Chute historique du gouvernement Bayrou : une Ve République à l’agonie

Le 8 septembre 2025 restera comme une date marquante de la Ve République. Pour la première fois depuis 1958, un gouvernement a été renversé par un vote de confiance perdu à l’Assemblée nationale. François Bayrou, Premier ministre depuis neuf mois, avait choisi de jouer son va-tout en soumettant son budget d’austérité au verdict des députés. L’initiative s’est soldée par un échec retentissant : 194 voix pour, 364 contre et 15 abstentions.

Cette défaite plonge un peu plus la France dans une instabilité politique chronique, héritée des législatives anticipées de 2024 qui ont accouché d’une Assemblée éclatée et sans majorité claire. Elle signe peut être (si les dirigeants comprennent enfin) la mort de la 5ème République, moisie, périmée, dont le peuple ne veut plus.

Un contexte d’instabilité et de dette explosive

Nommé en décembre 2024 après les courts passages de Gabriel Attal et Michel Barnier à Matignon, François Bayrou devait incarner la stabilité. Mais il a surtout hérité d’une situation explosive : une dette publique culminant à 114 % du PIB. Pour y faire face, son équipe a présenté un budget 2026 prévoyant 44 à 52 milliards d’euros d’économies.

Un projet qui a rapidement braqué tous les camps : la gauche a dénoncé une « austérité punitive », la droite a réclamé davantage de fermeté sur l’immigration et la sécurité, et le Rassemblement national a fustigé un plan jugé insuffisant et mal ciblé. Bayrou, isolé, a tenté de rallier une partie des Républicains, sans succès.

La journée parlementaire fut tendue. Dans un discours solennel, Bayrou a mis en garde contre un « chaos budgétaire » si la dette continuait de croître. Les réponses des oppositions ont été implacables : Olivier Faure (PS) a plaidé pour une alternative de gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a appelé à une refondation institutionnelle, Bruno Retailleau (LR) a posé ses conditions, et Marine Le Pen (RN) a qualifié l’initiative de « suicide politique ».

Le verdict du soir a confirmé l’isolement du gouvernement. Malgré la discipline des macronistes, du MoDem et d’Horizons, les divisions chez Les Républicains et l’unanimité des oppositions ont suffi à renverser l’exécutif. Le vote de certains élus indépendants n’a pas inversé la tendance.

Réactions en chaîne

Bayrou a reconnu sa défaite et annoncé sa démission. Emmanuel Macron a promis la nomination rapide d’un nouveau Premier ministre. À gauche, les socialistes et La France insoumise ont aussitôt ouvert la bataille de succession, tandis que Mélenchon prépare une motion de destitution contre le chef de l’État.

À droite, Bruno Retailleau a exclu toute alliance avec la gauche, alors que Jordan Bardella profite déjà de l’effondrement gouvernemental pour renforcer sa stature de prétendant à l’Élysée. Dans la rue, des manifestations spontanées ont éclaté, parfois festives, parfois tendues, comme à Rennes et à Lyon.

Cette chute marque le sixième Premier ministre de l’ère Macron, et le troisième en moins de deux ans. Le président se retrouve face à une impasse politique : comment gouverner sans dissolution avant 2027 et sans majorité stable ? Les prochains mois s’annoncent compliqués :

  • le budget 2026 reste en suspens, avec le spectre d’un nouveau 49.3,
  • les syndicats appellent déjà à des journées de grève et de mobilisation les 10 et 18 septembre,
  • la motion de destitution de LFI, bien que symbolique, ajoutera une pression supplémentaire. Le RN ne la votera pas, signe que ce parti s’accroche à la vieille lune qu’est la 5ème république.


À plus long terme, cette instabilité devrait renforcer le Rassemblement national et la France Insoumise, mais surtout, le pays est divisé en trois blocs politiques (+ abstentionnistes) qui ne semblent plus réconciliables, c’est donc la fin d’un système.

