La División Azul au combat sur le front de l’est (bande dessinée).

Le tome 2 de la série L’enfer bleu vient de sortir. On découvre les terribles combats de la División Azul pendant l’hiver 1942.

Le tome 1 commence en juin 1941, à Madrid. La nouvelle de l’opération Barbarossa, offensive allemande en URSS, provoque un immense rassemblement de joie. Les slogans anticommunistes fusent. A la radio, la propagande invite les jeunes à s’enrôler pour aller se battre aux côtés des Allemands. Alberto, sans idéal politique, a comme tant d’autres soif d’aventure. Il se présente au quartier général de la Phalange et s’engage. Il veut démontrer à son père qu’il est capable d’aller se battre. Son frère s’engage aussi. Mais sa mère est désespérée. Alberto commence par un long périple à travers l’Europe. Parqués dans des wagons à bestiaux, sous une chaleur torride, les jeunes Espagnols traversent la France où l’opposition à leur présence est manifeste. Mais en Allemagne, l’accueil de la population est enthousiaste. Les jeunes Espagnols, qui suivent une formation de cinq mois, vont être équipés d’uniformes allemands, sauf la chemise bleue et un insigne à l’épaule révélant leur nationalité. Au début plein d’illusions, membre du 2e bataillon du régiment Esparza, Alberto va se retrouver confronté à la dure réalité : une discipline de fer, des rations insuffisantes, des soldes qui ne sont pas à la hauteur des promesses, des uniformes de mauvaise qualité… Il devient un soldat important, servant de lien avec le commandant et témoin de nombreuses batailles sur le front de Volkhov. Découvrant l’horreur de la guerre, il fait preuve d’humanité à l’égard de prisonniers russes.

Le tome 2, qui se déroule de novembre 1941 à mars 1942, entre davantage dans le détail des combats, mais toujours à hauteur du soldat. Alberto découvre alors la guerre dans le terrible hiver russe. En novembre, les forces allemandes et espagnoles subissent des bombardements massifs d’artillerie. Le 12, l’Armée rouge lance vague après vague des attaques pour reprendre le contrôle de Possad. Le 7 décembre, le commandement allemand décide d’abandonner la tête de pont et fait repasser les unités de la División Azul sur la rive ouest de la rivière Volkhov. Au cours de l’offensive soviétique de l’hiver 1941-1942, la División Azul est dans une situation défensive précaire. Le 17 mars 1972, Alberto est gravement blessé. La guerre est finie pour lui. Deux jours plus tard, le saillant soviétique est coupé par les forces allemandes et par la División Azul, créant ainsi la poche de Volkhov.

Paco Asenjo, professeur d’histoire dans un lycée en Espagne, est depuis son enfance fan de bandes dessinées sur la guerre. Son coup de cœur est La Guerre d’Alan, parce que le dessinateur Emmanuel Guibert y reflète les expériences réelles d’un soldat. Après avoir eu accès aux souvenirs d’un vétéran espagnol de la Seconde Guerre mondiale, il se lance dans la bande dessinée. Il réalise le scénario, le dessin et la colorisation. Cette bande dessinée a vu le jour en Espagne grâce à un projet de financement participatif. Ceux qui finançaient ce projet recevaient en cadeau des Playmobil hors-série représentant des soldats de la division Azul !

La División Española de Voluntarios était composée de volontaires espagnols qui firent le choix de combattre auprès des Allemands contre les forces communistes russes. La Division Bleue était le surnom donné à cette 250e division d’infanterie de la Wehrmacht, en raison de la couleur des chemises de la Phalange espagnole à laquelle appartenaient la plupart de ses soldats. Pour bâtir son scénario, Paco Asenjo a bénéficié des conseils de l’historien Carlos Caballero, auteur d’un livre sur la División Azul.

Ce récit se fonde sur le témoignage, au quotidien, d’Alberto Díaz Galvéz, soldat du IIe bataillon du régiment Esparza. C’est pourquoi le tome 1 commence en 2001, à Almeria, en Espagne. Agé de 78 ans, Alberto parle devant une caméra. Soixante années plus tôt, il est allé se battre contre les Russes et affirme que, si c’était à refaire, il le referait !

Les deux tomes détaillent la vie quotidienne de ces soldats. Alberto devient cycliste de liaison. On découvre les batailles les plus emblématiques de la División Azul d’une manière nouvelle, avec des personnages qui révèlent pour la plupart leur humanité. Ces jeunes espagnols, d’une grande camaraderie, affrontent en effet la guerre avec crainte et courage.

Dans L’enfer Bleu, Paco Asenjo présente ainsi une longue histoire en deux volumes se déroulant entre juin 1941 et mars 1942, principalement sur le front de Volkhov.

Depuis, cet auteur a publié en Espagne Frente de Leningrado. L’histoire de cette bande dessinée, encore inédite en France, se déroule en décembre 1942, lorsque la División Azul est envoyée sur le front de Leningrad en soutien de la Wehrmacht.

Ce dessinateur, par son trait fin et épuré, s’inspire de la célèbre « ligne claire » d’Hergé. Il ne cherche pas à reconstituer de façon ultraréaliste le matériel de guerre, mais à montrer le ressenti des soldats de la División Azul. Dans le tome 2, l’utilisation fréquente de couleurs froides crée une atmosphère oppressante.

L’enfer Bleu, t. 1, 206 pages, 24 euros, t. 2, 263 pages, 24 euros. Editions Paquet.

Kristol Séhec.

Crédit photo : DR
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