Guingamp. Une statue de la Vierge incendiée dans la basilique : émotion chez les fidèles, silence du monde politique occupé à s’indigner en Ile de France

Lundi 8 septembre, lors de la messe de la Nativité de la Vierge Marie, une cinquantaine de fidèles réunis dans la basilique Notre-Dame de Bon-Secours de Guingamp (Côtes-d’Armor) ont assisté à une scène insoutenable : la statue de la Vierge à l’Enfant a été incendiée en plein office. Les vêtements qui ornaient la statue, fruit de milliers d’heures de broderie, sont partis en fumée.

Un acte criminel répété

L’incendie n’a rien d’accidentel. Les techniciens en identification criminelle dépêchés sur place ont confirmé la piste volontaire. Ce n’est pas la première fois que ce sanctuaire marial, au cœur du patrimoine guingampais, est visé : en 2015 et en 2021 déjà, la même statue avait été la cible de dégradations par le feu. Trois attaques en dix ans contre le même symbole, de quoi alimenter l’incompréhension et la colère des paroissiens.

Si l’émotion est vive parmi les fidèles et les défenseurs du patrimoine, force est de constater qu’aucune réaction politique de premier plan n’a été enregistrée, ni au niveau national, ni même régional. Une discrétion qui tranche avec l’ampleur des condamnations publiques lorsque d’autres lieux de culte sont visés.

Le même jour, neuf têtes de cochon ont été déposées devant des mosquées à Paris et en petite couronne. Dans ce cas, le président de la République lui-même, Emmanuel Macron, a tenu à exprimer son « soutien à la communauté musulmane ». Le préfet de police de Paris, le ministre de l’Intérieur, la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou encore Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse, ont tous dénoncé avec force des « actes abjects », « islamophobes » ou « racistes », exigeant que la République protège les fidèles et indiquant des enquêtes à venir avec beaucoup de moyens.

À Guingamp, en revanche, aucune déclaration nationale n’a accompagné l’émotion locale. Ni solidarité affichée, ni condamnation solennelle, ni même reconnaissance officielle de ce qui s’apparente pourtant à un acte anti-chrétien répété.

Christianophobie sous silence ?

Cet écart de traitement interroge : pourquoi une profanation d’église, touchant à la fois la foi des croyants et le patrimoine culturel, suscite-t-elle si peu de réactions politiques ? Quand les actes visant l’islam entraînent, à juste titre, une vague d’indignations et de messages de soutien, les atteintes répétées au christianisme semblent reléguées au rang de faits divers.

Dans un contexte où la France enregistre une augmentation des atteintes à divers lieux de culte, le silence entourant Guingamp illustre une inquiétante hiérarchie de l’indignation. Trois attaques en dix ans contre la Vierge à l’Enfant de la basilique Notre-Dame-de-Bon-Secours : à Guingamp, les fidèles s’indignent et s’interrogent. L’absence de réaction politique majeure, elle, reste un autre incendie – celui de l’indifférence.

Notre-Dame-de-Bon-Secours, une basilique bretonne entre ferveur populaire et chef-d’œuvre d’architecture

En plein cœur de la cité historique de Guingamp (Côtes-d’Armor), la basilique Notre-Dame-de-Bon-Secours s’impose comme l’un des grands repères spirituels et patrimoniaux de Bretagne. Église paroissiale ancienne devenue basilique mineure à la fin du XIXᵉ siècle, elle conjugue mille ans d’histoire religieuse, de dévotion mariale et de chantiers successifs qui ont façonné un ensemble aussi singulier que majestueux.

L’édifice plonge ses racines dans le Moyen Âge central : autour du château comtal de Guingamp, l’ancienne chapelle devient rapidement une paroisse influente. Aux XIIᵉ-XIIIᵉ siècles, l’église est rebâtie après un effondrement partiel ; le chantier s’étire sur plus d’un demi-siècle et marque durablement la silhouette du monument. La piété mariale s’affirme tôt : le sanctuaire attire pèlerins et confréries, jusqu’à connaître, du XVe au XVIIᵉ siècle, un véritable essor avec la « Frairie Blanche », confrérie rassemblant clercs, nobles et gens du peuple. Brefs pontificaux et indulgences renforcent la renommée du lieu ; au XVIIᵉ, les grands pardons d’été fixent un calendrier dévotionnel qui irrigue toute la région.

Moment clé : le couronnement de la Vierge noire et de l’Enfant en 1857, sous Pie IX, devant une foule considérable. En 1899, Léon XIII érige officiellement l’église en basilique mineure, reconnaissance du rayonnement du sanctuaire. Depuis 1914, l’édifice est classé Monument historique.

Notre-Dame-de-Bon-Secours se lit comme un livre de pierre. La nef nord conserve des marqueurs gothiques (arcs brisés, faisceaux de colonnettes, triforium élancé), tandis que la nef sud affiche une grammaire Renaissance : piliers massifs, balustrades finement rythmiques, coquilles de Saint-Jacques en frise. Le chœur, repris aux XIVᵉ-XVᵉ siècles, est ceint d’un déambulatoire flamboyant dont les remplages évoquent des flammes pétrifiées. La croisée du transepttrahit encore, sous les habillages postérieurs, des volumes romans ; elle supporte la fameuse tour Pointue, surmontée d’une flèche octogonale.

