La Chambre régionale des comptes (CRC) a publié en septembre 2025 son rapport sur la gestion de la commune de Châteaubriant (Loire-Atlantique). Cet examen, mené sur les exercices 2017 à 2022, offre un regard précis sur les finances, l’organisation et la gouvernance locale. Si la ville, chef-lieu du pays de Châteaubriant, présente des atouts certains, la juridiction pointe aussi des vulnérabilités : endettement croissant, projets d’investissements ambitieux, organisation perfectible et pression sur les ressources humaines.
Au-delà du cas castelbriantais, ce rapport éclaire aussi les défis communs aux collectivités de la Bretagne, confrontées à des contraintes budgétaires fortes et à une demande sociale croissante.
Des finances sous tension malgré une épargne correcte
La CRC souligne d’abord une situation contrastée. Côté positif, la commune a su dégager une épargne brute honorable, autour de 15 % en 2022, un niveau supérieur à la moyenne de la strate des villes comparables. Cet indicateur traduit une certaine maîtrise des dépenses de fonctionnement et une capacité à dégager des marges pour investir.
Mais cette solidité apparente cache une autre réalité : l’endettement. La dette de la ville atteint environ 18,7 millions d’euros en 2022, soit 1 196 € par habitant, contre 872 € en moyenne pour les communes de taille similaire. Le ratio de désendettement dépasse 11 ans, un seuil jugé préoccupant par les magistrats financiers. Les investissements, souvent financés à crédit, alourdissent cette charge et pèsent sur les marges de manœuvre futures.
Autre faiblesse relevée : une sous-utilisation des financements européens et régionaux. Alors que d’autres communes bretonnes parviennent à mobiliser efficacement ces soutiens, Châteaubriant laisse filer des opportunités.
Organisation interne : un manque de pilotage stratégique
Le rapport met également en évidence des difficultés de gouvernance. L’administration municipale compte environ 350 agents, mais la CRC relève une surcharge de travail dans certains services, notamment techniques. Le turnover s’est accentué, atteignant 18 % en 2021. La formation des agents reste insuffisante (deux jours par an en moyenne contre cinq recommandés).
Surtout, la juridiction regrette l’absence d’une vision stratégique clairement partagée. Plusieurs projets structurants – rénovation urbaine, politique culturelle, développement économique – sont conduits de façon opportuniste plutôt que dans le cadre d’un plan global. Ce défaut de coordination accroît les risques d’irrégularités, comme en matière d’urbanisme, où 15 % des permis de construire examinés présentent des anomalies.
La commune a révisé son plan local d’urbanisme en 2021, avec pour objectif la création de 500 logements sociaux. Cette orientation est conforme à la loi SRU, mais son application suscite des tensions locales, notamment en raison du déficit d’infrastructures d’accompagnement (transports, écoles).
Sur le plan écologique, la ville a réduit ses émissions de CO2 de 20 % sur la période étudiée. Une performance réelle, mais qui ne doit pas masquer la faiblesse des investissements verts : à peine 1 % du budget d’investissement est consacré aux énergies renouvelables. La CRC encourage Châteaubriant à mieux articuler développement urbain et transition écologique, deux leviers désormais indissociables.
Le rapport salue la mise en place d’un référent déontologie, signe d’une volonté de renforcer la probité et la confiance des citoyens. En revanche, la publication des comptes administratifs sur le site internet de la ville reste trop tardive, ce qui limite l’accès du public à l’information financière. Une transparence accrue est jugée indispensable à la vitalité démocratique locale.
Douze recommandations pour renforcer la gouvernance
La CRC formule douze recommandations. Les plus urgentes concernent :
- Le recouvrement des recettes fiscales, jugé insuffisant (92 % en moyenne), avec un objectif de 98 % grâce à des outils numériques dédiés.
- L’audit des contrats de sous-traitance, source de surcoûts estimés à près de 500 000 € par an.
- Le développement d’un plan de formation axé sur le numérique et la transition écologique, afin de renforcer les compétences internes.
- La mise en place d’un guichet unique urbanisme-environnement, pour fluidifier les démarches et réduire les erreurs.
- La publication annuelle d’un rapport citoyen sur les finances, pour rapprocher les habitants de la gestion communale.
Selon la CRC, la mise en œuvre de ces recommandations pourrait générer des économies de 3 à 5 millions d’euros d’ici 2029.
Une leçon pour les communes bretonnes
Si Châteaubriant est en Loire-Atlantique, son cas résonne bien au-delà. Les difficultés identifiées – dette croissante, besoins d’investissement, transition écologique encore timide – sont communes à de nombreuses collectivités de Bretagne.
Les magistrats financiers rappellent que les marges de manœuvre locales se réduisent sous l’effet de l’inflation, de la baisse des dotations de l’État et des attentes accrues des habitants. En Bretagne, comme ailleurs, les élus doivent composer avec ces contraintes tout en maintenant un niveau de service public satisfaisant. Les enjeux d’urbanisme, de mobilité et de logement social, particulièrement vifs à Rennes, Brest ou Vannes, exigent aussi une coordination renforcée à l’échelle intercommunale.
La question de la transparence et de la participation citoyenne est également centrale. La CRC insiste : publier les comptes en ligne rapidement, rendre lisibles les choix budgétaires, associer davantage les habitants, voilà des pistes pour restaurer une confiance parfois abîmée entre citoyens et institutions.
En conclusion, la Chambre régionale des comptes qualifie la gestion de Châteaubriant de « solide mais perfectible ». La ville dispose d’atouts indéniables : une épargne correcte, une capacité d’adaptation, une équipe municipale réactive. Mais ces atouts risquent d’être fragilisés par une dette lourde, des projets mal coordonnés et une gouvernance qui gagnerait à être plus lisible.
Ce rapport n’est pas seulement un exercice de contrôle : il constitue une feuille de route. Aux élus locaux désormais de transformer ces constats en leviers d’action. Pour Châteaubriant, comme pour d’autres villes bretonnes, l’enjeu est de taille : préparer un avenir soutenable, à la fois financièrement et socialement, tout en répondant aux défis écologiques et démographiques.
Illustration : DR
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