Après des années de déni et d’accusations de « racisme » adressées à ceux qui réclamaient justice, le Premier ministre britannique Keir Starmer a fini par céder : une enquête nationale sur les réseaux de pédocriminels organisés, connus sous le nom de « grooming gangs », est officiellement lancée. Un revirement spectaculaire qui révèle l’ampleur du scandale et la profondeur du malaise au sein de l’État britannique.
Un tournant politique sous pression
Jusqu’à récemment, Keir Starmer, ex-directeur des poursuites judiciaires et actuel Premier ministre, qualifiait de manœuvres d’extrême droite les appels à une enquête nationale. Mais sous la pression de la société civile, des survivantes, de l’opposition et du rapport explosif de la baronne Louise Casey, le gouvernement britannique a été contraint de reconnaître l’évidence : les réseaux d’abuseurs ont prospéré dans un climat d’impunité alimenté par la peur de « stigmatiser » certaines communautés.
Désormais, une commission indépendante disposant de pouvoirs judiciaires va coordonner une série d’enquêtes locales dans les zones où l’État est accusé d’avoir fermé les yeux, voire couvert des crimes. Une opération de grande ampleur va également être menée par la National Crime Agency (NCA) pour rouvrir des dossiers classés sans suite.
Des faits connus et ignorés depuis des décennies
Le scandale des « grooming gangs » n’est pas nouveau. Dès les années 2000, des signalements évoquent des groupes d’hommes, majoritairement d’origine pakistanaise, impliqués dans le viol et l’exploitation de milliers de jeunes filles blanches, souvent vulnérables et issues des classes populaires. À Rotherham, plus de 1 400 enfants ont été abusés entre 1997 et 2013. À Telford, le chiffre dépasse les 1 000. D’autres villes comme Rochdale, Oldham, Oxford, Huddersfield ou Halifax ont été touchées.
Les enquêtes successives ont mis au jour des faits glaçants : enfants drogués, viols collectifs, menaces de mort, tentatives de meurtre, complicité de services sociaux… et une passivité souvent coupable de la part des institutions. Dans certains cas, la police a même arrêté les pères cherchant à libérer leur fille des griffes de leurs bourreaux.
Ethnicité des agresseurs : une réalité longtemps taboue
Le nouveau rapport de Louise Casey, qui a précipité le revirement de Starmer, évoque sans détour la dimension ethnique du phénomène. S’appuyant sur les données de plusieurs forces de police, elle confirme une surreprésentation notable des hommes d’origine sud-asiatique, notamment pakistanaise, dans les cas d’abus sexuels en groupe.
Cette réalité, longtemps occultée par crainte d’accusations de racisme, a conduit à ce que des preuves soient négligées, des victimes ignorées, et des responsables jamais inquiétés. Casey dénonce une culture de l’évitement dans les services publics, où l’idéologie du « vivre ensemble » a primé sur la protection des enfants.
L’hypocrisie politique éclate désormais au grand jour. Les critiques fusent, tant du côté des conservateurs que des défenseurs des victimes. La députée Sarah Champion, élue de Rotherham, parle d’une véritable « dissimulation » orchestrée par les échelons supérieurs de l’administration. Le procureur Nazir Afzal appelle à ne pas se contenter d’une enquête nationale : « Seuls les procès permettront une véritable responsabilité. »
Sammy Woodhouse, rescapée emblématique de Rotherham, exige des noms, des sanctions, et des excuses. « Pas une seule personne n’a été tenue responsable à ce jour », déplore-t-elle. « Nous sommes encore là, des décennies plus tard, à réclamer justice. »
Keir Starmer : de l’obstruction à la récupération ?
Le retournement de Keir Starmer soulève bien des questions. Lui qui accusait ses opposants de « faire le jeu de l’extrême droite » en demandant une enquête nationale tente aujourd’hui de s’ériger en champion de la transparence. Une manœuvre opportuniste, selon ses détracteurs, rendue inévitable par la publication imminente du rapport Casey et les révélations de plus en plus nombreuses sur les échecs de l’État.
L’ancien procureur avait pourtant en main les leviers d’action entre 2008 et 2013. Un dossier symbolique à Rochdale, clos malgré des preuves ADN, s’est poursuivi sous sa direction uniquement grâce à l’intervention de son subordonné Nazir Afzal. Aujourd’hui, Starmer affirme vouloir « aller au bout, où que cela mène », y compris sur les questions ethniques et les responsabilités des fonctionnaires.
La mise en place de l’enquête pourrait prendre plusieurs mois. Un président de commission devrait être nommé rapidement. Des critères précis pour déclencher des enquêtes locales seront établis. Mais nombre de victimes et d’observateurs demeurent sceptiques. Les précédentes enquêtes ont souvent été lentes, incomplètes, et sans conséquences pénales majeures.
Le Royaume-Uni est à la croisée des chemins. Soit l’enquête accouchera d’une véritable justice et d’un changement profond des mentalités. Soit elle ne sera qu’un écran de fumée de plus, pour enterrer l’un des pires scandales de son histoire contemporaine. A quand des excuses présentées à Tommy Robinson et à ses partisans ?
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
