Longtemps oubliées du grand public, les forêts tropicales tempérées britanniques, aussi appelées forêts atlantiques ou celtiques, font l’objet depuis quelques années d’un vaste mouvement de restauration. Sur des collines battues par les vents et dans des vallées détrempées de l’ouest des îles Britanniques, des bénévoles replantent patiemment ce qui fut autrefois l’un des paysages naturels les plus riches du pays.
Une forêt disparue avec l’histoire
Peu le savent, mais la Grande-Bretagne fut jadis une véritable nation de forêts humides. Jusqu’à un cinquième du territoire était recouvert de ces boisements denses et ombragés, s’étendant de la Cornouaille aux Hébrides. Chênes anciens, noisetiers, bouleaux et saules y étaient recouverts de mousses, de fougères et de lichens rares, formant des paysages presque irréels, profondément ancrés dans l’imaginaire celtique et la littérature britannique.
Aujourd’hui, moins de 1 % de ces forêts subsistent, souvent sous forme de fragments isolés, réfugiés dans des ravins humides du pays de Galles, de l’ouest de l’Écosse ou du sud-ouest de l’Angleterre. Des siècles de défrichements, de pâturage intensif et d’exploitation forestière ont presque totalement effacé ces écosystèmes.
Une mobilisation lente mais déterminée
Depuis le début des années 2020, une dynamique nouvelle s’est mise en place. Des stratégies nationales et régionales visent désormais à cartographier, protéger et reconnecter ces forêts relictuelles. Des organisations comme le National Trust, le Woodland Trust ou les différents Wildlife Trusts coordonnent des programmes de replantation à très long terme.
Sur l’île de Man, territoire largement déboisé au fil des siècles, des bénévoles plantent noisetiers, chênes, saules et genévriers sur des pentes longtemps laissées au pâturage. Les plants sont issus de graines locales, parfois uniques à l’île, afin de respecter l’identité génétique des écosystèmes originels.
Penser en décennies, voire en siècles
Les responsables de ces projets insistent sur une réalité souvent mal comprise : la restauration d’une forêt n’est pas immédiate. Les arbres plantés aujourd’hui ne constituent qu’une étape. Ils prépareront un sol, une humidité, une ombre qui permettront à d’autres générations végétales de s’installer naturellement.
Certaines techniques sont adaptées à des terrains difficiles : arbres plantés en biais sur des pentes raides, parcelles protégées du bétail, réintroduction progressive de plantes de sous-bois comme les anémones, les primevères ou certaines orchidées forestières.
Ces forêts humides sont d’une importance mondiale. Elles abritent des espèces extrêmement rares de mousses et de lichens, parfois héritées de la dernière glaciation, qui ne survivent que dans des conditions très spécifiques de fraîcheur et d’humidité. Elles jouent aussi un rôle clé dans la régulation de l’eau, la stabilisation des sols et le stockage du carbone.
À l’heure où le climat britannique connaît des épisodes plus chauds et plus instables, ces forêts pourraient devenir des refuges essentiels pour la biodiversité, là où d’autres milieux s’assèchent.
Un travail discret, loin du mythe du “rewilding”
Contrairement à l’image parfois véhiculée, il ne s’agit pas d’abandonner les terres à elles-mêmes. Le pâturage excessif, les cerfs ou encore des espèces invasives comme le rhododendron restent des menaces constantes. La renaissance de ces forêts repose sur un travail manuel, ingrat, souvent sous la pluie, assuré en grande partie par des bénévoles.
Mais pour ceux qui participent à cette aventure, l’enjeu dépasse largement le présent. L’objectif n’est pas seulement de planter des arbres, mais de réparer une continuité historique et paysagère, rompue depuis des siècles.
Un jour peut-être, sur ces collines aujourd’hui nues, l’air sentira à nouveau les feuilles humides et la terre vivante. Et la forêt, silencieusement, aura repris sa place.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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