Östersund a encore fait ce qu’Östersund sait faire : livrer un premier chapitre impur, glacé, irrégulier, parfois cruel… mais exaltant pour l’ouverture de cette saison 2025-2026 de Biathlon.
Pas de rodage, pas de préliminaires. La saison a démarré en pleine puissance, et déjà quelques vérités s’écrivent dans la neige suédoise : la Finlande existe, la Norvège plane au-dessus, l’Italie revient des limbes, la France tremble puis mord. Une étape complète, dense, où il a fallu tout tenir : les relais, les individuels, les sprints, les poursuites. Hommes, femmes. Sans respiration.
Voici la revue complète, avec des yeux qui vibrent encore.
Relais – le premier baromètre : la Norvège marque son territoire
Premiers coups de semonce, premiers relais, première gifle collective.
Chez les femmes, la France s’impose en patronne : propre au tir, solide sur les skis, rien ne casse, rien ne cède. L’Italie suit, la République Tchèque complète le podium, et cela promet pour la suite en vue des JO.
Les hommes ont reproduit le même schéma : duel à distance, nerfs tendus, mais au final large domination norvégienne en haut du mât. La France accroche la deuxième place, de quoi nourrir l’espoir, mais la hiérarchie, elle, s’inscrit déjà. La Suède, pas loin derrière, complète le podium, tandis qu’elle remporte le relais mixte simple devant Norvège et France, une équipe de France qui remporte le relais mixte devant Italie et Norvège.
L’Allemagne commence cette saison en retrait, et 4 nations donc, se distinguent. On regrette l’absence des russes et des bélarusses, qui donnaient aussi du fil à retordre aux autres.
Individuelle : deux courses, deux histoires
Chez les dames, Dorothea Wierer a lancé la saison comme un manifeste – deux erreurs mais un tempo magnifique, et ce style inimitable de championne qui revient toujours quand on la croit au crépuscule. Derrière elle, la finlande Leinamo, et la surprise française Bened, qui témoigne d’un beau renouvellement aussi, tout comme chez les Norvégiens.
Chez les hommes, l’onde de choc a un nom : Johan-Olav Botnen, 20/20, aucune fente technique, une manière de courir comme on déroule un destin. Un successeur potentiel pour Johannes Boe. Il gagne, net.
Uldal suit, Samuelson complète le podium.
La Norvège n’a pas gagné une course, elle a posé un drapeau.
Sprint : Minkkinen, éclair nordique – Botn double la mise
Le sprint féminin fut la surprise la plus brûlante de la semaine : Suvi Minkkinen, 10/10, gestion froide, dernier tour impeccable. Une victoire propre, légitime, celle qui dit : la hiérarchie ne tient qu’à un souffle. Derrière, on retrouve la promesse suèdoise Magnusson, et la française Océane Michelon. Français et Norvégiens risquent de ne pas se lâcher cette daison. Mais l’image forte, c’est le drapeau finlandais.
Rare, presque historique.
Chez les hommes, Botn fait ce que seuls les élus savent faire : il confirme. Deux courses, deux victoires, un message simple : il ne vient pas pour apprendre. Derrière, Norvège (Uldal) et France (Fillon-Maillet, tiens tiens…)
Poursuite : Hauser renaît, Fillon Maillet rugit
Chez les femmes : un coup de théâtre au dernier tir
Suvi Minkkinen volait vers un doublé.
Dernier tir, dernière balle — elle rate. Trois ans après avoir disparu des podiums, Lisa Theresa Hauser revient du désert et s’offre la victoire parfaite : 20/20, remontée clinique, sang-froid d’acier.
Magnusson complète le podium.
Chez les hommes : Quentin Fillon Maillet revient en leader
Après un sprint solide, QFM gagne la poursuite, 18/20, dernier tir debout à l’ancienne, regard froid, précision chirurgicale. Comme s’il murmurait au peloton : je suis encore là.
Samuelsson et Botn complètent, mais la sensation est française. Oui, Fillon Maillet est revenu. Et il n’a pas l’intention de passer sa saison à regarder le podium. Il vise l’or olympique tout simplement.
Östersund n’était pas une ouverture. C’était une déclaration de guerre.
L’hiver s’annonce long, serré, bouillant. Et nous — passionnés — nous venons de recevoir ce que nous attendions depuis des mois : la première dose. En cette fin de semaine, direction l’Autriche, Hochfilzen, avec au menu, du sprint, de la poursuite, et des relais. On a déjà hâte !
Illustration : DR
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