Madagascar : comment la France a exfiltré le président déchu Andry Rajoelina

Un avion militaire français, un coup de fil de Sarkozy, et un président malgache en fuite : récit d’une opération qui scandalise jusque dans les rangs de l’armée.

C’est une affaire digne d’un roman noir de la Françafrique.

Le 12 octobre 2025, Andry Rajoelina, président déchu de Madagascar, fuit son pays à bord d’un avion militaire français décollant de la Réunion.

L’opération, décrite par Thomas Dietrich dans une vidéo  de la série Chroniques de Françafrique, met en lumière les zones d’ombre d’une intervention qui, selon lui, aurait été ordonnée par Emmanuel Macron sous la pression de Nicolas Sarkozy.

Un tyran en fuite, 22 morts dans la rue

Quelques jours plus tôt, la Grande Île a basculé dans le chaos.

Le régime d’Andry Rajoelina – ancien DJ de boîte de nuit devenu président par la grâce de Paris en 2009 – s’effondre sous la colère populaire.

La jeunesse malgache, exaspérée par la corruption et les exactions du pouvoir, descend dans la rue. La répression est sanglante : 22 manifestants tués, selon les Nations unies.

Le pays se soulève, une partie de l’armée rejoint les insurgés, et Rajoelina, abandonné par les siens, cherche à fuir.

Une exfiltration ordonnée depuis Paris

Le 12 octobre au matin, tout bascule. Depuis le palais présidentiel d’Antananarivo, Rajoelina multiplie les appels à Paris.

Dans son entourage, un nom revient : Nicolas Sarkozy, celui qui l’avait déjà soutenu lors de son premier coup d’État en 2009 et assisté à son retour au pouvoir dix ans plus tard. Selon Thomas Dietrich, Sarkozy décroche lui-même le téléphone pour appeler Emmanuel Macron, alors que son propre procès s’apprête à s’ouvrir en France.

L’ancien chef de l’État plaide pour sauver “son protégé”.

Quelques heures plus tard, l’ordre est donné : un avion Casa de l’armée française décolle de la Réunion, avec à son bord des soldats du 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMa).

Leur mission : récupérer Rajoelina, le protéger, et si nécessaire, ouvrir le feu sur les forces malgaches. Autrement dit, tirer sur une armée étrangère, en territoire étranger, pour sauver un autocrate en fuite.

Une opération illégale, digne de la Françafrique d’antan

À Antananarivo, le régime est en déroute. Le CAPSAT, corps d’élite de l’armée malgache, s’est rallié aux mutins.
Son chef, le colonel Michael Ranjanirin, futur président par intérim, exige la reddition du tyran et la restitution des fonds publics détournés, dont plusieurs millions d’euros placés sur des comptes en France, notamment à la banque Rothschild.

Rajoelina, lui, fait savoir qu’il dispose de dossiers explosifs : des commissions occultes, des circuits financiers liés à la présidence Sarkozy, et des intermédiaires français compromis.
L’allusion est claire : “Si vous ne venez pas me chercher, je parle.”

Sous la menace, Paris cède.
L’avion français atterrit sur l’île de Sainte-Marie, au large de la côte est.
Rajoelina y est exfiltré par hélicoptère, puis acheminé vers la Réunion, avant d’embarquer pour Dubaï à bord d’un jet privé.

Le tout dans la plus grande discrétion — du moins jusqu’à ce que des passionnés d’aviation malgaches repèrent la manœuvre et publient les images du vol sur les réseaux sociaux.

Un deal sous haute tension entre Paris et les putschistes

Selon Dietrich, un accord tripartite liait Paris, Rajoelina et les militaires du CAPSAT.
En échange de son exfiltration, le président devait :

  1. Gracier plusieurs détenus, dont deux anciens officiers français impliqués dans l’affaire Apollo 21, une tentative de coup d’État avortée en 2021.
  2. Démissionner dès son arrivée à Dubaï.

La première condition fut remplie.

Mais arrivé aux Émirats, Rajoelina refuse de démissionner, assurant sur les réseaux sociaux qu’il est “en lieu sûr” et “victime d’une tentative d’assassinat”. Ce revirement met en rage ses anciens alliés du CAPSAT, qui le destituent le lendemain.

Le nouveau pouvoir malgache, dirigé par le colonel Ranjanirin, accuse la France de “trahison” et de “duplicité”.

Sarkozy, Macron et les fantômes de la Françafrique

Au-delà du scandale malgache, la vidéo de Thomas Dietrich révèle les connexions troubles entre les réseaux Sarkozy, la diplomatie macronienne et les anciens relais de la Françafrique.

C’est Sarkozy, rappelle le journaliste, qui avait favorisé l’ascension d’Andry Rajoelina en 2009, puis son retour en 2019.

Les deux hommes sont restés liés par des conseillers communs, notamment Gérard Perso, éminence grise française de Rajoelina.

Quant à Emmanuel Macron, il se serait retrouvé piégé par les dettes politiques de son prédécesseur. “Cette fuite, analyse Dietrich, n’a rien à voir avec la géopolitique. C’est une affaire de chantage mafieux, réglée avec l’argent des contribuables français.”

Un désastre diplomatique et moral

À Madagascar, la fuite du président déchu a achevé de ternir l’image de la France.

Les jeunes Malgaches, qui avaient cru en la fin du néocolonialisme, accusent Paris d’avoir sauvé leur bourreau. “Cette génération, conclut Thomas Dietrich, ne nous pardonnera jamais.”

Pendant ce temps, les nouveaux dirigeants de la Grande Île se tournent vers Moscou et Pékin, dans un climat de rupture avec l’ancienne puissance coloniale.
Et à Paris, l’Élysée se tait, embarrassé par une opération d’un autre âge, où diplomatie, intérêts privés et compromissions se sont entremêlés au mépris du droit international.

Une Françafrique qui n’en finit pas de mourir

Dix ans après le “Sauvez Compaoré” du Burkina Faso, l’affaire Rajoelina confirme que la Françafrique n’a jamais vraiment disparu.
Elle s’est simplement modernisée, digitalisée, dissimulée sous des mots creux : “partenariat”, “stabilité”, “coopération”.
Mais sous la surface, les vieux réflexes demeurent : sauver les siens, protéger les intérêts, museler les peuples.

Et quand un président africain menace de parler, les parachutistes s’envolent encore pour le tirer d’affaire.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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Une réponse à “Madagascar : comment la France a exfiltré le président déchu Andry Rajoelina”

  1. NEVEU Raymond dit :

    Il n’est donc pas si blanc que cela notre Saint Zizy? Son successeur bien connu pour souffrir de problèmes psychiatriques et d’addictions inutile d’en parler. Comment? Que vois-je? Ai-je bien lu? Les sommes colossales d’argent détourné ont été placées à la Banque Rothschiottes!!! Toujours les mêmes! C’est le Bal des Pourris!

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