Au-delà du sort personnel de François Bayrou, cette chute illustre l’usure d’un système institutionnel incapable de générer des majorités stables dans un paysage éclaté. La Ve République, conçue pour éviter ce genre de blocages, montre aujourd’hui ses limites.

Emmanuel Macron qui devrait s’adresser aux français à 20h ce soir, tente de maintenir le cap, mais la crise ouverte par ce vote historique fragilise plus que jamais son autorité. L’avenir politique français semble désormais suspendu entre paralysie institutionnelle et poussée des forces d’opposition, à la veille du mouvement Bloquons tout dont il est difficile de prédire l’issue.

Photo : wikipedia (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthogaphe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.. 

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7 réponses à “Chute historique du gouvernement Bayrou : une Ve République à l’agonie”

  1. Martin dupond dit :

    ne vous y meprenez pas pas tout cela est du cinéma pour que le Vulgum Pecus est l’odeur de la république

  2. Pschitt dit :

    D’accord avec votre analyse des conséquences, beaucoup moins avec celle des motivations de François Bayrou. Je ne crois pas qu’il « avait choisi de jouer son va-tout ». Il ne pouvait pas ignorer que la confiance lui serait refusée. Au lieu de démissionner et de partir la queue basse, il a choisi la sortie scénarisée, spectaculaire, que lui offrait l’opposition (supposons un instant que la confiance lui ait été accordée : qui aurait été bien embêté ?). Cette sortie avec un panache artificiel lui permettra de revenir à la présidentielle de 2027, après des mois de bordel ambiant et une crise économique aggravée par la montée des taux d’intérêt suite à la quasi certaine dégradation de la note de la France par les agences de notation, pour dire : « Voyez ce qui se passe, si vous m’aviez écouté, on n’en serait pas là, élisez-moi ! »

  3. Hadrien Lemur dit :

    Lisez la suite sur X de François Asselineau, ça vaut le détour. Il emploi le terme d’ immigration torrentielle, c’est pas faux, et fustige Marine le Pen qui n’a vraiment pas de suite dans les idées à moins qu’elle n’espère un non lieu dans son appel. Quoi qu’il en soit, difficile de comprendre la stratégie (si tant est qu’il y en est une) du RN. La constitution de la Ve fonctionne si l’élection présidentielle a lieu avant les législatives se qui confère généralement une majorité « gouvernable » au candidat sortant. La dissolution n’est pas la solution, la destitution oui.

  4. Ronan dit :

    Demat : Oui, nous vivons quelque chose d’historique : je vous propose d’allez voir la vidéo de FLORIAN PHILIPPOT sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=slDQauQOQrs et la proposition de signer la pétition pour la destitution de Macron (quant à moi c’est fait depuis hier) sur le site des Patriotes : https://les-patriotes.fr/la-motion-de-destitution-de-macron-doit-etre-votee/ ; réalisons tout en ce sens oui (je prie Dieu tous les jours pour que ce président quitte l’Élysée) ; et en attendant demain, voici la chanson de Supertramp (et ce, en hommage à Rick DAVIS son chanteur et cofondateur qui vient hélas de quitter ce monde)) « Bloody well right » : https://www.youtube.com/watch?v=GZMaXJ9x4-I

  5. Poulbot dit :

    Si Bayrou avait mis davantage de fermeté sur l’immigration et la sécurité dans sont plan de redressement , il aurait eu les voix de la droite et du RN , c’est ce que demande la majorité des Français Françaises en priorité.

  6. Gwenn Ha Du dit :

    Je ne suis pas toujours en accord avec vos commentaires, Pschitt, mais je partage votre opinion sur ce scénario de Bayrou. Il y croit encore après tous ses échecs à la présidentielle. C’est pathétique.

  7. patphil dit :

    le théatre politique en france et ça va continuer jusqu’à la présidentielle ! les travailleurs les sans grade subiront les hausses de prix , le gel des salaires etc.

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