La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier les premières fiches de son panorama annuel consacré aux établissements de santé en France. Cette série de données très détaillées offre une photographie précise des enjeux actuels : économie des cliniques, place des hôpitaux dans les dépenses de santé, coût des médicaments innovants, maternités… Breizh-info.com lance aujourd’hui une série d’articles pour en extraire l’essentiel, au plus près de la réalité hospitalière française.
Une part considérable de la consommation de soins
En 2022, les établissements de santé représentaient 45 % de l’ensemble des dépenses de soins des Français, soit environ 116 milliards d’euros sur les 258,5 milliards consacrés à la Consommation de soins et de biens médicaux (CSBM). Environ 58 % de cette part sont à mettre au compte des établissements publics, 25 % aux cliniques privées à but lucratif, et 17 % aux établissements privés non lucratifs.
Fait notable : 61 % des soins hospitaliers sont réalisés sans hébergement, c’est-à-dire lors de passages en hôpital de jour ou en consultations externes. Cela reflète une tendance à la réduction des durées de séjour mais aussi au recentrage sur des soins techniques et ambulatoires, au détriment parfois du suivi humain.
L’explosion des coûts des médicaments et dispositifs innovants
Les médicaments coûteux (appelés « médicaments onéreux ») ainsi que les dispositifs médicaux implantables pèsent lourdement sur les budgets hospitaliers. En 2022, les établissements de santé ont dépensé 5,6 milliards d’euros pour ces produits, soit 11 % de leurs achats.
Trois spécialités concentrent les deux tiers de cette dépense : l’hématologie (24 %), la cancérologie (23 %) et la rhumatologie (17 %). L’évolution est rapide : le nombre de médicaments concernés par une prise en charge spécifique a doublé en dix ans. Dans les hôpitaux, plus de 600 références sont suivies sous ce régime, en constante augmentation.
Quant aux dispositifs médicaux, la moitié des dépenses concerne les valves, les endoprothèses et les pacemakers. Ils sont remboursés à 100 %, mais leur répartition est très variable selon les régions et les spécialités, ce qui interroge sur l’égal accès aux soins.
Les maternités en première ligne malgré les fermetures
En 2022, 708 000 accouchements ont eu lieu dans 421 maternités. 30 % des établissements concentrent 70 % des naissances. La tendance de fond est celle d’une concentration accrue : le nombre de maternités diminue et la taille moyenne augmente, posant la question de l’accessibilité territoriale, notamment en milieu rural.
Les accouchements sont plus médicalisés qu’avant : 20 % par césarienne, 23 % après déclenchement. 12 % des mères sont hospitalisées plus de 4 jours, souvent pour des complications. Le recours à l’hôpital public reste très majoritaire (66 % des naissances), mais les cliniques privées restent actives (25 %).
Les cliniques privées en tension économique
Le panorama révèle également les fragilités économiques des cliniques à but lucratif. En 2022, leur taux de marge brut a chuté à 6,4 %, contre 9,5 % en 2021. Cela s’explique notamment par la hausse du coût de l’énergie, des salaires et des charges de fonctionnement. Leur endettement est élevé (1,1 milliard d’euros à fin 2022), et les besoins d’investissement sont considérables.
Pourtant, ces établissements assurent un quart de l’activité hospitalière, souvent dans des conditions plus efficientes que le secteur public, mais avec une instabilité financière croissante.
Dans les prochains articles, Breizh-info.com s’intéressera plus en détail à chacun de ces axes : les maternités, la pression des médicaments innovants, la situation financière des cliniques, les urgences… et les réformes envisagées pour un système à bout de souffle.
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