Ils veulent nous anesthésier. Voilà le fond de l’affaire, qu’on se le dise. Ce ne sont plus seulement des journalistes militants ou des commentateurs émollients, ce sont désormais des législateurs. Des députés de gauche, investis par ce Nouveau Front Populaire dont l’infantilisme moral confine à la pathologie, déposent à l’Assemblée des propositions visant à réduire la couverture des faits divers dans les médias publics. C’est-à-dire à censurer, en bon français. Non pas la calomnie, non pas la rumeur, non pas le mensonge, mais la simple existence du réel quand celui-ci dérange l’idéologie.
On comprend bien ce que vise ce nouveau pas de clerc : empêcher que des affaires comme celle de la petite Lola ou du jeune Thomas ne viennent fissurer la fragile cathédrale du « vivre ensemble » qu’ils sont les seuls à voir. Ce qu’il faut, aux yeux de ces ingénieurs sociaux, ce ne sont pas des Français lucides mais des enfants sages, nourris au sirop des valeurs républicaines et bercés par les berceuses de l’égalitarisme. L’État moderne, aurait dit Carl Schmitt, est devenu un État-pédagogue. Nous y sommes plus que jamais.
Dans le même mouvement, comme en écho presque parfait à cette volonté de bâillonner les faits, surgit Novo19, la nouvelle chaîne du groupe Ouest-France, installée en Bretagne comme un thalassothérapie de la conscience hexagonale. Annoncée comme « positive » et « intelligente », elle se veut la vitrine apaisée des territoires, c’est-à-dire la salle d’attente climatisée de la décadence. Le casting en dit long : Claude Askolovitch, l’homme au regard humide dès qu’il parle d’un djihadiste repenti ou d’un déconstructeur de l’histoire nationale ; Manon Bril, militante pro-NFP qui raillait les « Français de souche » comme on moque les attardés, voilà les apôtres de la nouvelle télévision publique sous l’aile de l’ancien Ouest-Eclair, moralement validée, politiquement certifiée.
Quant à Claude Askolovitch, la présence de cet homme dans le paysage médiatique n’est pas seulement une erreur de casting : c’est une déclaration de guerre. L’ancien pigiste de Radio Shalom, devenu chroniqueur attitré de la repentance et apôtre de l’antifascisme de confort, a passé sa carrière à traquer dans chaque discours un « dérapage », dans chaque silence un « non-dit raciste », dans chaque conservatisme une dérive brune. Il accuse Éric Naulleau d’antisémitisme pour avoir cité Sartre, juge les jeunes nationalistes français « écœurants » tout en s’attendrissant sur les djihadistes à doudou, pleure sur la radicalisation islamique tout en défendant la candidate voilée de The Voice, et rêve d’une France où le 20h serait présenté par une jeune femme en hidjab. Il voit dans Alain Juppé une victime du « fascisme », dans Zemmour une « barbarie », dans les faits, une menace, dans le réel, un fantasme d’extrême droite. Son logiciel est simple comme une consigne de cellule : le bien est à gauche, le mal est dans le peuple. Et quand il ne peut pas censurer, il dénonce. Quand il ne peut pas dénoncer, il insinue. Quand il ne peut même plus insinuer, il geint. L’OJIM, l’Observatoire du journalisme, en a dressé le portrait, documenté, glaçant, révélant l’homme derrière la voix suave : militant masqué, curateur d’indignations à sens unique, moraliste professionnel du mensonge utile. [Lien]
Rien de bien nouveau, au fond, dans ce projet. Depuis des années, Ouest-France s’est fait le principal organe de la censure douce, maquillée en progressisme : on y efface les prénoms des criminels pour ne pas « stigmatiser » ; on y passe sous silence les émeutes pour ne pas « diviser » ; on y traite toute parole un tant soit peu à droite du parti socialiste comme relevant de la pathologie. Dans ce monde inversé, le réel est violent, donc il faut le dissoudre, non pas en le traitant, mais en le taisant.
À ce titre, le projet de Novo19 ne fait qu’étendre sur la sphère audiovisuelle cette politique du chloroforme idéologique. En substituant aux faits une régurgitation continuelle de « valeurs », en remplaçant l’analyse par l’édification morale, ils croient préserver la cohésion. Ils ne font que la détruire plus sûrement.
La France réelle, celle où les gens meurent, où les familles pleurent, où les policiers s’épuisent, ne regarde pas Manon Bril et n’écoute pas Askolovitch. Elle sait, même sans les journaux, même sans les chaînes d’État, ce qu’elle voit. Elle sait ce que veut dire prendre un train de banlieue à vingt-deux heures. Elle sait ce que veut dire être prof de collège en Seine-Saint-Denis. Elle sait qu’on ne vit pas « ensemble » par décret.
Et c’est cela, au fond, que cette gauche ne supporte pas : que le peuple sache avant elle. Alors, elle censure, elle efface, elle repeint en rose les murs d’un pays en feu. Elle croit qu’une image douce sur Novo19 fera oublier l’absence de sécurité, de maîtrise, de justice. Elle croit qu’en noyant le peuple dans l’eau tiède, elle empêchera l’explosion. Elle oublie que l’eau tiède, comme aurait pu le dire Spengler, ne fait que prolonger l’agonie des civilisations fatiguées.
Ce n’est pas la morale qui sauve un pays, ce sont les vérités. Même dures. Même inacceptables. Et quand elles éclatent au visage, ce ne sont pas des chroniqueurs compatissants ou des historiennes de plateau à l’eau de rose qui les feront disparaître. Elles resteront. Et elles finiront par balayer tout cela.
Balbino Katz
— chroniqueur des vents et des marées —
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2 réponses à “Chronique d’indignation : la tiédeur ne sauvera pas le réel”
ouest-france est devenu le champion du monde des brosses areluir edu systeme , normal quand on voit le s subventions qui attirent semble t il des islamo gauchistes par l’odeur alléchée !
Merci pour ce magnifique article ,comme tous les autres dont vous nous régalez.
A la troisième ligne je savais que c’était du Balbino Katz.
Le sujet est toujours fondamental, il n’y a que l’embarras du choix !
Le style est un régal, un pur plaisir,encore Merci.