L’affaire remonte à novembre 2023 mais n’a été révélée que récemment . Julian Foulkes, 71 ans, retraité de la police britannique, n’imaginait sans doute pas que publier un commentaire sur les réseaux sociaux lui vaudrait d’être arrêté, interrogé pendant huit heures, et marqué au fer rouge par une « caution policière » désormais annulée. Son crime ? Avoir critiqué sur X la montée de l’antisémitisme en Grande-Bretagne.
L’affaire, révélée récemment par The Telegraph, remonte à novembre dernier. Dans un message publié en réaction à l’attaque d’un aéroport du Daghestan par une foule antisémite en quête de passagers juifs, Foulkes écrivait avec ironie : « Un pas de plus et ils seront à Heathrow pour chercher des passagers juifs ». Il réagissait à un militant pro-palestinien menaçant de poursuivre l’ex-ministre de l’Intérieur Suella Braverman, qui avait qualifié certaines manifestations anti-israéliennes de « marches de haine ».
Le message de Foulkes, visionné 26 fois seulement, n’avait été ni signalé par un citoyen, ni viral. C’est pourtant la section « renseignement » de la police métropolitaine qui l’a transmis à Kent Police, déclenchant une procédure d’une rare brutalité. Foulkes a vu débarquer chez lui une équipe de policiers, sa maison a été fouillée, ses lectures examinées (des exemplaires du Spectator, l’essai The War on the West de Douglas Murray… jugés « très Brexit » par les agents), avant qu’il ne soit placé en garde à vue.
🚨WATCH: Body-worn camera footage of Kent Police searching FSU member Julian Foulkes’s home — all because of a perfectly lawful tweet.
“Very Brexity things,” murmurs one agent of the state, while browsing the pensioner’s bookshelves. Then, glancing at a Eurosceptic tome on… https://t.co/4gJHdF8sMB pic.twitter.com/xkJynbjUj1
— The Free Speech Union (@SpeechUnion) May 11, 2025
🚨 BREAKING: “Police face lawsuit after former officer arrested over ‘thought crime’ tweet.”
As reported in The Telegraph, the FSU is backing one of our most disturbing cases yet.
Julian Foulkes, 71, a retired Special Constable, was arrested at home by six officers, detained… pic.twitter.com/27drMXKwnV
— The Free Speech Union (@SpeechUnion) May 11, 2025
Interrogé par le Telegraph, Foulkes dénonce une erreur d’interprétation manifeste : « Mon message était justement une critique de l’antisémitisme, pas l’inverse. Si les policiers avaient pris deux minutes pour lire tout l’échange, ils l’auraient compris. »
Liberté d’expression en péril
Craignant de se voir poursuivi en justice, ce qui aurait pu compromettre ses visites à sa fille en Australie, Foulkes a accepté une « caution », équivalent d’un avertissement formel au Royaume-Uni. Il mesure aujourd’hui la gravité de ce qu’il considère comme une dérive inquiétante : « La liberté d’expression est clairement attaquée dans ce pays. Je n’ai jamais vu cela de mon temps dans la police. »
L’affaire a pris une nouvelle tournure ce week-end. La Free Speech Union (FSU), organisation de défense de la liberté d’expression fondée par Toby Young, a annoncé qu’elle allait soutenir l’ex-policier dans une action judiciaire contre la police de Kent, pour arrestation abusive et atteinte à sa liberté individuelle.
Pour Toby Young, cette affaire illustre un phénomène plus large : « La police britannique agit comme la branche armée du politiquement correct. Dès qu’un citoyen exprime une opinion contraire au dogme progressiste, des militants signalent ses propos pour harcèlement ou discours de haine. Et les forces de l’ordre s’en mêlent, sans qu’aucun crime réel n’ait été commis. »
Pendant ce temps, dénonce-t-il, les délits bien concrets – vols, agressions, cambriolages – se multiplient sans réelle réponse.
Face au tollé suscité par l’affaire, Kent Police a finalement reconnu son erreur : la mise en garde de M. Foulkes a été supprimée de son casier, et des excuses officielles lui ont été présentées. « Nous regrettons la détresse causée et la manière dont l’enquête a été menée », a déclaré la police.
Mais pour beaucoup, le mal est fait. Cette affaire résonne comme un signal d’alarme : dans une société britannique de plus en plus soumise à la censure des « bonnes pensées », les opinions dissidentes — même exprimées avec humour ou ironie — peuvent désormais mener à la cellule. Une réalité qui rappelle à quel point les piliers de la liberté, si chère à l’histoire britannique, vacillent désormais sous les coups de boutoir d’un nouvel ordre moral.
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