Chaque été, la question revient : la France est-elle toujours championne d’Europe de l’abandon des animaux de compagnie ? Une nouvelle étude conjointe de la SPA et de la Fondation Affinity, rendue publique en septembre 2025, apporte des éléments de réponse précis. Pour la première fois, des données complètes issues de plus de 600 refuges et associations, représentant près d’un quart du total national, ont été consolidées. Le constat est alarmant : l’abandon reste massif, structurel, et fragilise durablement le monde associatif.
Un fléau qui dépasse les seuls refuges de la SPA
L’étude, menée en 2024 et publiée en septembre 2025, dresse une cartographie inédite des abandons. Contrairement aux statistiques partielles souvent diffusées, elle englobe un panel large d’associations indépendantes, de refuges partenaires et de structures locales. Résultat : près de 210 000 animaux ont été pris en charge en 2024 par ce panel, dont une majorité de chats (66 %) et un tiers de chiens (32 %).
Au-delà des chiffres bruts, le document met en lumière une réalité peu visible : des dizaines de milliers d’animaux n’ont pas pu être accueillis, faute de places dans les structures. « Le phénomène est massif, mais surtout invisible. Ce que l’on ne compte pas, ce sont ces animaux qui restent à la rue, abandonnés dans les campagnes ou au bord des routes », insiste la SPA dans son communiqué.
Chats contre chiens : deux réalités distinctes
Le profil des abandons diffère selon les espèces.
- Les chats sont pour la plupart des errants ramassés dans la rue (55 % des entrées). Beaucoup proviennent de portées non désirées, conséquence directe de la non-stérilisation.
- Les chiens, eux, sont très souvent abandonnés directement par leurs propriétaires (56 %), parfois déposés au refuge avec un mot ou une simple explication.
Ces différences reflètent aussi deux cultures de possession : le chien demeure perçu comme un compagnon familial à part entière, dont l’abandon est souvent lié à un événement de vie (séparation, déménagement, perte d’autonomie). Le chat, à l’inverse, souffre encore de son statut ambigu, entre animal domestique et « libre », avec des milliers d’individus laissés à eux-mêmes.
Pourquoi abandonne-t-on ?
L’étude a permis de classifier les principales causes d’abandon :
- Raisons personnelles (séparations, déménagements, difficultés économiques, décès du propriétaire) représentent près de 40 % des abandons de chiens.
- Problèmes de comportement (agressivité, malpropreté, anxiété) sont évoqués dans environ 15 % des cas.
- Pour les chats, les portées non désirées sont la première cause, reflet d’un manque de stérilisation massive.
La SPA insiste : « Nous ne sommes pas face à une dérive marginale mais bien à un problème de société. Trop d’animaux continuent d’être adoptés sans réflexion préalable, et la responsabilité de la stérilisation reste ignorée par une partie des propriétaires. »
L’autre enseignement majeur de l’étude concerne la saturation chronique des refuges. Près d’un quart des structures déclarent avoir refusé des animaux en 2024, faute de capacité. En moyenne, 13 % des chiens et 24 % des chats présentés n’ont pas pu être accueillis.
Conséquence : les associations se retrouvent à jongler avec des listes d’attente, des animaux logés provisoirement en famille d’accueil, et un rythme d’adoption qui ne suffit pas à compenser les entrées. Les chiens attendent en moyenne 58 jours avant d’être adoptés, les chats 45 jours.
Pour les bénévoles et salariés, c’est une course permanente contre la montre. Certains témoignent d’un sentiment d’« asphyxie » : jamais assez de place, jamais assez de moyens, et un flux continu d’animaux qui ne faiblit pas.
Outre-mer : une situation encore plus critique
L’étude consacre un chapitre entier aux départements et régions d’outre-mer. Là-bas, la situation est encore plus dramatique qu’en métropole. En Guadeloupe, en Martinique ou à Mayotte, le nombre d’animaux errants est tel que les refuges n’ont d’autre choix que de refuser la grande majorité des demandes de prise en charge.
Les conditions sanitaires sont souvent précaires, les moyens financiers faibles, et la sensibilisation du public à la stérilisation reste limitée. La SPA plaide pour un plan d’urgence national spécifique, estimant que « l’Outre-mer est le miroir grossissant de ce que la métropole pourrait connaître demain si rien n’est fait ».
L’Espagne en comparaison : des lois plus strictes, mais pas de miracle
Pour élargir le regard, la Fondation Affinity a intégré dans l’étude une comparaison avec l’Espagne. Depuis 2023, une loi y interdit l’euthanasie des animaux de refuge pour cause de surpopulation et renforce la traçabilité des chiens et chats. Résultat : davantage de moyens, une plus forte pression sur les propriétaires, et un encadrement plus strict.
Mais les défis demeurent : les chats, en particulier, continuent de représenter une part croissante des abandons, et les refuges espagnols connaissent eux aussi une saturation régulière.
L’exemple espagnol montre que la loi seule ne suffit pas : il faut des campagnes de sensibilisation, une responsabilisation des adoptants, et une politique massive de stérilisation.
L’étude souligne aussi le rôle crucial du tissu associatif. Sans les centaines de petites structures locales, la SPA ne pourrait absorber qu’une fraction du problème. Or, ces associations, souvent animées uniquement par des bénévoles, fonctionnent avec des budgets fragiles, dépendant des dons et de la bonne volonté de quelques-uns.
La Fondation Affinity note que près d’un tiers des associations interrogées craignent pour leur pérennité dans les cinq prochaines années si la tendance actuelle se poursuit.
La conclusion de l’étude est sans appel : la France reste l’un des pays d’Europe où l’abandon d’animaux domestiques est le plus massif. Le chiffre de 100 000 abandons chaque été avancé par la SPA depuis des années se confirme désormais par des données consolidées.
Si la question de l’euthanasie (rare en métropole) distingue encore la France de certains voisins, l’ampleur des abandons et la saturation des refuges placent le pays face à un défi structurel.
Et maintenant ?
SPA et Fondation Affinity appellent de concert à une mobilisation autour de trois axes :
- La stérilisation massive des chats, véritable levier pour limiter les portées non désirées.
- Une adoption plus responsable, via des campagnes de sensibilisation et un meilleur suivi des adoptants.
- Un soutien renforcé aux associations, sans lesquelles le système s’effondrerait.
« Le combat contre l’abandon ne se gagnera pas uniquement avec des refuges pleins, mais avec une société qui change de regard sur l’animal », conclut la SPA.
En 2024, plus de 200 000 animaux ont été abandonnés en France selon la SPA et la Fondation Affinity. Les chats, largement majoritaires, proviennent souvent de portées non désirées. Les refuges, saturés, refusent déjà des dizaines de milliers d’animaux faute de place. La France reste en tête des abandons en Europe, et l’Outre-mer connaît une situation encore plus critique.
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