Réseaux sociaux : quand la violence devient un spectacle quotidien

Jamais dans l’histoire l’humanité n’avait été exposée à une telle masse d’images violentes. Ce qui autrefois relevait de faits divers exceptionnels ou de guerres lointaines s’affiche aujourd’hui, en continu, sur les écrans des adolescents et des adultes. Pour les spécialistes des médias, cette banalisation de la violence par les réseaux sociaux est en train de modifier en profondeur notre rapport au réel.

La violence comme divertissement

Contrairement aux films ou aux jeux vidéo, où la violence reste une fiction, les réseaux sociaux offrent un accès direct à des scènes bien réelles : bagarres de rue, règlements de comptes, agressions filmées en direct. Et surtout, ces contenus ne sont pas réservés à un public adulte : un jeune de 13 ans peut y accéder en quelques clics. Pire, ils sont souvent présentés comme un divertissement, accompagnés de commentaires ironiques ou cyniques.

Une enquête menée en 2024 en Angleterre et au pays de Galles révèle que 70 % des jeunes de 13 à 17 ans ont déjà vu des images de violence réelle sur les réseaux. TikTok et X (ex-Twitter) arrivent en tête des plateformes les plus exposantes.

L’effet le plus inquiétant est la « désensibilisation ». Comme l’explique Andrew Selepak, chercheur à l’université de Floride, « nous ne vivons pas la violence chaque jour dans la vie réelle. Mais sur les réseaux, il est possible d’en être bombardé des heures durant ». Ce bombardement finit par altérer la perception : la souffrance des victimes disparaît derrière le flot d’images.

Même les métiers les plus confrontés à la violence – policiers, pompiers, urgentistes – ne voient souvent que ses conséquences. Sur internet, au contraire, les internautes assistent à la brutalité nue, sans contexte ni prise de conscience.

Le rôle des algorithmes

Les experts rappellent que les plateformes vivent du temps passé par les utilisateurs. Or les contenus violents suscitent davantage de réactions, de commentaires, de partages. Les algorithmes en tiennent compte et envoient donc toujours plus de vidéos du même type à ceux qui en ont déjà regardé quelques-unes. « L’algorithme ne s’intéresse pas à ce que nous consommons, il veut seulement que nous consommions davantage », résume Selepak.

Résultat : un cercle vicieux où les contenus les plus extrêmes finissent par apparaître comme ordinaires, voire légitimes. Cette mécanique nourrit aussi les discours de haine et la déshumanisation de l’adversaire politique, facilitant le passage à l’acte.

Une étude américaine de 2021 a montré comment de simples disputes sur les réseaux peuvent dégénérer en affrontements physiques. Les adolescents interrogés disaient eux-mêmes être conscients que les réseaux « amplifient » les conflits. En clair, ce qui aurait pu rester une insulte en cour de récré devient, en ligne, le point de départ d’une bagarre violente.

Les chiffres confirment ce glissement : dans l’enquête britannique citée plus haut, 16 % des jeunes interrogés avouent avoir participé à une bagarre dans l’année écoulée, dont deux tiers reconnaissent que les réseaux sociaux avaient joué un rôle déclencheur.

Une inquiétude croissante

Face à ces dérives, l’opinion publique évolue. Près de la moitié des adolescents américains disent aujourd’hui passer trop de temps sur les réseaux, contre un quart seulement deux ans plus tôt. Aux États-Unis, l’idée d’interdire purement et simplement le téléphone portable dans les écoles gagne du terrain : 44 % des sondés soutenaient cette option début 2025.

Le problème, préviennent les chercheurs, est loin de se limiter à une question de modération technique. Tant que les plateformes auront intérêt à pousser les contenus les plus clivants et les plus choquants, la violence continuera de circuler massivement. Et la frontière entre virtuel et réel s’érodera toujours davantage.

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Réseaux sociaux : quand la violence devient un spectacle quotidien”

  1. gautier dit :

    Comment voulez vous que des gosses immatures n’essayent pas d’essayer en vrai comment ça fait ! sachant que si cela se passe mal il ne seront pas en prison vu leur age !! et les parents ? ils ne sont pas en faute ?

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