Restos du Cœur : 40 ans de solidarité… et 40 ans de défaillances de l’État

Le 26 septembre 1985, Coluche lançait sur Europe 1 son fameux appel : « J’ai une petite idée comme ça… ». Quarante ans plus tard, cette « petite idée » est devenue une institution. Les Restos du Cœur distribuent aujourd’hui 35 % de l’aide alimentaire en France, mobilisent plus de 75 000 bénévoles et ont servi 163 millions de repas en 2023-2024. Une réussite humaine incontestable, mais aussi le symbole criant d’un État défaillant et dont l’action entrave les citoyens dans leur volonté de vivre dignement de leur travail et non pas de survivre.

De l’urgence sociale des années 1980 à la crise d’aujourd’hui

À la création des Restos, la France traversait déjà une fracture sociale : chômage de masse, apparition des « nouveaux pauvres », familles en habitat précaire. En moins de vingt ans, le pays passait de 200 000 chômeurs (1967) à 2 millions (1984). Coluche apportait alors une réponse immédiate : nourrir ceux qui avaient faim, dans la dignité et sans condition.

Quatre décennies plus tard, la situation est encore plus alarmante : 15,4 % des Français vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire en 2023, selon l’Insee – un record depuis près de 30 ans. Aux Restos, 70 % des familles aidées disposent de moins de 608 € par mois, soit deux fois moins que le seuil officiel de pauvreté.

Des profils de plus en plus précarisés

En 2023-2024, les Restos ont accueilli une population particulièrement fragilisée :

  • 23 % de familles monoparentales,
  • 39 % de mineurs,
  • 43 % de personnes en recherche d’emploi.

Le visage de la précarité n’est plus celui d’une minorité marginalisée mais celui d’une partie croissante de la population, issue de toutes les générations.

Quand l’État subventionne son propre échec

Les Restos du Cœur, comme d’autres associations caritatives, ne survivent que grâce à la générosité populaire – dons, bénévolat, concerts des Enfoirés – mais aussi grâce à des subventions publiques. En d’autres termes, l’État finance partiellement la gestion de sa propre défaillance, après avoir laissé prospérer une pauvreté qu’il ne sait plus endiguer, lui qui n’a de cesse de charger, taxer, imposer les populations de plus en plus pauvres.

Le système devient pervers : la solidarité privée et associative compense les manquements de la puissance publique, tout en permettant aux responsables politiques d’afficher leur soutien aux « associations de terrain ».

Pour leur anniversaire, les Restos organisent plusieurs événements : une édition spéciale du « Grand Concours » sur TF1 le 27 septembre, l’opération Radio Restos (26-28 septembre), le premier spectacle « Comédie Cœur » au Dôme de Paris (1er-2 octobre), et une exposition photo de l’AFP à Marseille retraçant les années 1985-1989.

Ces initiatives rappellent combien les Restos du Cœur sont devenus une composante du paysage français. Mais elles soulignent aussi, par contraste, que le pays le plus fiscalisé d’Europe en est encore à confier une partie essentielle de la survie de ses habitants à des associations caritatives.

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “Restos du Cœur : 40 ans de solidarité… et 40 ans de défaillances de l’État”

  1. Vert dit :

    Quand on importe le tiers monde on le devient.

  2. Vert dit :

    Quand on importe le tiers monde on le devient

  3. Ronan dit :

    La situation financière actuelle de la France « n’est pas plus pire que si c’était pire » dirait notre regretté Coluche. La pépite « On ira » de Jean Jacques Goldman chanteur principal des restos du Cœur est à écouter pour se détendre.

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