Pour la première fois depuis plusieurs décennies, un grand pays occidental s’attaque frontalement à un pan entier de la pornographie en ligne. Le Royaume-Uni vient d’interdire les contenus mettant en scène des actes d’étranglement ou de suffocation. Une décision qui pourrait marquer un tournant dans la guerre culturelle autour du sexe, de la violence et du numérique.
Le Parlement britannique a adopté début novembre une mesure inédite : la criminalisation de la pornographie mettant en scène des actes de strangulation ou d’asphyxie — pratiques souvent présentées comme “consensuelles”, mais jugées trop dangereuses pour être tolérées.
Ce durcissement figure dans le nouveau Crime and Policing Bill, un vaste texte sécuritaire qui modifie à la fois la législation pénale et les obligations des plateformes numériques.
Concrètement, la possession comme la diffusion de ce type de vidéos deviennent des délits, tandis que les sites pornographiques et réseaux sociaux devront bloquer leur accès pour les utilisateurs britanniques, sous peine d’amendes colossales pouvant atteindre 18 millions de livres sterling.
Cette interdiction place désormais le “porno violent” au même rang que les contenus de pédocriminalité ou de terrorisme dans la hiérarchie des infractions prévues par le Online Safety Act.
Un constat accablant sur les effets de la pornographie
La décision du gouvernement britannique s’appuie sur une série d’études officielles menées depuis 2020, qui dressent un tableau alarmant de la banalisation de la violence sexuelle dans les pratiques intimes.
Selon un rapport remis en février, près de 40 % des femmes britanniques âgées de 18 à 39 ans déclarent avoir déjà été étranglées pendant un rapport sexuel. Beaucoup expliquent que ce geste est devenu “attendu”, “normal”, voire imposé par leurs partenaires influencés par la pornographie en ligne.
Les experts évoquent une “mutation anthropologique silencieuse” : les jeunes générations, abreuvées de contenus extrêmes, assimilent désormais l’humiliation ou la suffocation à des signes de désir.
Des neurologues ont également alerté sur les dommages cérébraux provoqués par ces pratiques : même de brèves privations d’oxygène peuvent altérer les structures du cerveau et favoriser l’anxiété ou la dépression.
Une industrie sans contrôle réel
Le Royaume-Uni s’attaque ainsi à un tabou moderne : celui d’une pornographie devenue à la fois industrielle, accessible à tous et hors de tout encadrement moral.
Les plateformes, notamment les géants du secteur, hébergent des millions de vidéos à caractère violent, souvent tournées sans vérification d’âge ni de consentement.
Certains sites ont été accusés de diffuser des contenus de torture sexuelle ou de suffocation simulée — parfois sans que l’on sache si les personnes filmées ont survécu.
L’ancien Premier ministre Rishi Sunak avait commandé une enquête indépendante sur la pornographie dès 2023, confiée à la baronne conservatrice Gabby Bertin. Son rapport a servi de base à la réforme actuelle, en établissant un lien direct entre la consommation de porno violent et la montée des comportements agressifs chez les jeunes hommes.
Une évolution des mentalités : du libertarisme au réalisme
Pendant des décennies, le débat en Occident opposait libertaires et conservateurs : fallait-il censurer ou tolérer ?
Aujourd’hui, la question s’est déplacée : il ne s’agit plus de savoir si la pornographie nuit à la société, mais comment limiter ses ravages.
Même au Royaume-Uni, pays longtemps réticent à légiférer sur les questions de mœurs, le consensus politique s’est inversé.
Les associations féministes, les médecins et une partie des élus conservateurs ou travaillistes s’accordent désormais sur la nécessité d’un encadrement strict des contenus extrêmes, invoquant la santé publique et la protection des mineurs.
Une parlementaire a résumé cette évolution : « Ce n’est pas une croisade morale, c’est une mesure de survie culturelle. »
Les études récentes montrent en effet que les enfants exposés au porno violent entre 11 et 14 ans développent trois à six fois plus de comportements à risque liés au consentement, à la domination ou à la banalisation du viol.
Vers d’autres interdictions ?
Le Royaume-Uni devient ainsi le premier pays occidental à interdire un genre pornographique précis pour des raisons de santé publique.
Mais cette étape pourrait n’être qu’un début. Plusieurs responsables politiques ont déjà évoqué l’idée d’étendre la législation à d’autres formes de pornographie “violente, dégradante ou incompatible avec la dignité humaine”.
La baronne Bertin a déclaré que cette décision devait être “le point de départ d’une reprise de contrôle sur un univers où l’illégal est devenu normalisé”.
Les autorités de régulation, comme Ofcom, disposeront de pouvoirs renforcés pour imposer des filtres, bloquer les sites récalcitrants et sanctionner les hébergeurs étrangers.
Le geste britannique résonne déjà au-delà de la Manche.
En France, en Espagne et en Allemagne, des voix s’élèvent pour réclamer des restrictions similaires, face à une explosion des violences sexuelles chez les mineurs et une diffusion massive de contenus dégradants.
Mais pour l’heure, aucun gouvernement européen n’a osé franchir le pas d’une interdiction ciblée.
Ce que Londres vient d’accomplir marque un tournant : pour la première fois, un État assume de dire que la pornographie peut être un danger collectif, même lorsqu’elle est “consentie”.
C’est un changement de paradigme majeur dans le monde occidental, où l’idée de liberté individuelle a longtemps servi de prétexte à toutes les dérives.
En plaçant la lutte contre la pornographie violente au même rang que la lutte contre le terrorisme numérique, le Royaume-Uni envoie un message clair à la Silicon Valley et à l’industrie du sexe en ligne : l’impunité touche à sa fin.
Le gouvernement a promis que les entreprises qui ne mettront pas en œuvre de filtres automatiques verront leur accès au marché britannique restreint.
Les observateurs y voient un retour de la morale publique dans le champ politique, non pas au sens religieux, mais au sens anthropologique : la reconnaissance que certaines pratiques détruisent le lien social et pervertissent l’idée même de relation entre homme et femme.
Cette mesure ne manquera pas de susciter des débats sur la liberté d’expression et la régulation du web.
Mais pour beaucoup, elle incarne la fin d’une hypocrisie collective : celle d’un Occident qui prêche l’égalité tout en industrialisant la domination sexuelle.
Le Royaume-Uni, pays du pragmatisme, aura été le premier à tirer les conséquences d’un demi-siècle de dérive pornographique.
Reste à savoir si d’autres nations européennes auront le courage d’en faire autant.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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