À Londres, l’inquiétude monte : la Grande-Bretagne serait à la veille d’un nouvel été de révoltes. C’est l’alerte lancée par plusieurs élus britanniques, à l’approche de la date anniversaire de l’attaque de Southport, survenue en juillet 2024. Ce jour-là, un adolescent issu de l’immigration africaine avait poignardé à mort trois jeunes filles et blessé grièvement dix autres personnes. Un drame qui avait enflammé les rues, provoquant émeutes, heurts entre communautés et mobilisation populaire contre la politique migratoire du gouvernement.
Un an plus tard, l’exécutif de Keir Starmer, Premier ministre travailliste, craint une répétition du chaos. Un parlementaire cité par la BBC n’hésite pas à parler de “poudrière”. Des manifestations ont déjà éclaté devant des hôtels hébergeant des migrants à Epping et dans le Norfolk, sur fond d’indignation après de nouvelles agressions sexuelles imputées à des clandestins fraîchement arrivés.
Une fracture assumée… et persistante
Face à la montée des tensions, Downing Street a convoqué mardi dernier un conseil des ministres dédié à la “restauration du tissu social”. Le gouvernement reconnaît enfin – du bout des lèvres – que l’immigration massive pèse sur les services publics, exacerbe les divisions communautaires, et alimente un profond sentiment d’insécurité.
Angela Rayner, vice-Première ministre, a admis que les effets de l’immigration sur les communautés locales sont “profonds”, et que l’exécutif se devait de répondre aux “inquiétudes légitimes” de la population. Des propos prudents, immédiatement tempérés par l’affirmation que le Royaume-Uni resterait un “pays multiethnique et multiconfessionnel réussi” – leitmotiv habituel de la gauche britannique.
Les hôtels de la colère
Symbole de cette politique décriée : les hôtels transformés en centres d’accueil pour migrants. Largement utilisés sous les gouvernements conservateurs précédents, ces établissements abritent aujourd’hui plus de 32 000 étrangers, souvent jeunes hommes isolés, en attente de traitement de leur demande d’asile. Malgré les promesses du Labour de mettre fin au système, il restera en place au moins jusqu’en 2029.
Mais les tensions locales sont vives. À Epping, des violences ont éclaté après l’agression sexuelle présumée d’une adolescente de 14 ans par un migrant éthiopien récemment arrivé. Ce n’est pas un cas isolé : selon une étude portant sur 70 hôtels, plus de 700 infractions imputables à des migrants y ont été recensées en trois ans, dont des viols et des agressions sexuelles.
Le climat est tel que certains experts évoquent ouvertement le spectre d’un conflit interne. Le professeur David Betz, spécialiste des questions de guerre au King’s College de Londres, alerte : le multiculturalisme, loin d’unir, est devenu l’un des premiers facteurs de division au Royaume-Uni.
Même les figures clés du Labour semblent prendre conscience du danger. Liz Lloyd, directrice de la politique à Downing Street, déclarait récemment que “la cohésion sociale s’effrite” et que les services ne peuvent plus suivre le rythme imposé par l’immigration.
Confronté aux conséquences directes de décennies d’ouverture sans contrôle, le gouvernement Starmer semble pris au piège d’une idéologie qu’il a lui-même contribué à imposer. Entre colère populaire, communautarisme et insécurité croissante, le “modèle britannique” apparaît de plus en plus comme un échec.
Reste à savoir si les Britanniques se résigneront à cette dérive ou s’ils reprendront en main leur destin face à ce qui s’annonce comme une crise existentielle.