Dans la torpeur estivale, une légère brise soulage l’exécutif : selon le dernier baromètre politique Ipsos BVA-CESI pour La Tribune Dimanche, Emmanuel Macron remonte de trois points dans l’opinion, atteignant 24 % de jugements favorables, tandis que son Premier ministre François Bayrou en regagne deux (19 %). Une embellie modeste, mais notable après des mois de défiance continue. Et surtout, cela signifie qu’une large majorité ne les supporte plus.
La majorité des Français continue de rejeter l’action présidentielle et gouvernementale, dans un contexte où la crise démocratique s’approfondit.
Pouvoir d’achat, délinquance, environnement : les inquiétudes évoluent
Fait marquant : les préoccupations des Français se déplacent. Si le pouvoir d’achat reste en tête (42 %), il recule de 6 points. La délinquance baisse aussi dans les priorités (34 %, -6 pts). En revanche, les inquiétudes liées à la dette publique (30 %, +4 pts) et à l’environnement (29 %, +5 pts) progressent nettement, dans un contexte de canicule et d’incertitude budgétaire.
Cette évolution du baromètre des angoisses collectives illustre une prise de conscience sur des enjeux structurels que le gouvernement semble, pour beaucoup, incapable de traiter.
Désormais juridiquement possible depuis le 8 juillet, une dissolution de l’Assemblée nationale est envisagée par 31 % des sondés. Une minorité, certes, mais significative. Les électeurs du Rassemblement national y sont largement favorables (51 %), ceux de La France insoumise également (41 %).
Et en cas de retour aux urnes ? Le RN et ses alliés sont en tête des souhaits de victoire (43 %), devant le Nouveau Front Populaire (29 %) et le « socle central » composé d’Ensemble et des Républicains (28 %). Une recomposition politique se dessine, avec une poussée populiste au détriment des blocs traditionnels.
Vers une proportionnelle ? Une attente majoritaire
Un chiffre frappe : 73 % des Français souhaitent que les prochaines élections législatives se déroulent à la proportionnelle. Ce souhait traduit une profonde remise en question de la représentativité actuelle, jugée biaisée par un mode de scrutin majoritaire qui marginalise des millions d’électeurs. L’idée d’une réforme du système électoral, portée depuis longtemps par certains partis comme le RN ou LFI, gagne donc en légitimité.
En projection présidentielle, Jordan Bardella et Marine Le Pen continuent de dominer le paysage. Tous deux suscitent 33 % de satisfaction en cas de victoire en 2027, loin devant Édouard Philippe (27 %). Toutefois, ils cristallisent également le rejet (respectivement 50 % et 51 % d’insatisfaits). À gauche, Raphaël Glucksmann atteint 19 %, à égalité avec François Hollande, mais sans effacer le rejet massif dont souffre ce dernier (57 % d’insatisfaits).
Côté ministres, Bruno Retailleau (36 %) et Gérald Darmanin (33 %) restent les figures les plus considérées, même si leur popularité reste relative et bien inférieure aux taux observés dans d’autres démocraties européennes.
Ce baromètre de juillet 2025 confirme le profond morcellement de l’opinion publique française. Le pouvoir tente de surnager, les oppositions radicales progressent, et les Français aspirent à une transformation des règles du jeu politique. Une majorité silencieuse reste à conquérir — et à écouter.
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