Façades et angles sont scandés par trois visages de pierre :

  • La tour de l’Horloge, plus ancienne, au nord de l’occidentale, avec ses arcs aigus et sa tourelle de guet.
  • La tour Renaissance, au sud-ouest, élevée après l’effondrement de 1535, chef-d’œuvre de granit poli et d’ornementation humaniste, adossée au grand portail occidental.
  • La tour Pointue, au centre, haute d’environ 57 m, dont la partie sommitale fut détruite en 1944 lors des combats de la Libération, avant d’être restaurée.

Côté nord, le portail Notre-Dame ouvre sur la chapelle mariale sous une verrière de 1857 signée Didron : rosace, quadrilobes et scènes du couronnement marial, armes de Bretagne et allusions aux papes du XIXᵉ siècle. Plus à l’est, le portail Sainte-Jeanne (Jeanne de Penthièvre) mène vers le transept nord ; au-dessus, un vitrail raconte la destinée de Françoise d’Amboise, tandis que d’autres verrières évoquent les grands épisodes religieux et civils du pays.

La chapelle de la Vierge est le cœur battant du sanctuaire : retable de tuffeau (vers 1670), statue polychrome de la Vierge à l’Enfant (la Vierge noire), autel et baldaquin en kersanton, et au sol un labyrinthe de granit (1854), chemin symbolique vers l’élévation intérieure. Sur les flancs, une procession des Douze Apôtres (XIXᵉ s.) sculpte la pierre comme un catéchisme monumental.

Parmi les autres espaces remarquables :

  • La chapelle Saint-Jacques, longtemps siège de la communauté de ville, qui abrite les grandes orgues (39 jeux, trois claviers), instrument reconfiguré au XVIIᵉ siècle puis déplacé et restauré au XIXᵉ et au XXᵉ.
  • La chapelle des Défunts (ancien autel de Gouicquet), avec autel en kersanton et réminiscences du culte mémoriel.
  • La chapelle Saint-Charles de Blois, rappelant l’attachement du duc – béatifié en 1904 – à Guingamp et aux ordres mendiants.
  • La chapelle des Fonts (XVIᵉ s., style Renaissance), riche programme iconographique autour du Baptême du Christ.
  • La chapelle de la Trésorerie, où repose Mgr Pierre Morel († 1401), et la chapelle du Saint-Sacrement, réaménagée après 1944.

L’édifice a traversé tempêtes et guerres. En 1535, l’effondrement d’une tour emporte une partie de la nef et endommage l’orgue ; à la Révolution, l’église est pillée et transformée en écurie et corps de garde ; en 1944, un obus détruit le sommet de la tour centrale et brise vitraux et charpentes. Chaque fois, dons, chantiers et savoir-faire restaurent la basilique : au XIXᵉ siècle surtout, sous l’impulsion du clergé local, une vaste campagne redonne unité aux porches, vitraux, autels et statues.

Au-delà du culte, Notre-Dame-de-Bon-Secours incarne un patrimoine partagé : processions du pardon, couronnements, plaques votives, blasons des familles donatrices, vitraux pédagogiques du XIXᵉ siècle, orgue de concert… Tout concourt à faire de la basilique un lieu  spirituel , où l’histoire de Bretagne s’entend encore dans la pierre, le verre et la musique.

Photo : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthogaphe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.. 

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8 réponses à “Guingamp. Une statue de la Vierge incendiée dans la basilique : émotion chez les fidèles, silence du monde politique occupé à s’indigner en Ile de France”

  1. CARBONNE dit :

    Ils osent tout ! Sont partout ! Transmettons cet article au maximum !
    Prions !

  2. A.Domper dit :

    Tous les représentants de notre politique ont tellement peur des réactions de la « rue arabe » qu’ils volent au devant des indignations soi disant islamophobes qu’ils soient de droite ou de gauche ! Chacun sait que désormais, être chrétien et défendre son église est considéré comme d’extrême droite….la déconstruction de notre pays passe par la préférence étrangère plutôt que par la défense de notre culture et notre histoire. Espérons que le nouveau premier ministre vu ses idées saura défendre ce qui nous appartient .

  3. Jakez dit :

    « Incendiée en plein office » !?
    Que faisaient la cinquantaine de fidèles présents ?!

  4. Prétet Yvette dit :

     »Le monde politique » est occupé à s’indigner pour des têtes de cochons posées devant des mosquées…cela est pourtant moins grave qu’une statue de la Vierge incendiée!..et les têtes de cochon ne sont pas des bombes!…

  5. jobig dit :

    La statue se trouve sous le porche, donc à l’extérieur.

  6. jobig dit :

    La statue avait déjà été vandalisée et brisée en trois morceaux en 1793 par les Révolutionnaires ; les mêmes causes produisent les mêmes effets.

  7. ALREN dit :

    Au sujet des profanations des lieux de cultes on en parle beaucoup depuis hier. Rassurons nous, ce n’est pas pour nos églises, c’est pour les têtes de porc à proximité de mosquées (donc sans intrusion à l’intérieur). Si vous faites « têtes de porc » sur Google les 3 premiers titres qui apparaissent sont de BFMTV, 20mn et France Bleu, et ce n’est pas au rayon charcuterie. En avion quand on survole l’Arabie Saoudite, les alcools sont mis sous scellés, l’espace aérien appartient à Halla si une tête de porc est repérée en altitude au dessus d’une mosquée, y a t-il aussi profanation ?

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