Immigration : un migrant afghan fait venir 22 membres de sa famille au Royaume-Uni grâce à une faille de sécurité

Un homme originaire d’Afghanistan a pu faire venir jusqu’à 22 membres de sa famille au Royaume-Uni, dans un contexte marqué par l’une des plus graves atteintes à la sécurité de l’histoire administrative britannique. Cette affaire, tenue secrète par une super-injonction judiciaire prolongée à la veille des élections générales de 2024, relance le débat sur les dérives du système d’accueil et les risques pour la sécurité nationale.

Quand une faille informatique devient un passeport pour l’exil

Tout commence en 2022, lorsqu’un agent du ministère de la Défense britannique transmet par erreur une liste confidentielle de près de 19 000 Afghans ayant demandé l’asile dans le cadre du programme destiné aux collaborateurs de l’armée britannique. Ces individus, pour la plupart d’anciens soldats ou traducteurs, sont alors considérés comme menacés par les Talibans.

Pour réparer l’erreur, le gouvernement met en place en mars 2023 une procédure d’urgence baptisée Afghanistan Response Route, visant à exfiltrer les personnes exposées par cette fuite. Mais très vite, ce dispositif se transforme en filière d’immigration massive.

Selon des sources gouvernementales citées par The Telegraph, certains réfugiés afghans ont fait venir entre 15 et 22 membres de leur entourage. Un chiffre bien supérieur à la moyenne déjà élevée de huit personnes par foyer, observée depuis le début du programme.

Face à l’ampleur des regroupements familiaux, le gouvernement britannique s’est vu contraint d’envisager des solutions extrêmes : comme fusionner deux logements militaires pour héberger une seule famille. Une manœuvre rendue possible en silence, alors qu’une super-injonction interdisait la divulgation des informations sensibles liées à l’affaire.

C’est à l’ancien ministre de la Défense, Sir Grant Shapps, que l’on doit cette opacité. Bien qu’il ait publiquement affirmé avoir été « surpris » par la prolongation de l’injonction, il aurait lui-même fait appel avec succès d’une décision judiciaire visant à la lever.

Quand « famille » ne veut plus rien dire

Le scandale prend une nouvelle dimension en novembre 2024, lorsqu’une juge britannique, Mme Justice Yip, décide que la notion de « membre de la famille » n’implique ni lien de sang ni relation juridique. Désormais, toute personne que le demandeur considère comme faisant partie de sa famille peut être éligible.

Cette jurisprudence fait exploser les critères du regroupement familial. Selon des documents judiciaires jusqu’ici tenus secrets, seulement 10 % des membres élargis sollicités étaient auparavant éligibles. Après cette décision, les services estiment que 55 % pourraient l’être, soit plus de 12 000 personnes, dont au moins 10 000 jugées auparavant non admissibles.

Des sources en Afghanistan ont alerté The Telegraph : dans la confusion générale, certains individus impliqués dans le vol d’armes sur les bases britanniques ou dans des trafics avec les Talibans ont réussi à embarquer vers le Royaume-Uni avec leur famille, profitant du chaos généré par la fuite de données.

Pendant ce temps, d’anciens officiers afghans ayant réellement combattu aux côtés des forces britanniques sont restés sur le tarmac.

Un sujet explosif pour un gouvernement divisé

La multiplication des arrivées a provoqué de vifs débats au sein du gouvernement britannique. Plusieurs ministres ont exprimé leur inquiétude face à la possibilité de voir le territoire inondé de demandeurs « frauduleux », difficilement contrôlables, avec à la clé un risque accru pour la sécurité nationale.

Si la solidarité envers les anciens alliés afghans ne fait pas débat, les critiques se concentrent sur une politique migratoire jugée hors de contrôle, sur fond de pressions judiciaires, d’idéologie droits-de-l’hommiste et de naïveté bureaucratique.

Ce nouveau scandale, au croisement de l’humanitaire, du droit international et de la sécurité intérieure, illustre les failles béantes d’un système migratoire européen sous tension. Il interroge sur la capacité des États à protéger leur souveraineté sans renier leurs devoirs – et sur les conséquences à long terme d’un laxisme judiciaire déguisé en compassion.

Crédit photo : DR
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