Le rêve de la Grande-Néerlande : retour sur une idée qui fait rêver des Flamands

L’évocation récente par le président de la Chambre des représentants des Pays-Bas, Martin Bosma, d’un possible rattachement de la Flandre à son pays a relancé un vieux débat : celui du nationalisme thiois et de l’idée de « Grande-Néerlande ». Une idée souvent méprisée, rejetée par les élites non flamande, mais qui a marqué profondément les courants nationalistes flamands.

Aux sources d’un projet identitaire

Née au XIXe siècle, l’idée thioise repose sur une conviction : c’est la langue qui fonde le peuple. Dans cette logique, les Flamands et les Néerlandais formeraient une seule et même nation, héritière de l’âge d’or des Dix-Sept Provinces bourguignonnes. À l’inverse, les Wallons étaient perçus comme étrangers à cette communauté linguistique.

Durant des décennies, cette vision a circulé dans les cercles militants, notamment via des organisations de jeunesse flamandes, mais aussi dans des débats universitaires autour de l’unification de la langue néerlandaise.

Comme d’autres courants nationalistes européens, les thiois se sont réclamés d’un « âge d’or » brisé par deux catastrophes : la scission des Pays-Bas au XVIe siècle et la création de la Belgique en 1830. La référence au Royaume-Uni des Pays-Bas (1815-1830), qui réunissait Nord et Sud, a parfois nourri l’illusion d’un retour possible à cette unité perdue.

Si certains flamingants restaient attachés à la Belgique, d’autres ont très tôt rejeté l’État belge, perçu comme une construction artificielle et oppressante.

La Première Guerre mondiale ouvre une nouvelle phase. L’occupation allemande voit se développer une « Flamenpolitik » qui cherche à instrumentaliser les nationalistes flamands. Certains activistes y voient l’occasion de réaliser leur rêve grand-néerlandais avec le soutien de Berlin.

Dans l’entre-deux-guerres, l’idée gagne en influence. Des figures comme Joris Van Severen, fondateur du Verdinaso, ou le Vlaams Nationaal Verbond (VNV), font de la Grande-Néerlande un objectif politique.. Aux Pays-Bas, Anton Mussert et son NSB reprennent eux aussi ce thème, sans pour autant concrétiser une alliance avec les nationalistes flamands.

Lorsque l’Allemagne envahit la Belgique et les Pays-Bas en 1940, certains responsables flamands et néerlandais croient leur heure arrivée. Mais Berlin referme vite la porte : pas de fusion thioise, seulement une place subordonnée dans l’ordre nazi. Les nationalistes flamands sont piégés, et deviennent des maudits.

Après-guerre : survivances et marginalité

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant. Aux Pays-Bas, le nationalisme thiois disparaît avec la défaite allemande. En Flandre, il survit en marge, porté par des groupuscules radicaux et certains cercles intellectuels. La Volksunie, fondée dans les années 1950, choisit au contraire de privilégier le fédéralisme et de se distancer de cet élan. Dans les années 1970-1980, le débat historique fait rage : certains accusent les partisans de la Grande-Néerlande d’avoir préparé le terrain à la fascisation du mouvement flamand durant la Seconde guerre mondiale, d’autres y voient un procès d’intention.

Le Vlaams Blok, puis le Vlaams Belang, héritent partiellement de ce courant, sans en faire un axe central. La priorité est ailleurs : indépendance flamande, critique de l’immigration, défense identitaire. Quant à la N-VA, aujourd’hui premier parti de Flandre, elle ne fait pas mention de la Grande-Néerlande dans ses textes fondateurs. Bart De Wever, son leader, n’a jamais caché qu’évoquer un tel projet serait politiquement suicidaire.

Aujourd’hui, la coopération entre Flandre et Pays-Bas se développe sur d’autres terrains : échanges économiques, projets culturels, partenariats universitaires. Mais il ne s’agit plus d’un projet politique d’unification.

L’idée de la Grande-Néerlande reste donc une nostalgie pour les uns, un rêve pour d’autres, entretenue dans quelques cercles, mais sans influence politique majeure actuellement. Elle témoigne surtout d’une quête identitaire persistante : celle d’un peuple flamand à la recherche d’une place pleine et entière dans l’histoire européenne.

Photo : DR
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