Vincent Jeanbrun : un ministre du Logement déjà rattrapé par la justice ?

À peine nommé, l’ancien maire de L’Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun est visé par une enquête pour attribution de logements à ses collaborateurs. Un nouvel épisode qui interroge, une fois encore, sur la morale publique et le sens de l’éthique politique en France.

À croire qu’en France, la nomination à un ministère tient moins à la probité qu’à la fidélité politique. Vincent Jeanbrun, 41 ans, ex-maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et désormais ministre du Logement dans le gouvernement Lecornu II, se retrouve au cœur d’une enquête pour prise illégale d’intérêts. À peine nommé, le nouveau ministre traîne déjà une affaire qui jette une ombre sur son entrée en fonction.

Une enquête ouverte pour prise illégale d’intérêts

Selon plusieurs médias, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Créteil depuis septembre 2024. Elle concerne l’attribution de deux logements de fonction à d’anciens collaborateurs de Vincent Jeanbrun lorsqu’il était maire. Ces logements, appartenant à un syndicat intercommunal qu’il présidait, auraient été attribués à son directeur et son chef de cabinet pour un loyer dérisoire de 750 euros par mois chacun, alors que chaque maison atteignait 150 m² à Chevilly-Larue.

Des conditions avantageuses qui ont éveillé l’intérêt de la Brigade financière et anticorruption (BFAC), chargée de vérifier si le futur ministre n’a pas utilisé ses fonctions pour favoriser ses proches.

Polémique et indignation

La nomination de Jeanbrun a déclenché une vague de critiques, à gauche comme à droite. Du côté de La France insoumise, les députés Thomas Portes, Bastien Lachaud, François Piquemal ou encore Aly Diouara ont dénoncé sur les réseaux sociaux le cynisme d’un ministre visé par une enquête de ce type.

Une ironie du sort : il y a quelques jours à peine, Vincent Jeanbrun avait accepté la présidence d’une commission d’enquête parlementaire sur les liens entre mouvements politiques et réseaux islamistes, une mission qui visait de fait les Insoumis. De quoi attiser encore un peu plus la colère de ses adversaires.

Mais les critiques viennent aussi d’ailleurs. Le député RN Frédéric Falcon a rappelé que le nouveau ministre s’était opposé à la priorité nationale dans l’accès au logement social, estimant qu’il n’incarne en rien la rupture annoncée.

“Bonne foi” et “légalité” : la défense du ministre

De son côté, Vincent Jeanbrun nie toute irrégularité. Il assure que les logements ont été attribués dans le cadre strict de la loi et sous contrôle administratif. En 2024 déjà, il déclarait pouvoir démontrer « sans difficulté la légalité et la bonne foi » de ses décisions.

Reste que cette affaire tombe au plus mauvais moment pour celui qui s’était fait remarquer par ses prises de position contre le logement social à vie et la « rente HLM ». En juin dernier, il plaidait pour « casser les ghettos » et limiter à 30 % la part de logements sociaux par commune, expliquant que « le logement social est une chance, pas une rente ».

Aujourd’hui, ces déclarations prennent un tout autre relief.

Qu’un ministre du Logement se retrouve accusé d’avoir logé ses propres collaborateurs à prix cassé serait déjà une mauvaise plaisanterie. Mais qu’il soit maintenu au gouvernement, malgré une enquête judiciaire ouverte depuis plus d’un an, relève de l’indécence institutionnalisée.

En pleine crise de confiance envers la classe politique, cette nomination illustre à quel point l’éthique est devenue un concept élastique. Hier encore, le pouvoir se posait en champion de la transparence et de la moralisation de la vie publique. Aujourd’hui, il confie un portefeuille ministériel à un élu soupçonné d’avoir confondu gestion publique et copinage administratif.

Ce nouvel épisode ajoute une pierre de plus au monument de la République des copains et des coquins. Comme souvent, l’enquête suivra son cours, le ministre – qui par ailleurs n’envisageait pas une seconde de mettre fin à la réforme des retraites il y a quelques mois – clamera sa bonne foi, et les mêmes visages continueront de graviter dans les hautes sphères du pouvoir, indifférents au discrédit qu’ils sèment.

En attendant, les Français, eux, devront se contenter de sermons sur la « responsabilité » et la « rigueur morale » venus d’une classe politique dont les pratiques témoignent chaque jour du contraire.

Illustration : DR

[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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