La Chambre régionale des comptes de Bretagne a publié son rapport définitif sur Monts d’Arrée Communauté (MAC), petite intercommunalité finistérienne issue de la fusion du Yeun Elez et des Monts d’Arrée en 2017. Avec moins de 8 000 habitants répartis sur 14 communes et 500 km², MAC constitue la plus petite communauté de communes continentale de Bretagne. Le rapport met en évidence une structure atypique, confrontée à un déclin démographique, à des moyens financiers limités et à une gouvernance encore inachevée.
Un territoire enclavé et vieillissant
Monts d’Arrée Communauté a bénéficié en 2017 d’une dérogation à la loi NOTRe qui impose normalement un seuil de 15 000 habitants pour constituer une intercommunalité. Mais le territoire reste marqué par des fragilités structurelles : perte de population (-5 % entre 2013 et 2020), vieillissement accentué (24 % de plus de 65 ans), chômage supérieur à la moyenne bretonne et économie peu diversifiée, dominée par l’agriculture et un tourisme limité. Le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis assure encore quelques dizaines d’emplois, mais sans perspective de développement majeur.
La Chambre relève l’absence de projet de territoire formalisé, pourtant obligatoire, et un champ de compétences restreint (12 au total). Le refus persistant des communes de transférer l’urbanisme freine toute vision d’ensemble, tandis que l’eau et l’assainissement n’ont été intégrés qu’en 2024. Le conseil communautaire (38 élus, présidé par Jean-François Dumonteil depuis 2020) fonctionne avec des moyens administratifs réduits (22 agents), un règlement intérieur obsolète et une transparence insuffisante. Le manque de mutualisations avec les communes voisines accentue l’isolement institutionnel.
Des finances fragiles
Avec un budget principal d’environ 6,5 M€ en 2024, MAC affiche une situation déficitaire structurelle (-200 000 € en 2023). Les recettes fiscales, notamment depuis la suppression de la CVAE remplacée par une fraction de TVA, restent trop faibles pour couvrir des charges en hausse (+15 % entre 2019 et 2023, tirées par les dépenses de personnel et de subventions). L’épargne brute recule (0,3 M€ en 2023), les investissements demeurent modestes (0,5 M€ par an en moyenne, dont une large part consacrée à la fibre optique via Mégalis Bretagne), et certains projets emblématiques comme la réhabilitation de l’ancienne « École des filles » d’Huelgoat ou de la Maison du Lac à Brennilis restent à l’abandon, faute de moyens. La dette atteint 1,2 M€ (capacité de désendettement : 4 ans), et la trésorerie, bien que positive, est sous pression.
Cinq recommandations fortes
La Chambre émet cinq recommandations majeures :
- élaborer enfin un projet de territoire assorti d’un pacte financier et fiscal,
- actualiser le règlement intérieur pour prévenir les conflits d’intérêts et renforcer la publicité des actes,
- adopter une comptabilité d’engagement d’ici 2026,
- envisager un transfert de la collecte des déchets au syndicat Sircob pour rationaliser la gestion,
- établir une programmation pluriannuelle des investissements (PPI) couvrant tous les budgets.
Les élus communautaires ont indiqué accepter ces recommandations et annoncé un projet de territoire en préparation, avec un rapport de suivi attendu en 2026.
En conclusion, le rapport souligne que Monts d’Arrée Communauté peine encore à justifier l’exception qui a permis sa création. Faute de marges de manœuvre et de vision stratégique, l’avenir de cette intercommunalité pourrait passer par un renforcement des mutualisations avec d’autres EPCI, voire une fusion avec des voisins comme Poher Communauté. Une perspective qui pose question pour les 8 000 habitants de ce territoire rural : rester une petite communauté indépendante mais fragile, ou s’intégrer dans une structure plus vaste pour assurer la pérennité des services publics.
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