Devant l’ONU, Donald Trump a fait un discours qui passera vraisemblablement à la postérité. Rompant avec une tradition, certes non écrite, de faire de l’Assemblée Générale annuelle de l’ONU un moment de consensus, voire d’auto-congratulation au travers de discours totalement « consensuels », le Président américain s’est exprimé sans retenue en assénant des propos qui auraient valu à tout autre que lui d’être traité de complotiste et d’ennemi de l’ordre mondial établi.
Ce qui est frappant c’est que, sans jamais le désigner directement, Trump s’en prenait à celui qu’il juge responsable de la situation actuelle du monde, l’État profond. Cette entité, devenue supra-nationale, a progressivement pris le contrôle de l’État américain et l’intention de Trump est de redonner le pouvoir confisqué au peuple américain.
Il doit inverser le cours des choses et détruire un par un les supports sur lesquels ce pouvoir de l’ombre s’est appuyé depuis des décennies pour arriver à mener à bien son projet mondialiste.
Un discours récurrent mais donnant des lignes d’action
Déjà, en 2019 et dans la même enceinte, Donald Trump avait abordé le même thème. Il avait déclaré que les « globalistes » n’avaient pas d’avenir et que celui-ci appartenait aux patriotes.
Aujourd’hui il précise les modalités de son action. Combattre le supra-nationalisme et redonner aux nations leur auto-détermination. Deux lignes d’actions lui apparaissent urgentes :
Revenir aux énergies traditionnelles en cessant de se laisser guider par la peur d’un réchauffement climatique uniquement dû aux émissions de dioxyde de carbone qui relève, pour lui, du mensonge.
Rétablir les frontières des nations pour qu’elles décident seules de qui peut venir et sous quelles modalités. En somme, l’exact inverse de ce qui se fait dans l’Union Européenne.
Il résume cela en disant : «Il faut des frontières solides et des sources d’énergie traditionnelles pour redevenir une grande puissance. »
L’exemple des États-Unis
Donald Trump justifie ses propos par un constat : « Mais aujourd’hui, après seulement huit mois d’administration, nous sommes le pays le plus en vue au monde. Et aucun autre pays ne nous arrive à la cheville. L’Amérique a la chance d’avoir l’économie la plus forte, les frontières les plus solides, l’armée la plus puissante, les amitiés les plus solides et l’esprit le plus fort de toutes les nations sur Terre. Nous vivons véritablement l’âge d’or de l’Amérique. »
En termes clairs, Trump revient au monde des nations. Il tourne résolument le dos à ce nouvel ordre mondial basé sur un droit international auquel toutes les nations devraient se soumettre en abandonnant leur souveraineté. C’est absolument essentiel car le rétablissement des souverainetés nationales est totalement incompatible avec le monde monopolaire voulu par l’État profond supranational. Nous rentrons alors de plain-pied dans le débat qui surplombe tous les autres et qui porte sur l’architecture du monde futur.
Le livre de Fukuyama paru en 1992, « La fin de l’histoire » consacrait un monde unipolaire dominé par l’Occident mais en réalité sous tutelle américaine et ceci jusqu’à la fin des temps, faute de pouvoir trouver à la surface de la planète une puissance qui pourrait s’y opposer.
Donald Trump, Président des États-Unis, marque une profonde évolution de la politique américaine.
L’Amérique ne veut plus imposer sa volonté au reste du monde, mais simplement garder la première place en tant que nation.
Le retour à un monde « Westphalien »
Pour expliquer le présent, il est souvent utile de rappeler le passé. A la fin de la seconde guerre mondiale, l’Angleterre a passé le relais à l’Amérique pour continuer la lutte ancestrale qui l’opposait à la Russie depuis le XVIIIème siècle. Dans un papier récent, j’ai parlé de « l’impensable opération » que Churchill avait concoctée pour détruire l’URSS en utilisant l’armée américaine, ce qui aurait rapproché la fin de l’histoire et évité la « guerre froide ».
