Le traditionnel clivage entre la Droite et la Gauche a longtemps fait partie de notre histoire politique pratiquement depuis la Révolution. Assez arbitraire dans ses débuts, il ne faisait que reprendre la composition et la répartition de l’assemblée du 28 août 1789.
Sans refaire toute l’histoire de l’évolution de la pensée de la gauche, on peut noter qu’elle s’est écartée au fil du temps de ses fondamentaux et particulièrement ces dernières décennies. L’un de ces changements les plus marquants réside dans son attitude par rapport à la nation.
La gauche est à l’origine de la nation française
A l’origine de la nation se trouve un peuple. Certains disent « un peuple qui devient le Peuple » Le peuple est donc indissociable de la nation et cela suffit pour démontrer que cette idée de nation est, au départ, une idée de gauche, mais d’une gauche voulant préserver et agir dans l’intérêt du peuple, donc de la nation. Jean Jaurès, brillant normalien, entre en politique comme « républicain » à l’Assemblée Nationale en 1885. Ce n’est qu’en 1890 qu’il se rapprochera du socialisme. Il sera élu député «socialiste indépendant» en 1893. La grande grève des mineurs de Carmaux puis « l’affaire Dreyfus » lui donneront l’occasion d’avoir une influence marquante sur un parti socialiste jusque là assez partagé entre deux tendances. Le POF (parti Ouvrier Français) refuse de défendre Dreyfus en tant que militaire « à la solde de l’État bourgeois »
Jaurès veut accélérer l’unification des socialistes et profite de la seconde « internationale socialiste » d’avril 1905 pour créer la SFIO (Section Française de l’Internationale Socialiste)
Mais Jaurès est avant tout un pacifiste, ce qui le fait haïr par les nationalistes qui, eux veulent défendre la nation française.
Une évolution lente mais continue vers le mondialisme
On confond souvent le mondialisme avec la mondialisation. Pourtant, il existe une différence essentielle; le mondialisme veut imposer un gouvernement mondial unique pour tous les habitants de la planète alors que la mondialisation est un phénomène lié à la multiplicité des échanges entre les différents pays et ce qu’on appelle le libéralisme l’a accéléré après la seconde guerre mondiale.
Le libéralisme ne portait pas -à priori- atteinte aux souverainetés nationales alors que le mondialisme doit les faire disparaître. C’est sur cette ambiguïté volontairement entretenue qu’a pu se développer le mondialisme en se camouflant derrière le mondial-libéralisme qui devait conduire à la « mondialisation heureuse »
Il se peut que certains socialistes aient été eux-mêmes victimes de cette manipulation des esprits, mais la plupart d’entre-eux s’en sont, au fil du temps, accommodés.
Le nationalisme, ennemi déclaré des mondialistes
Ce qu’on appelle le « nationalisme » est devenu, par la force des éléments de langage, une sorte d’épouvantail quasi synonyme du fascisme et parfois du nazisme. C’est très réducteur car à l’origine de la nation, on trouvait justement des nationalistes persuadés que la nation était la meilleure protection qu’on puisse offrir au Peuple. C’est pour défendre ce qu’ils considéraient comme un bienfait que les sans-culotte de Valmy ont crié « Vive la nation », marquant, d’après Goethe, « une nouvelle ère dans l’histoire du monde ». Et le plus fort est que ce cri anticipe de deux jours seulement la proclamation de la République…
A la fin de la seconde guerre mondiale, les empires avaient disparu de la surface de la planète et seules subsistaient encore les nations, mais pour combien de temps ? La première attaque des mondialistes ango-saxons eut pour théâtre l’Europe et plus particulièrement l’Europe occidentale.
Toute la construction européenne s’est effectuée suivant ce paradigme. De Gaulle, qui avait parfaitement vu le piège tendu, a voulu s’y opposer en proposant une conception différente, celle d’une Europe des nations et des États. Ne disait-il pas que « les seules réalités internationales, ce sont les nations ! » Le bon sens élémentaire aurait voulu qu’on demande aux peuples de trancher, mais, probablement parce que leurs aspirations étaient évidentes, on s’est bien gardé de leur poser la question. Alors, en bons internationalistes, les Socialistes ont toujours soutenu une Europe « supranationale ». Rien d’étonnant à ce que, juste avant son départ de l’Elysée, François Mitterrand, faisant le bilan de ses deux septennats, s’écrie devant le parlement européen « le nationalisme, c’est la guerre » car on sentait déjà poindre le courant de contestation qui, de proche en proche, allait gagner les peuples européens. Le peuple français exprima clairement son choix en répondant « non » au référendum du 29 mai 2005.
La fracture du parti socialiste
En 2005, le premier secrétaire du parti socialiste était François Hollande, dont les sentiments européistes ne laissaient guère de doute, demanda leur avis aux militants, qui répondirent « oui » à près de 60 %. Pourtant, certaines figures de ce parti essayèrent d’infléchir ce choix. Ce fut le cas d’Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et même, avec un peu de retard, Laurent Fabius…
De fait, ce référendum est le point de départ d’un changement de clivage dans la société française.
Le vieux clivage « Droite – Gauche » n’a pas survécu à ce référendum, même si, par ce qui présente « un vague cousinage » (comme aurait dit Michel Audiart) avec une forfaiture, Nicolas Sarkozy l’a fait ratifier par le Congrès sous la forme du traité de Lisbonne.
Un autre clivage l’a remplacé, celui des mondialistes face aux souverainistes. Et ce clivage est « trans-partisans ». Les remous qu’il a fait naître ont entraîné une désaffection des adhérents des partis dits « de gouvernement » (PS et UMP puis LR) et ceux-ci ne s’en sont pas remis.
Afin de tenter d’inverser cette hémorragie, ils ont essayé d’imposer la rémanence du clivage droite/gauche en inventant deux nouveaux vocables : le populisme et le progressisme pour susciter l’idée que la droite (voir l’extrême-droite) était populiste et la gauche, progressiste.
Tout ceci a conduit notre pays dans une impasse gouvernementale et constitutionnelle dont il doit à tout prix se sortir. Le courant souverainiste, déjà majoritaire en 2005, n’a cessé de croître et devient aujourd’hui incontournable. Celui ou celle qui sera élu lors de la prochaine élection présidentielle ne le sera que s’il réussit à rassembler tous les souverainistes. Alors les paroles prophétiques de de Gaulle prendront tout leur sens :
« Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la nation et se disqualifie l’Etat, la masse immense des Français se rassemblera sur la France » ( C. de Gaulle Bruneval 1947 )
Jean Goychman
Illustration : DR
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