À l’heure où la neutralité suisse est chaque jour plus fragilisée par des choix politiques dictés depuis Bruxelles ou Washington, un mouvement citoyen entend rappeler à la Confédération ses fondations historiques : l’indépendance, la souveraineté et la démocratie directe. Ludovic Malot, économiste et entrepreneur franco-suisse, a lancé « Souveraineté Suisse » le 1er août dernier, date hautement symbolique qui renvoie au Pacte de 1291. Son objectif est clair : dénoncer ce qu’il décrit comme un « coup d’État technocratique » et mobiliser les citoyens contre la dilution progressive de la Suisse dans l’agenda mondialiste.
Dans cet entretien, il revient sur les raisons de son engagement, ses priorités – de la défense du cash à la lutte contre l’intégration de facto à l’OTAN – et son ambition de bâtir la plus puissante organisation citoyenne du pays.
Breizh-info.com : Vous êtes économiste et entrepreneur franco-suisse. Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder ce mouvement ?
Ludovic Malot : Cela fait 30 ans que je m’y prépare. J’ai déjà tenté il y a 15 ans de lancer un tel mouvement, mais ce n’était pas le bon moment. Le Covid a agi comme un électrochoc : il a révélé la réalité d’un agenda mondialiste, basé sur la surveillance et la dépendance.
Mon cœur de combat est la souveraineté monétaire : une monnaie saine et honnête doit être adossée à des actifs réels comme l’or et les métaux précieux. Or la Banque nationale suisse est prise en otage par Wall Street et le FMI contrôlé par les Américains. Elle s’est chargée en Treasuries et en dollars, c’est-à-dire une monnaie fiat soutenue par un empire de dettes. Cette situation est une menace stratégique. Je maîtrise très bien ce sujet, ayant publié Le Suicide Monétaire aux éditions Maïa, un ouvrage pédagogique sur la dérive des monnaies modernes.
Sur le plan personnel, j’adore la Suisse. Pendant des années j’ai ressenti beaucoup de frustration, ne sachant comment agir efficacement. Avec ce mouvement, je voulais frapper fort : le 1er août était le moment parfait pour envoyer une onde de choc.
Breizh-info.com : Pourquoi avoir choisi le 1er août pour le lancement ?
Ludovic Malot : Le 1er août n’est pas une date folklorique, c’est l’acte de naissance de notre Confédération. Lancer Souveraineté Suisse ce jour-là, c’était inscrire notre démarche dans la continuité du Pacte de 1291, rappeler que la souveraineté est un héritage vivant et qu’il faut la défendre aujourd’hui avec la même détermination que nos ancêtres.
Breizh-info.com : Quels exemples concrets de perte d’indépendance ?
- La reprise automatique du droit européen via les Bilatérales.
- L’alignement sur les sanctions de l’UE et des États-Unis, contraire à la neutralité.
- Une BNS soumise aux logiques de Washington et de la Fed.
- Le Conseil fédéral transformé en simple guichet d’enregistrement du droit international, avec une complicité flagrante de plusieurs personnalités : Eveline Widmer-Schlumpf, Micheline Calmy-Rey, Pascal Couchepin, Alain Berset, Ignazio Cassis. Beaucoup parlent à juste titre d’un « Conseil des Traîtres », relais docile de l’agenda mondialiste.
Breizh-info.com : Comment répondez-vous à ceux qui disent que la Suisse doit s’adapter ?
Ludovic Malot : S’adapter ne signifie pas se soumettre. La Suisse a toujours survécu et prospéré grâce à son indépendance, son innovation et sa stabilité. Se dissoudre dans l’Union européenne ou dans un système globalisé dominé par des dettes et des fiat currencies n’est pas une adaptation, c’est un suicide programmé.
Breizh-info.com : Que voulez-vous dire par « coup d’État technocratique » ?
Ludovic Malot : Les Bilatérales introduisent du droit étranger contraignant sans véritable vote populaire. C’est une délégation de souveraineté qui contourne la démocratie directe. En Suisse, ce n’est pas au Conseil fédéral ni aux technocrates de décider, mais au peuple.
Breizh-info.com : Neutralité et OTAN
Ludovic Malot : Les signaux sont clairs : achats massifs d’armement américain, exercices militaires conjoints, alignement sur les sanctions. Tout cela prépare une intégration de facto à l’OTAN. Nous nous y opposons fermement. La neutralité armée est la clé de notre survie et de notre indépendance.
Breizh-info.com : Identité numérique et cash
Ludovic Malot : L’e-ID est un cheval de Troie. Derrière l’argument pratique se cache un système de surveillance généralisée, une sorte de clone du crédit social à la chinoise. Le cash, lui, est un rempart ultime de liberté. Sans vigilance, il disparaîtra sous la pression conjointe des banques et des institutions internationales. Or, sans argent liquide, la liberté devient conditionnelle.
Breizh-info.com : Mobilisation et structure du mouvement
Ludovic Malot : Souveraineté Suisse est structuré de manière hybride :
- Une fondation, garante de la pérennité, financée par des levées de fonds auprès de personnes physiques, morales et mécènes.
- Une association militante, chargée du déploiement sur le terrain.
Ce modèle nous permet de garder le contrôle stratégique et financier, tout en mobilisant largement les citoyens.
Notre ambition est claire : devenir la plus puissante organisation citoyenne de Suisse, active aussi à l’international pour faire connaître le modèle helvétique. Nous utiliserons tous les leviers démocratiques à disposition : initiatives populaires, pétitions, pressions sur le parlement et l’exécutif, afin de faire respecter la Constitution et la volonté populaire.
Breizh-info.com : Quels sont vos combats prioritaires ?
- Stopper les Bilatérales III.
- Défendre la neutralité armée.
- Protéger le cash et refuser l’identité numérique.
- Assainir la souveraineté monétaire par un débat national sur l’or, les réserves et l’indépendance de la BNS.
Breizh-info.com : Le peuple suisse peut-il encore inverser la tendance ?
Ludovic Malot : Oui. Le peuple reste souverain tant qu’il utilise ses droits démocratiques. Mais il faut une mobilisation massive et organisée pour contrer la machine politico-médiatique. Notre mouvement est là pour catalyser cette énergie et redonner confiance aux Suisses : nous avons encore les moyens d’imposer notre indépendance.
Breizh-info.com : La démocratie suisse est-elle encore un modèle ?
Ludovic Malot : Elle reste un modèle, mais elle est en danger. Nos élites cherchent à la contourner pour aligner la Suisse sur l’UE et l’OTAN. Notre rôle est de rappeler que la démocratie helvétique repose sur un principe fondamental : le peuple est souverain.
Propos recueillis par YV