Avec 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, le marché français des jeux d’argent confirme sa place de 4ᵉ acteur européen. Un essor porté par les paris sportifs en ligne… mais qui suscite des inquiétudes pour 2025.
L’année 2024 aura été florissante pour le marché des jeux d’argent et de hasard en France. Le produit brut des jeux (PBJ) atteint 14 milliards d’euros, en progression de 4,7 % par rapport à 2023. Cette dynamique concerne l’ensemble des segments, avec en tête la loterie et les paris sportifs en ligne, dopés par l’Euro de football et les Jeux olympiques de Paris.
Paris sportifs en ligne : un moteur de croissance
Le marché en ligne affiche un record historique, avec un PBJ de 2,6 milliards d’euros (+12 %). Ce sont surtout les paris sportifs en ligne qui tirent la croissance : 1,76 milliard d’euros de PBJ (+19 %), pour plus de 10 milliards d’euros de mises engagées. Le nombre de comptes joueurs actifs (CJA) progresse de 13 %, confirmant une tendance à la jeunesse et à la féminisation du profil des parieurs. Les sports les plus prisés sont le football, le tennis, le basketball et le rugby, qui concentrent à eux seuls 87,5 % des mises.
Les opérateurs n’y sont pas étrangers : leur stratégie commerciale agressive, avec des campagnes publicitaires massives (+11 % de budget), des gratifications financières et des ventes croisées, a fortement encouragé l’augmentation des mises.
FDJ et PMU : trajectoires contrastées
Le groupe FDJ United consolide sa position de leader avec plus de 7 milliards d’euros de PBJ (+6 %), notamment grâce à la loterie. À l’inverse, le PMU, en situation de monopole sur les paris hippiques, accuse une baisse de 2 %, malgré un nombre de joueurs en hausse (3,5 millions).
Les casinos connaissent une légère progression avec 2,7 milliards d’euros de PBJ (+1,2 %) et un nombre d’entrées stable à 31 millions.
Un marché à surveiller de près en 2025
Si les chiffres sont au vert, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) s’inquiète déjà des effets collatéraux d’un marché toujours plus intensif. L’absence de grands événements sportifs en 2025, combinée au maintien d’une pression publicitaire élevée, pourrait encourager une sollicitation excessive des joueurs, notamment les plus vulnérables.
Par ailleurs, la nouvelle fiscalité, avec une taxe de 15 % sur les dépenses publicitaires des opérateurs de paris sportifs, pourrait infléchir leur stratégie commerciale. Autre sujet à suivre : l’expérimentation à partir de septembre 2025 des jeux à objets numériques monétisables (JONUM), encadrée par la loi SREN. Une évolution à surveiller de près pour éviter les dérives vers un jeu plus addictif.
Pour Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ, deux chantiers sont prioritaires : réduire l’intensité du jeu d’argent et lutter contre sa banalisation dans la société. Une mise en garde alors que le marché ne montre aucun signe de ralentissement.
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