avec l’âge, il est courant que des mutations s’accumulent dans les cellules sanguines, un phénomène appelé clonal hematopoiesis of indeterminate potential (CHIP). Si la plupart des porteurs ne développent jamais de cancer, ces anomalies génétiques sont désormais reconnues comme un marqueur du vieillissement. On estime qu’à 60 ans, environ 5 % de la population est concernée ; un chiffre qui grimpe à 15 % à 80 ans.

Mais ce que l’on savait moins, c’est que ces cellules sanguines mutées peuvent migrer vers les tumeurs solides et s’y installer. Ce processus, baptisé tumor-infiltrating clonal hematopoiesis (TI-CH), pourrait jouer un rôle direct dans l’aggravation de certains cancers.

Des macrophages mutants qui pénètrent la tumeur

L’étude menée sur 421 patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) a mis en évidence que près de la moitié des porteurs de mutations CHIP présentaient également une infiltration tumorale de ces cellules. Ces dernières, principalement des macrophages dérivés de monocytes du sang, portaient fréquemment une mutation du gène TET2, connue pour favoriser l’inflammation chronique.

Ces macrophages altérés semblent créer un environnement immunitaire favorable à la progression de la tumeur. Les patients atteints présentent une probabilité de rechute ou de décès accrue de 62 % par rapport aux autres malades, selon les résultats du TRACERx study.

Une confirmation à grande échelle aux États-Unis

Pour vérifier ces observations, les chercheurs ont analysé les données de plus de 49 000 patients atteints de tumeurs solides et traités au Memorial Sloan Kettering Cancer Center à New York. Verdict : environ un quart des patients porteurs de mutations CHIP montraient une infiltration tumorale par ces cellules mutées, avec un risque de décès accru de 17 %.

Les cancers les plus concernés sont ceux du poumon, de la plèvre, du pancréas, de la tête et du cou, là où ces macrophages mutants semblent proliférer davantage. Les tumeurs du sein, du côlon ou du cerveau sont nettement moins touchées.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont conduit des expériences sur des organoïdes (mini-tumeurs cultivées en laboratoire) et sur des souris. À chaque fois, l’ajout de macrophages porteurs de la mutation TET2 augmentait significativement la croissance tumorale. Chez les rongeurs, la présence de ces cellules mutées dans le sang entraînait une infiltration massive des tumeurs, validant le lien entre mutations hématopoïétiques et progression cancéreuse.

Vers de nouvelles stratégies thérapeutiques ?

Ces résultats ouvrent des pistes thérapeutiques encore inexplorées. L’idée serait de cibler spécifiquement ces macrophages mutants, ou de bloquer les médiateurs de l’inflammation qu’ils produisent, comme l’interleukine 1 (IL-1). Certains anticorps ou inhibiteurs pourraient être développés dans ce but, dans une logique de médecine personnalisée pour les patients à haut risque.

Si le risque accru reste relatif (entre 17 et 60 % selon les cas), les chercheurs insistent sur le fait qu’il est significatif à l’échelle des grandes cohortes. Pour les cancérologues, ces travaux représentent un tournant dans l’analyse des rechutes et des résistances au traitement, notamment pour les cancers du poumon.

Crédit photo : DR
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Une réponse à “Cancers du poumon : ces cellules mutées qui aggravent la maladie selon une étude anglo-américaine”

  1. Brounahans l'Alsaco dit :

    Encore une étude faite par les gens qui sont censés nous guérir et qui, en nous guérissant, tariraient leurs confortables revenus ! Vouloir guérir qui que cela soit de quoi que cela soit sans s’attaquer aux causes des troubles induits est une flagrante imposture ! Mais bon, il faut bien entretenir la légende du miracle médical et surtout ne pas remettre en cause les dogmes de la blouse blanche !

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