Trump connaît les origines anglaises de l’État profond supranational et mondialiste et le rôle prépondérant joué par la City avant même la guerre d’indépendance de 1775. Il sait qu’il est également à l’origine, via le CFR (Council on Foreign Relations) de L’ONU et de nombreuses autres organisations mondialistes de l’immédiat après-guerre. Il connaît également le rôle de la CIA dans la construction européenne au-travers de l’ACUE (American Commitee for United Europe) qui s’est, après le Traité de Rome de 1957, fondu dans le « mouvement européen ».
Trump semble vouloir revenir à une autre Europe, construite autour des nations. Il s’adresse directement aux peuples européens afin qu’ils reprennent leur destin en mains et son discours est très proche de celui de JD Vance à Munich début 2025.
Dès lors, le choix de Trump vers un monde multipolaire semble acté. Cependant, il lui faut aussi séparer la Russie et la Chine pour ne pas avoir à se mesurer à une alliance des deux réunies et revenir à un monde « Westphalien ».
Le discours d’Emmanuel Macron : anachronique et dépassé
Après avoir fait une première allocution en rappelant sa condamnation sans appel du terrorisme, et notamment du Hamas, il a annoncé la décision qu’il avait prise « au nom de la France » de reconnaître un futur État palestinien. Les arguments avancés pour la justifier tenaient plus du catalogue des bons sentiments que d’une réalité sur le terrain.
Sa seconde intervention fut consacrée à l’ONU. Aux antipodes de celle de Donald Trump, il rappela l’urgente nécessité -à son avis- de faire plus d’ONU pour améliorer les choses et notamment d’ouvrir à d’autres continents l’accès au Conseil de Sécurité. Il passa ensuite la liste des conflits en cours et des grandes menaces, telles que le « changement climatique » qui semble, pour lui, une évidence mais qui n’est pas maîtrisé. Il regrette que certains pays ne veulent pas agir et s’inquiète du manque d’une réelle autorité qui pourrait les y contraindre. Il déplore « la fracturation du monde » qui empêche de « relever les grands défis »
Vient ensuite l’attaque frontale vers ceux qui veulent « se partager le monde » Même s’il ne cite pas Donald Trump, il semble lui répondre. Autant Trump remet en question l’utilité de l’ONU, autant Macron se livre à un vibrant plaidoyer pour défendre l’ONU et toutes les organisations mondialistes. Infatigable prêcheur d’un mondialisme aujourd’hui dépassé de par la volonté des peuples désirant garder leur souveraineté sur leur destin, Emmanuel Macron essaye encore d’inverser un cours des choses en ré invoquant les grandes chimères sur lesquelles s’étaient appuyés les « so few » qui voulaient diriger le monde il y a de cela plus de deux siècles, mais qui ont tous échoué, justement parce que les chimères finissent toujours par se heurter aux réalités.
« Il n’est pire déformation de l’esprit que de vouloir prendre les choses non pas telles qu’elles sont mais telles qu’on voudrait qu’elles soient » Ch de Gaulle.
Jean Goychman
Illustration : DR
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3 réponses à “Trump contre Macron : souverainiste contre mondialiste”
Trump n’est pas un souverainiste c’est un mondialiste avec contrôle des USA. La taille des USA le permet.
Les vraies questions sont: Est-ce que la politique de Trump à l’extérieur est bonne pour la France? Est-ce que le capitalisme financier américain est bon pour l’Europe? Est-ce que le soutien inconditionnel à Israël est un avantage pour la France ou pour la diaspora?
Oui aux nations certes! Mais à ce niveau là aussi, les peuples n’ont pas toujours leur mot à dire. Les femmes encore moins…Imaginons qu’il y a des pays où les femmes n’ont aucun droit et d’autres où les femmes ont les mêmes droits que les hommes…. Le « portage » de démocratie par l’Amérique avait quelques avantages pour les femmes. Le droit de lapider, de bruler les femmes est un choix de la nation certes…Quand est-ce que cette moitié du monde demandera justice? En attendant, il faudrait faire comme en Chine de Mao: éliminer les nouveaux nés femelles. Mais là encore..il y en a qui les vendent à prix d’or…Le monde des hommes est étranger au monde des femmes dans de nombreux pays du monde.
BonjourJean Goychman,
Un grand merci pour cet article, j’ai beaucoup apprécié.