Châteaulin attendait une démonstration de force du local de l’étape, Valentin Madouas, sur les boucles de l’Aulne. C’est finalement un Anglais de 24 ans, aux yeux bleu acier et au panache bien aiguisé, qui a fait chavirer les cœurs et bousculé les certitudes. Lewis Askey, coureur de la formation Groupama-FDJ, a remporté ce jeudi 8 mai sa toute première victoire professionnelle, à l’issue d’un final nerveux et tactiquement maîtrisé. Un coup de bluff et de jarret, lancé à 500 mètres de la ligne d’arrivée, qui lui permet d’ouvrir son palmarès au nez et à la barbe des cadors.
Une course animée par les hommes de Madiot
Le scénario avait pourtant été écrit autour d’un autre nom : celui de Valentin Madouas, vice-champion olympique et enfant du pays. Dès les premières difficultés, la Groupama-FDJ s’est attachée à durcir la course, notamment dans les ascensions répétées du Menez Quelerc’h, théâtre habituel des offensives dans les Boucles de l’Aulne. Madouas, très actif dans le final, a tenté à plusieurs reprises de faire exploser le peloton, mais ses efforts n’ont pas suffi à créer un écart décisif.
Et c’est alors que tout le monde regardait le Breton que le plan B s’est enclenché.
Encore méconnu du grand public, Lewis Askey n’est pourtant pas un inconnu chez les amateurs de classiques flandriennes. Vainqueur de Paris-Roubaix juniors en 2018, passé par la réserve de la Groupama-FDJ, il a souvent brillé par sa fougue… sans jamais lever les bras. Sur une arrivée en faux-plat montant, dans une Grand-Rue pavée aussi piégeuse que symbolique, Askey a lancé son offensive au sortir du dernier virage. Un geste instinctif, audacieux, et surtout terriblement efficace : personne ne reviendra. En quatre heures, seize minutes et vingt-six secondes, le Britannique a bouclé les 183 kilomètres de course, devançant Benoît Cosnefroy (Decathlon-AG2R La Mondiale) de deux secondes et Clément Venturini (Arkéa-B&B Hôtels) de la même marge.
Son directeur sportif, Frédéric Guesdon, soulignait une performance pleine de maturité : « Il a été irréprochable dans son placement. C’est une qualité rare, surtout dans un sprint en montée comme celui-là. Il mérite cette victoire depuis longtemps. »
Un tremplin pour la suite ?
Askey rejoint ainsi la liste des vainqueurs de prestige de cette épreuve bretonne, et surtout, lance idéalement la semaine de cyclisme en Bretagne, qui se poursuit avec le Tour du Finistère, le Grand Prix du Morbihan et l’incontournable Tro Bro Leon. Pour l’Anglais, cette victoire pourrait être le déclic attendu : « J’espère que c’est le début d’une série. Tout le monde me dit que la première est la plus dure. Maintenant, je sais que je peux le faire. »