Retards, annulations : l’Europe aérienne prise en turbulence cet été

Alors que des millions d’Européens ont pris la route des vacances en juillet, ceux qui ont choisi les airs ont dû composer avec une réalité plus chaotique : celle d’un ciel européen déstabilisé par les grèves, les pénuries de personnel et un afflux massif de voyageurs. Mais à travers le continent, les réponses ont été aussi diverses que les compagnies aériennes elles-mêmes. Certains États ont préféré annuler massivement pour éviter la désorganisation. D’autres ont laissé les retards s’accumuler, quitte à faire patienter les passagers plusieurs heures sur le tarmac.

Un baromètre publié par Flightright, plateforme spécialisée dans l’indemnisation des voyageurs, dresse un double classement révélateur : celui des pays les plus touchés par les retards, et celui des pays qui ont le plus annulé de vols. Et à ce petit jeu, la France figure en bonne place dans les deux catégories.

Le Portugal, champion du retard

Avec près de 38,4 % de vols retardés, le Portugal prend la tête des pays les moins ponctuels. La Grèce (35,4 %), la Suisse (35,1 %) et l’Italie (33,5 %) ne font guère mieux. La France, avec 32,9 % de vols arrivés en retard, complète ce triste Top 5. Mais ces chiffres cachent une autre réalité : celle d’une stratégie française bien différente.

La méthode française : supprimer pour stabiliser

Les 3 et 4 juillet, une grève des contrôleurs aériens a mis l’espace aérien hexagonal sous pression. Pour éviter un blocage généralisé, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a choisi une approche radicale : supprimer jusqu’à la moitié des vols dans certains aéroports régionaux, et 40 % à Roissy, Orly et Beauvais. Résultat : plus de 1 100 vols annulés en deux jours.

Cette gestion préventive a limité les retards – mais au prix d’un nombre élevé d’annulations, propulsant la France au deuxième rang européen dans ce domaine. Une tactique qui divise : d’un côté, le trafic est resté fluide pour les vols maintenus. De l’autre, des centaines de milliers de passagers sont restés cloués au sol.

La Finlande, l’autre paradoxe

La Finlande a opté pour une stratégie similaire : mieux vaut couper dans les programmes que désorganiser l’ensemble du trafic. En apparence, Helsinki peut se vanter d’une ponctualité exemplaire – seulement 20,5 % de vols en retard –, mais cela masque une cascade d’annulations. Finnair, secouée par des grèves internes (bagagistes, maintenance, catering), a annulé près de 900 vols au début du mois. Là aussi, le choix a été fait de préserver l’image de fiabilité au prix d’un sacrifice quantitatif.

Effet domino en Europe

Mais dès qu’un pays majeur cale, c’est tout le continent qui en ressent les effets. Et lorsque ce pays s’appelle la France – dont l’espace aérien accueille ou croise un tiers des vols européens chaque jour –, les perturbations deviennent systémiques. En juillet, les annulations ont explosé : multipliées par cinq dans l’Hexagone, mais aussi par 2,7 au Maroc et par 2 en Espagne, selon les chiffres d’Eurocontrol.

À Londres, Genève, ou encore aux Baléares, plus d’un million de passagers ont été impactés, dont 200 000 privés de décollage. Conséquence collatérale : les émissions de CO₂ ont bondi – +60 000 tonnes en deux jours, à cause des attentes prolongées, des déviations, ou des vols supplémentaires pour compenser les suppressions.

Des stratégies divergentes et des passagers peu informés

Chaque pays a réagi selon ses moyens – ou selon ses doctrines. Là où la France ou la Finlande ont tranché dans le vif, la Suisse ou l’Espagne ont tenté de faire face sans annuler, avec pour résultat des retards en cascade. Le Danemark ou la Roumanie, eux, s’en sortent bien – grâce à une météo clémente et à une organisation plus souple.

Mais dans tous les cas, les passagers restent souvent les grands oubliés du dispositif. « Ce classement montre les écarts de stratégies – et rappelle aussi que retards et annulations peuvent donner droit à indemnisation. Encore faut-il le savoir », rappelle Imane El Bouanani, responsable juridique France de Flightright.

Crédit photo : DR
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