Argentine. Les malheurs de Victorina et la tendresse de Mediapart

Je viens de lire dans Mediapart un de ces feuilletons compassionnels dont la gauche parisienne a le secret. On y pleure à chaudes larmes sur les « corps usés », les « esprits flanchants », la « boulangère épuisée », l’« infirmier hypertendu », la « fonctionnaire cramée ». L’article, titré comme un poème funèbre — « Avec Milei, il nous faut trois, quatre, cinq emplois pour survivre », est un chef-d’œuvre du misérabilisme moderne : tout y suinte la nostalgie du chaos socialiste.

Prenons Victorina Riera, boulangère, pâtissière et agente immobilière, triple vocation, mais n’en déplaise à la journaliste, cela s’appelle le travail. Sous le président précédent, elle voyait son salaire fondre chaque semaine, ses factures doubler avant la fin du mois, et ses économies s’évaporer au rythme de l’inflation : 1 000 % en quatre ans. Aujourd’hui, la même Victorina s’épuise, certes, mais dans une économie qui a cessé de sombrer. L’inflation a reculé de moitié en dix mois, la monnaie s’est stabilisée, et la pauvreté, selon les chiffres officiels, est passée de 57 % à 48 % : un effondrement silencieux que Mediapart oublie soigneusement de mentionner. Les corps s’usent moins vite quand les prix cessent de galoper.

Puis vient Mariano, l’infirmier Uberisé, portrait typique du martyr selon Saint-Durkheim. Il « enchaîne cent heures par semaine », écrit la journaliste, comme si l’excès de travail n’était pas préférable à l’absence de travail. Que faisait-il avant ? Il voyait son pouvoir d’achat s’effondrer de moitié tous les six mois, entre deux dévaluations. Aujourd’hui, il soigne et conduit ; hier, il survivait et priait. La différence s’appelle la réalité, mais à Mediapart, la réalité ne passe pas le comité de lecture.

Même le vieil Alejandro, retraité et chauffeur, qui confesse avoir voté Milei et devoir « travailler sept jours sur sept », s’étonne que la liberté ne soit pas synonyme d’oisiveté. Il découvre qu’il faut peiner pour sortir de quarante ans de déficits. Il se fatigue, mais garde foi dans celui qu’il a élu. Voilà le miracle du libéralisme : il ne promet pas la béatitude, il rend la sueur féconde.

Quant à Flor, la fonctionnaire-vendeuse de lingerie, elle incarne à merveille la bourgeoisie d’État argentine, persuadée d’être une victime dès que ses subventions se raréfient. « Je suis en burn-out permanent », dit-elle, comme si le budget national devait financer son temps de repos. Ces gens-là confondent la République et la garderie.

La journaliste, elle, se lamente sur « le travail non déclaré », sur « la disparition de 250 000 emplois publics », sur la fin de la rente bureaucratique. Elle ne comprend pas que c’est justement cette purge qui a rendu possible le redressement. Sous Fernández, les caisses étaient vides, l’État ne payait plus ses dettes, la pauvreté montait d’un point par mois, et l’inflation transformait chaque salaire en papier peint. Aujourd’hui, les déficits sont contenus, les investissements reviennent, le peso se tient droit, et les producteurs de soja, de lithium et d’énergie recommencent à produire sans mendier des dollars au FMI.

Bien sûr, tout cela fait souffrir ceux qui vivaient du désordre. L’ordre, dans un pays habitué à l’économie magique, passe toujours pour une cruauté. Pourtant, ce n’est pas un hasard si, à la veille des législatives du 26 octobre, ces mêmes Argentins qui se plaignent voteront encore pour Milei. Parce qu’au fond d’eux, ils savent que les larmes de Mediapart ne payent ni le loyer ni la viande, et qu’un homme qui dit la vérité, même brutale, vaut mieux qu’une caste entière qui promet tout et livre le néant.

Il est cocasse d’entendre des Français pleurer sur « le choc ultralibéral » argentin quand leur propre pays, croulant sous les impôts et les fonctionnaires, implore à genoux une réforme qu’il n’aura jamais le courage d’entreprendre. Milei, lui, l’a faite. Il a coupé, tranché, assumé. Et si l’Argentine souffre encore, c’est d’avoir attendu trop longtemps avant de le faire.

Le reste n’est que littérature : des photos sépia de boulangères fatiguées et de fonctionnaires tristes. Ce que Mediapart appelle la misère, les Argentins appellent désormais l’espoir.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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