Les chiffres sont implacables : 31 260 chefs d’entreprise ont perdu leur activité au premier semestre 2025, selon le baromètre publié le 27 août par l’association patronale GSC et le cabinet Altares. Cela représente plus de 170 dirigeants par jour, un rythme insoutenable pour le tissu économique français. La hausse atteint +4,3 % sur un an, après déjà une envolée en 2024.
Les petites structures restent les plus exposées : plus de huit pertes sur dix concernent des entreprises de moins de cinq salariés (26 313 dirigeants). Le phénomène s’aggrave aussi chez les TPE de 6 à 9 salariés (+17,2 %). À l’inverse, les entreprises de plus de 50 salariés résistent mieux (–2,4 %). Autre signe préoccupant, les pertes d’emploi s’étendent désormais à des patrons expérimentés : en moyenne, ceux touchés dirigeaient une société vieille de dix ans, parfois réalisant plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Attention aux faux-semblants : si les pertes d’emploi semblent ralentir, elles restent à des niveaux préoccupants, révélateurs d’un tissu entrepreneurial toujours sous tension », a prévenu Hervé Kermarrec, président de la GSC.
Les secteurs du commerce et du bâtiment sous pression
La crise frappe d’abord le bâtiment (7 745 pertes d’emploi, +1 %), la maçonnerie et le gros œuvre étant particulièrement touchés (1 645 dirigeants). Le commerce suit, avec 6 464 pertes d’activité (+0,1 %), notamment dans la vente automobile (+12,7 %). Le tableau n’est guère plus reluisant dans la restauration (4 164 pertes, +11,5 %), la logistique (+11,9 %), ou encore les services aux entreprises (+13 %). L’industrie perd 1 905 dirigeants (+4,4 %). Seules les activités financières et d’assurance reculent (–7,6 %).
Dans les régions, l’Île-de-France concentre le quart des pertes (7 507 chefs d’entreprise, +4 %). La situation est dramatique en Nouvelle-Aquitaine (+18 %), mais légèrement meilleure en PACA (–0,8 %) et dans le Grand Est (–0,2 %). La Bretagne administrative (B4) pour sa part, enregistre le taux le plus bas de France avec 1 084 pertes d’emploi (+0,7 %), un chiffre nettement inférieur à la moyenne nationale.
Les entrepreneurs seniors toujours très exposés. Source : Observatoire GSC Altares
Des entrepreneurs sans filet face à l’État
Au-delà des statistiques, ces faillites révèlent une réalité trop souvent ignorée : les patrons eux-mêmes tombent dans le chômage. Contrairement aux salariés, ils n’ont pas droit à l’assurance-chômage, sauf à souscrire une protection volontaire. Beaucoup se retrouvent sans revenus après avoir porté seuls le risque de leur entreprise.
« Cette situation de risque pèse lourdement sur les épaules des entrepreneurs, amenés à faire sans cesse des arbitrages douloureux pour maintenir leur activité », a constaté Thierry Millon, directeur des études Altares.
Dans un contexte marqué par la hausse des charges, l’inflation et une avalanche de normes, nombre de dirigeants voient leur trésorerie sombrer. L’Apec souligne que seules 8 % des entreprises envisagent d’embaucher des cadres au troisième trimestre 2025, un plus bas depuis 2021, et que la confiance des cadres dans l’économie est tombée à 23 %.
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Une réponse à “Plus de 170 patrons rayés de la carte chaque jour : la France qui entreprend en péril”
Dramatique, pour ces entrepreneurs faillis c’est la descente aux enfers, perte de son patrimoine saisi, remboursement des prêts et découverts bancaire sur ses propres deniers, il fait bon être salarié en ce moment…