À peine nommé, Alexander Dobrindt, nouveau ministre allemand de l’Intérieur, a ordonné une mesure sans précédent depuis 2015 : la police fédérale est désormais chargée de refuser l’entrée aux migrants sans papiers, même si ceux-ci demandent l’asile. Seuls les groupes vulnérables (femmes enceintes et enfants) sont exemptés. L’annonce, faite le 7 mai, marque un retour à une politique de contrôle strict, abrogeant une directive adoptée oralement en août 2015 au plus fort de la crise migratoire. Cette dernière autorisait, de fait, l’entrée sur le territoire de tout demandeur d’asile, même sans documents.
Selon l’hebdomadaire allemand Junge Freiheit, cette directive est restée en vigueur 3 533 jours avant d’être formellement révoquée. Alexander Dobrindt, membre de la CSU bavaroise, a donné instruction à la police fédérale de renforcer ses effectifs : 2 000 à 3 000 agents supplémentaires viendront s’ajouter aux 11 000 déjà présents. Objectif : accroître les refus d’entrée aux frontières terrestres, notamment avec la Pologne, la Tchéquie, ou encore la Suisse. Le journal Le Parisien précise que le gouvernement allemand s’appuie sur le droit européen, qui autorise le refoulement de demandeurs d’asile arrivant de pays tiers considérés comme sûrs, ce qui est le cas de tous les pays limitrophes de l’Allemagne.
Une décision à forte portée politique et diplomatique
Le tour de vis migratoire n’est pas qu’une affaire intérieure. À Varsovie, Donald Tusk a exprimé sa préoccupation, appelant à préserver la cohésion de Schengen. Ces nouvelles directives interviennent dans un contexte de tension croissante au sein de l’UE sur la gestion des flux migratoires.
Sur le plan interne en Allemagne, la mesure répond à une pression électorale croissante. L’AfD, en tête de plusieurs sondages récents, a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille. Le gouvernement Merz tente ainsi de reprendre l’initiative sur un terrain qui lui échappe. Pourtant, même au sein de l’AfD, on dénonce une mise en œuvre insuffisante. Une vidéo virale postée sur X critiquait récemment des contrôles « sporadiques », accusant le gouvernement allemand de poursuivre une politique d’apparence.
Nachdem uns gestern @Bild erklärte, wir seien zu früh an der Grenze gewesen, haben wir nochmal nachgesehen. Es gibt sporadische Grenzkontrollen – die gab es jedoch in gleicher Form schon während der Ampel-Regierung. Von mehr Grenzschutz kann auch heute keine Rede sein. pic.twitter.com/eCre8LDKSR
— Alice Weidel (@Alice_Weidel) May 8, 2025
Vers un tournant structurel ?
Depuis octobre 2023, plus de 10 000 personnes ont déjà été refoulées, selon la police fédérale, et 53 000 depuis un an, selon l’ancienne ministre Nancy Faeser. Des contrôles avaient été rétablis progressivement aux frontières avec l’Autriche, le Danemark ou les Pays-Bas, mais Berlin franchit désormais un cap.
En affirmant que l’entrée sur le territoire ne garantit plus l’examen de la demande d’asile, le gouvernement fédéral change de paradigme. Reste à voir si ce durcissement sera suivi d’effets.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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Une réponse à “Allemagne. Berlin durcit le ton sur l’immigration : vers des refoulements systématiques à la frontière [Vidéo]”
« Sauf les femmes enceintes et les enfants »…donc, une fois sur place le père pourra rejoindre la famille grâce au regroupement familial !