L’enclave espagnole de Ceuta, située sur la côte nord-africaine, a connu dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 août l’une de ses pires vagues d’immigration clandestine récentes. Selon la délégation du gouvernement à Ceuta citée par le quotidien espagnol El País le 10 août, environ une centaine de migrants, majoritairement de jeunes Marocains et au moins sept mineurs, ont tenté la traversée dans un épais brouillard. D’après une information publiée le même jour par El Debate, autre journal espagnol, ces migrants sont partis de Castillejos, côté marocain, et certains candidats à l’exil étaient accrochés à de simples bouées.
La Garde civile espagnole et la Marine royale marocaine ont passé la nuit à intercepter les embarcations et les nageurs, profitant de conditions météorologiques rendant leur repérage difficile. « Il est courant que nous ayons ces conditions de brouillard en été et c’est à ce moment-là, comme l’année dernière, qu’ils se jettent à la mer. Quand il est plus difficile de les voir », a déclaré une source officielle citée par El País. Plusieurs dizaines d’individus ont néanmoins atteint le rivage, où ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge et équipés de vêtements secs.
Centres saturés et appels à l’aide
Cette arrivée massive met encore davantage sous tension les capacités d’accueil de Ceuta. Le Centre d’hébergement temporaire pour migrants (CETI) abrite désormais plus de 800 personnes pour une capacité théorique de 500. Le centre pour mineurs, prévu pour 132 jeunes, en héberge environ 480.
« Nous ne voulons pas semer la panique, mais la situation est critique. Il s’agit d’une question d’État. Ne nous laissez pas seuls », a lancé un porte-parole du gouvernement local, cité par l’agence de presse espagnole EFE. Face à cette saturation, le ministre espagnol de l’Enfance, Sira Rego, a annoncé le transfert de 4 400 mineurs de Ceuta et des Canaries vers d’autres régions.
Du côté des forces de l’ordre, l’Association unifiée de la Garde civile (AUGC) réclame l’envoi de 200 agents supplémentaires pour sécuriser le littoral et soulager les effectifs. Depuis le début de l’année, 17 personnes seraient décédées en tentant la traversée.
Une route toujours plus périlleuse
Selon les données du ministère espagnol de l’Intérieur, les arrivées par mer à Ceuta (hors tentatives à la nage) ont chuté de 77 % entre janvier et juillet 2025 par rapport à la même période l’année dernière. Mais les autorités constatent depuis un mois une recrudescence des passages à la nage, encouragés via WhatsApp et d’autres réseaux sociaux, notamment depuis la zone d’El Tarajal. La Garde civile considère qu’il s’agit de « la route la plus périlleuse » en raison des courants et des distances en mer.
Autre évolution relevée par InfoMigrants le 8 août : une féminisation progressive du flux, avec des mineures marocaines âgées de 16 à 17 ans de plus en plus nombreuses, phénomène confirmé par l’ONG Elín.
À Ceuta comme ailleurs, les flux ne faiblissent pas là où l’autorité recule. Et pendant que l’Espagne réclame l’aide de l’Union européenne, l’enclave vit au quotidien cette pression migratoire.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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