De nombreux experts remettent en cause la pertinence du taux de survie à cinq ans pour évaluer les progrès de la médecine. Derrière ces statistiques rassurantes se cache parfois une illusion statistique.
Depuis des décennies, les taux de survie à cinq ans sont brandis comme la preuve des progrès de la médecine face au cancer. Pourtant, selon plusieurs chercheurs anglo-saxons, cet indicateur est l’un des plus trompeurs de toute la littérature médicale. Il donnerait l’impression que la détection précoce et les traitements modernes sauvent des vies… même lorsque ce n’est pas le cas.
Une illusion de progrès
Prenons un exemple : pour un cancer hypothétique, la survie à cinq ans atteint 91 % si le diagnostic est précoce, 74 % s’il est régionalement avancé, et 16 % si la tumeur a déjà métastasé.
À première vue, tout semble clair : plus on détecte tôt, plus on survit. Mais, comme le rappelle le statisticien américain Allen Downey, cette lecture est erronée.
Les chiffres reflètent uniquement le passé – des patients traités il y a plusieurs années – et ne disent rien sur l’efficacité réelle des traitements aujourd’hui. De plus, ils ne tiennent pas compte d’un facteur majeur : le mode de détection.
Une tumeur découverte par scanner ou dépistage systématique est souvent plus lente et moins agressive qu’une tumeur symptomatique. Résultat : les statistiques gonflent artificiellement la “survie” sans que la médecine y soit pour grand-chose.
Quand plus de dépistage ne signifie pas plus de vies sauvées
Autre illusion : croire que des taux de survie élevés en cas de détection précoce prouvent l’efficacité du dépistage de masse.
« Ce raisonnement est faux », tranche Downey. Il cite à ce sujet un échange entre l’essayiste Nassim Taleb et l’entrepreneur Emi Gal, vantant les mérites du dépistage total par IRM.
Selon lui, même si la survie semble dix fois meilleure chez les patients diagnostiqués tôt, cela ne prouve rien.
Un modèle mathématique montre qu’on peut reproduire exactement ces chiffres… même avec un traitement totalement inefficace.
Le paradoxe est connu sous le nom de biais du temps d’avance (“lead time bias”) : en détectant plus tôt une maladie incurable, on augmente artificiellement la durée entre le diagnostic et le décès, sans changer l’espérance de vie réelle.
Des morts qui auraient “pu vivre” ? Une erreur logique
Les statistiques sont souvent invoquées pour affirmer que “si le cancer avait été détecté plus tôt, le patient serait vivant aujourd’hui”. Là encore, cette affirmation n’est pas démontrée.
Beaucoup de tumeurs détectées tôt n’auraient jamais causé la mort : certaines sont non progressives, d’autres croissent si lentement qu’elles ne deviennent jamais symptomatiques.
Inversement, lorsqu’une tumeur est agressive, la détecter quelques années plus tôt ne change parfois rien au pronostic.
Comme le souligne Downey, le fait qu’un patient soit décédé d’un cancer diagnostiqué tard ne prouve en rien qu’un diagnostic anticipé l’aurait sauvé.
Des chiffres qui montent… sans progrès réel
Depuis trente ans, les taux de survie au cancer ne cessent d’augmenter. Doit-on en conclure que les traitements sont devenus plus efficaces ? Pas nécessairement.
Cette amélioration apparente peut simplement traduire une explosion des dépistages et une meilleure sensibilité des examens, qui permettent d’identifier des tumeurs de plus en plus petites — souvent bénignes ou non évolutives.
Ainsi, pour certains cancers comme le rein, la thyroïde ou le mélanome, la survie à cinq ans a bondi, alors que la mortalité, elle, n’a pas diminué.
Autrement dit : plus de “cancers” diagnostiqués, mais pas moins de morts.
À l’inverse, dans d’autres cas comme le cancer colorectal, les progrès conjugués du dépistage et du traitement ont réellement fait baisser la mortalité.
Mais seule cette dernière donnée – le taux de décès – permet de mesurer des progrès réels.
Le véritable indicateur : la mortalité, pas la survie
L’éditorial cité par Allen Downey est sans ambiguïté :
« Seule la baisse des taux de mortalité prouve qu’un dépistage sauve des vies. Les éditeurs de revues médicales devraient cesser de publier le taux de survie à cinq ans comme preuve de progrès. »
Pour les patients comme pour les médecins, le message est clair :
le taux de survie à cinq ans ne dit rien sur la qualité des soins ni sur l’efficacité du dépistage.
Il reflète avant tout la manière dont on diagnostique les cancers, pas la manière dont on les guérit.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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4 réponses à “Les chiffres de survie au cancer : un indicateur trompeur”
Voilà de quoi défriser les incorrigibles fans de la blouse blanche ! Encore un petit effort et on arrivera à conclure que, si cancer il y a, la médecine est totalement impuissante si tant est que son but serait de guérir le patient ! mais tout est bien qui finit bien, on peut continuer à vendre des chimio ! De plus, parler de cinq ans de survie à un humain qui en a quarante ou cinquante, est particulièrement significatif ! Mais bon, lui annoncer que dans 10 ans il aura rejoint ses ancêtres casserait le miracle médical ! Vouloir guérir, ou se guérir, d’une maladie grave sans éliminer les causes qui l’ont produite, autant vouloir résoudre la quadrature du cercle !
L’amélioration du dépistage a pour premier effet d’augmenter le nombre de cancers connus. Beaucoup auraient pu rester ignorés jusqu’au décès du patient, quelle qu’en soit la cause. Ce qu’écrit Downey n’est pas faux, mais son raisonnement prête aussi à confusion, ce qui est dérangeant de la part d’un informaticien renommé. Le taux de survie à cinq ans ne mesure que ce qu’il dit : un taux à cinq ans. Ce n’est pas l’inverse de la mortalité ! Guéris ou pas, les malades finiront par mourir, comme nous tous. La médecine est un peu plus futée que Downey ne semble le croire. Elle ne raisonne pas tous cancers confondus mais types de cancers par types de cancers afin de permettre des comparaisons utiles, entre autres à l’aide de l’instrument de mesure standardisé qu’est le taux de survie à cinq ans.
Demat Octobre rose est passé ; mais bonjour novembre bleu ( détection des cancers masculins : prostate, colon, poumon etc ); le cancer viendrait du stress et de la peur ; alors, ayons une bonne hygiène de vie ; laissons couler nos soucis, relativisons, évitons tabac alcool drogues, faisons du sport et laissons sortir nos poubelles( fièvre, sueur, selles, urine) , respirons profondément avec le ventre et depuis que je fais ça, mon cancer s’est guéri spontanément. Puis écoutons en dansant des chansons des belles années passées ( Pinball Wizard du groupe The Who est proposée avec Elton John au flipper) Kenavo
C’est exactement ce que je dis depuis très longtemps.
Grâce au dépistage précoce, on te détecte un cancer en 2020 et tu meurs en 2025, survie 5 ans.
Dépistage tardif du même cancer en 2022, tu meurs en 2025, tôt de survie 2 ans.
Sauf que le cancer tu l’avais depuis 5 ans également.
Et on y ajoute les cancers non progressifs pour lesquels on te donne un traitement, et pour lesquels il n’y aurait jamais eu de décès même sans traitement, mais on les fait entrer dans les statistiques.
Les traitements ne sont rien ou quasiment, puisque c’est la chirurgie qui sauve.
Big Pharma a de beaux jours devant lui, en vendant des poisons inutiles mais qui remplissent ses poches.